8 mars et droits des femmes. De la scolarité à l’emploi : le parcours sinueux de la femme marocaine

En chiffres et à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, Médias24 relate le parcours de la femme marocaine, de sa scolarité à la difficile consécration professionnelle. Basé sur des chiffres récents du HCP, ce “récit” reflète la réalité de la femme marocaine qui, malgré quelques avancées, peine toujours à occuper la place qui lui revient dans la société.

8 mars et droits des femmes. De la scolarité à l’emploi : le parcours sinueux de la femme marocaine

Le 9 mars 2024 à 14h17

Modifié 11 mars 2024 à 7h45

En chiffres et à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, Médias24 relate le parcours de la femme marocaine, de sa scolarité à la difficile consécration professionnelle. Basé sur des chiffres récents du HCP, ce “récit” reflète la réalité de la femme marocaine qui, malgré quelques avancées, peine toujours à occuper la place qui lui revient dans la société.

Chaque parcours de femme est une histoire faite de choix et d’adaptation à une réalité. En 2024, cette réalité reste globalement défavorable pour la femme.

Les facteurs menant à son exclusion de la vie active sont beaucoup plus nombreux que ceux qui l’aident à s’instruire, s’épanouir et participer au développement du pays.

Les situations et les cas varient. Mais comment illustrer ce constat général ? Médias24 a décortiqué les statistiques officielles relatives à la situation de la femme.

Le récit qui suit, construit à la première personne et qui représente toutes les Marocaines, est une illustration du parcours typique d’une femme marocaine, de sa jeunesse à l’âge adulte, selon ce que disent ces chiffres officiels issus du rapport 2023 “La femme marocaine en chiffres” du HCP.

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Je suis une femme marocaine.

Je peux être de celles, pas encore assez nombreuses, à avoir réussi un parcours de scolarité sans difficultés et à obtenir un diplôme et à décrocher un emploi. Je serai alors une femme, que l’on peut qualifier d’active employée, selon l'étiquette que nous donnent les experts.

Toutes les femmes le sont-elles ? La réponse est NON. Moins d'une femme sur 5 occupe un emploi, alors que nous sommes un peu plus nombreuses que les hommes dans la population globale du pays.

Je peux également être de celles qui ne travaillent pas ou qui ne cherchent même pas à travailler. Celles-ci sont nombreuses. Et c’est là le grand drame. Le taux de féminisation de la population active ne cesse de baisser. Il est même pire qu’il y a dix ans. Aujourd’hui, seulement une femme sur 5 travaille ou cherche du travail (taux d'activité - 18,5% fin 2023). Autrement dit, 8 femmes sur dix ne travaillent pas et ne cherchent pas un travail.Comment en est-on arrivés là ?  De ma position je ne peux que témoigner des difficultés que je rencontre en tant que femme à chaque étape de la vie de la scolarité à la vie adulte.

En intégrant l’école primaire, nous sommes remplies d’espoir. Mais chemin faisant, la réalité nous rattrape. Et à l’arrivée, plus du tiers de mes camarades filles au primaire n’ont pas pu décrocher leur bac.

Dans le préscolaire et le primaire, nous étions moins nombreuses que les garçons. Un écart encore plus flagrant au collège.

Au lycée, la situation s'est améliorée, puisque ces dernières années il y a plus de jeunes filles qui atteignent ce niveau d’études.

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Le taux de scolarisation des filles s'est également amélioré. Il y a plus d’adolescentes dans les lycées, en milieu urbain qu'en milieu rural. Même si en milieu rural il y a encore un grand travail à faire.

Mais après le bac, de nombreuses filles ne vont pas jusqu'aux études supérieures.

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Certaines se perdent en cours de chemin. D'autres s'accrochent. Fait remarquable, quand les filles n'abandonnent pas, elles réussissent. De ceux qui arrivent au bout de leur scolarité fille ou garçon, ce sont justement les jeunes filles qui achèvent le plus leur parcours scolaire. C’est un constat établi sur toute la dernière décennie.

Certes, les bancs des universités marocaines se remplissent davantage de jeunes femmes qui réussissent à atteindre ce niveau d’études, mais malheureusement, celles qui comme moi se sont accrochées et ont continué leur parcours tant bien que mal ne sont pas encore assez nombreuses pour inverser la vapeur dans la société. Les femmes restent beaucoup moins alphabétisées que les hommes. Et ce, en comparant toutes les catégories d’âge.

Certes, le taux d’alphabétisation chez les femmes évolue, mais celui des hommes reste supérieur.

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Lorsque j’ai réussi à achever le cycle secondaire, j'ai choisi un parcours dans le public, précisément à l’université, où le nombre d’étudiantes n’atteignait pas la moitié des inscrits en 2012/2013. La situation était similaire ailleurs, notamment dans le privé. Heureusement, les données affichent des améliorations depuis 2019/2020 où le taux de féminisation des inscrits aux cycles supérieurs publics dépasse les 50% et s'en approche dans le privé.

J’ai opté pour des études juridiques, une filière des "sciences juridiques, économiques et sociales". D'autres ont fait des choix différents. Je tiens tout de même à souligner qu'entre 2012 et 2022, nous avons réussi à nous imposer dans des domaines où nous étions quasi-absentes il y a plus d'une décennie, comme les sciences de l'ingénieur ou encore les sciences du sport.

Je représente avec mes camarades toutes filières confondues la majorité des diplômés du cycle normal. Le taux de féminisation des diplômés du cycle normal de l'enseignement supérieur est de 58,4%. Mais plus nous avançons dans notre parcours, plus ce chiffre baisse. Il retombe à 48,3% pour les diplômés du cycle master et doctorat.

Nous sommes plus de filles diplômées en cycle normal. Mais une fois arrivées en master ou en doctorat, ce sont plutôt les hommes qui vont jusqu’au bout du parcours. J’ai encore une fois perdu des camarades en cours de route.

Représenter la moitié ou un peu moins des diplômés du supérieur, c'est quasiment la parité me diriez-vous. Certainement ! Mais, sachez  que toutes autant que nous sommes à avoir réussi nos études supérieures, nous ne représentons finalement que 8 femmes marocaines sur 100.

Plus la moitié (50,3%) des femmes marocaines âgées de 25 ans et plus n'ont aucun niveau d'études. 

Plus de 11 millions de femmes inactives

Ma licence, master ou même doctorat en poche, que vais-je faire de ces diplômes ? Vont-ils me permettre de trouver un emploi facilement ? Ce n'est pas certain !

En 2022, nous sommes seulement 28 femmes sur 100 ayant un diplôme supérieur à travailler. La situation était meilleure il y a douze ans, où le taux d'emploi des femmes diplômées du supérieur était de 39,2%.

Même le taux d'activité, qui n'était pas fameux, a reculé. 

 

Si je fais le choix de fonder une famille et d'avoir des enfants, cela va impacter davantage ma carrière. Ce même choix va booster la carrière de mon mari. Et paradoxalement, ce choix fait aujourd'hui me pénalise plus qu'il n'a pénalisé mes concitoyennes, dix ans auparavant.

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En fait, les hommes célibataires sont deux fois plus actifs que les femmes célibataires. Ceux mariés le sont quatre fois plus que les femmes du même statut. Pis, sur une période de plus de dix ans, la femme marocaine, peu importe son statut matrimonial, a toujours été moins active que l’homme. Pourtant, nous réussissons mieux nos études.

Enfin, je fais partie des chanceuses à avoir décroché un emploi. Mais, là où nous travaillons, nous restons minoritaires. Il n'y a que trois professions dans lesquelles le taux de féminisation dépasse les 40% : cadres supérieurs et membres de professions libérales, cadres moyens et enfin ouvriers et manoeuvres agricoles.

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En tant que femme, nous sommes également présentes dans des domaines pointus. 24% des ministres sont des femmes. Et 24% des députés.

En 2022, il y a environ 3.000 avocates contre plus de 11.000 confrères ; je note toutefois que nous étions plus nombreuses deux ans plus tôt…

Parmi les juges, la situation est pire. La Cour de cassation ne comptait, en 2022, que quatre magistrates. Elles n’étaient que deux, dix ans plus tôt.

 

Il y a des avancées et des régressions.

Et si je dois finir ce récit par un point, c'est de souligner que les chiffres peuvent être trompeurs. Les pourcentages expriment un constat dans un cadre précis. Un instantané.

Ce qu'il faut surtout retenir de ma participation économique en tant que femme, c'est que nous étions en 2022, 2,29 millions de femmes actives occupées, c'est à-dire ayant un emploi. La nature de l'emploi, sa qualité, sa rémunération, sont un autre vaste sujet.

Nous étions aussi plus de 470.000 femmes à chercher un emploi.

En somme, nous sommes 2,8 millions de femmes actives face à plus de 11 millions de femmes inactives !

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