Controverse autour d’un accord facilitant l’octroi par la France de visas aux médecins marocains

Un accord signé le 25 mars entre l’ambassade de France et le Conseil national de l’Ordre des médecins fait polémique. Des médecins dénoncent une nouvelle mesure qui ne fera qu’amplifier la problématique du désert médical au Maroc, tandis que des sources proches du dossier assurent qu’il ne s’agit que d’un accord facilitant l’octroi de visas pour participer aux manifestations scientifiques.

Controverse autour d’un accord facilitant l’octroi par la France de visas aux médecins marocains

Le 11 avril 2024 à 16h31

Modifié 11 avril 2024 à 11h40

Un accord signé le 25 mars entre l’ambassade de France et le Conseil national de l’Ordre des médecins fait polémique. Des médecins dénoncent une nouvelle mesure qui ne fera qu’amplifier la problématique du désert médical au Maroc, tandis que des sources proches du dossier assurent qu’il ne s’agit que d’un accord facilitant l’octroi de visas pour participer aux manifestations scientifiques.

L’accord en question a été signé le 25 mars 2024, entre le consulat général de France à Rabat et le président du Conseil national de l’Ordre des médecins (CNOM). Dans une annonce sur sa page Facebook officielle, l’ambassade évoque "un premier accord de partenariat relatif aux visas" entre les deux parties, dans le cadre de la "promotion de la mobilité entre la France et le Maroc".

Du côté marocain, aucune annonce officielle n’a encore été faite à ce sujet, laissant place à une polémique dans le secteur médical.

Faciliter l’octroi de visa aux médecins pour participer aux évènements scientifiques

Le hic, c'est que cet accord exclut les visas touristiques. Il s'agit seulement de participer à des événements scientifiques ou... d'effectuer des stages. Sachant que les stages sont parfois le marchepied vers un emploi, cet accord a été largement interprété comme une volonté française d'embaucher des médecins marocains au moment où le pays s'est engagé dans la généralisation de la couverture médicale. Un chef de parti politique, et non des moindres, a cité cet accord dans le cadre d'exemples de mobilité internationale. C'est dire !

Un accord dénoncé par des médecins

Des médecins renommés de la place, joints par Médias24 et qui disent ignorer à ce stade l’intérêt de cet accord, le dénoncent, craignant qu’il n'amplifie la problématique de désert médical dont souffre le Royaume.

Cette polémique prend de l’ampleur, notamment après les dernières annonces du Premier ministre français sur le recrutement de médecins étrangers pour subvenir aux besoins de l'Hexagone.

Le 30 janvier dernier, dans sa déclaration de politique générale, Gabriel Attal avait présenté une série de mesures visant à répondre à la crise actuelle du système de santé en France. Il avait ainsi annoncé la nomination d’un émissaire tâché de chercher des médecins à l’étranger pour exercer en France.

"Cette convention facilitera aux étudiants la réalisation de stages et les encouragera à aller étudier la médecine en France. Elle encouragera également les médecins à aller exercer en France, surtout après la récente annonce de Gabriel Attal à ce sujet", explique l’un des médecins contactés. "Si cela est avéré, ce n’est pas normal. C'est comme si on leur facilitait l'immigration", déplore-t-il.

Une polémique sans fondement ?

Interpellée sur ce volet, notre source au Conseil régional de l’ordre des médecins de Casablanca-Settat nous indique qu’il s’agit "simplement d’une polémique. Pour aller travailler en France en tant que médecin, il y a un circuit spécifique à suivre. Il faut également avoir un diplôme de médecine et sa spécialité notamment. Par ailleurs , les médecins pourraient bien choisir d’autres pays, tels que l’Allemagne ou le Portugal par exemple, et pas seulement la France".

De plus, "il ne s’agit pour l’instant que d’une annonce. L’accord n’a pas encore été mis en application. Des textes d’application sont nécessaires pour connaître son détail, et si, pour bénéficier de ses facilités, les médecins devront passer par les conseils régionaux de l’Ordre des médecins, ou bien directement par le Conseil national".

Nos sources proches du dossier confirment également. "Ce n’est pas un visa de travail ou d’embauche, c’est un visa Schengen pour une première entrée en France pour la participation aux manifestations scientifiques", insistent-elles.

Contactées par Médias24, des sources proches du dossier affirment que l’idée de cet accord est "de faciliter aux médecins l’obtention de rendez-vous pour la participation à des congrès, ou encore pour la réalisation de stages".

"Il ne s’agit pas d’un visa touristique", précisent nos interlocuteurs. "Il s’agit du premier visa d’entrée Schengen, qui donnera, bien sûr par la suite, à ses détenteurs le droit à un visa touristique".

Et nos sources d’insister : "Le premier visa qui sera accordé aux médecins doit absolument servir aux congrès, aux échanges scientifiques ou aux stages, par exemple".

Même son de cloche auprès d’une autre source du Conseil régional de l’Ordre des médecins de Casablanca-Settat.

"Les premiers éléments dont on dispose, c’est que cet accord concerne essentiellement l’octroi de visas aux médecins pour des manifestations scientifiques", nous confie-t-elle.

Après la décision de la France de réduire le nombre de visas octroyés aux Marocains, "les médecins rencontrent, ces dernières années, beaucoup de difficultés pour participer à des congrès et à des manifestations scientifiques. Ils se retrouvent donc bloqués".

"C’est d’ailleurs une problématique qu’on essaie de résoudre avec la France depuis plusieurs années, avant même la pandémie du Covid-19".

"Nous sommes un pays francophone, et plusieurs manifestations francophones dans le secteur médical sont organisées en France. En tant que médecins, nous sommes obligés d’y assister pour réactualiser notre formation, sauf que l’obtention de visa devient de plus en plus difficile. D’ailleurs, différents médecins ont par le passé acheté leurs billets, se sont inscrits aux congrès en question et ont payé leur participation, et se sont vu refuser le visa par la suite".

"L’objectif de cet accord est donc de faciliter l’obtention du visa aux médecins pour la participation à des congrès, à des stages ou à des formations ciblées. Le circuit de dépôt et d’obtention sera ainsi plus fluide", souligne notre interlocuteur.

Un quota important et un guichet spécial

Nos sources proches du dossier nous confient pour leur part qu’un "quota quotidien très important de rendez-vous de visa sera ainsi accordé aux médecins, et qu’un guichet s’occupera spécifiquement du traitement des dossiers des ordres professionnels, dont celui des médecins du Maroc", tout en se gardant toutefois de nous dévoiler ledit quota.

"Le traitement des dossiers sera donc plus rapide", ajoutent nos interlocuteurs, soulignant que "l’octroi du visa nécessite bien sûr que les dossiers soient complets, ainsi que le paiement des frais. Sur ce volet, il n’y aura aucun changement".

"Le Conseil a également négocié une possibilité d’extension du quota accordé en cas de rush, lorsqu’il y aura des congrès où plusieurs spécialités devront assister en même temps".

Par ailleurs, si l’ambassade de France au Maroc a annoncé la signature de cet accord, du côté marocain, le silence persiste sur cette affaire. Différents médecins contactés par nos soins ignorent à ce stade l’intérêt et les avantages de cet accord, ainsi que la procédure à suivre pour en bénéficier.

Sur ce point, nos sources nous expliquent qu’un "premier accord a été signé entre le consulat général de France à Rabat et le CNOM, et qu’un autre est prévu d’être signé prochainement avec le consulat général de France à Casablanca".

Une communication officielle sera donc faite par le Conseil national de l’Ordre des médecins, lorsque le second accord sera signé.

Contactée par nos soins à ce sujet, l’ambassade de France au Maroc est restée injoignable au moment de la publication de l’article.

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