Sept plages privées de Dar Bouazza menacées d'être rasées, mutisme des autorités

Les principaux plagistes de Dar Bouazza se sont vus notifier un délai de 15 jours pour quitter les lieux. Tahiti Plage a été totalement vidée de ses équipements et a fermé. Leur bail sur le domaine maritime a pris fin il y a queques années sans être renouvelé. Mais que se passe-t-il sur la corniche de Casablanca? Au-delà de l'aspect administratif, que veut-on faire de la Corniche casablancaise?

Sept plages privées de Dar Bouazza menacées d'être rasées, mutisme des autorités

Le 3 mars 2024 à 16h00

Modifié 4 mars 2024 à 13h33

Les principaux plagistes de Dar Bouazza se sont vus notifier un délai de 15 jours pour quitter les lieux. Tahiti Plage a été totalement vidée de ses équipements et a fermé. Leur bail sur le domaine maritime a pris fin il y a queques années sans être renouvelé. Mais que se passe-t-il sur la corniche de Casablanca? Au-delà de l'aspect administratif, que veut-on faire de la Corniche casablancaise?

Sur la route cabossée qui mène vers Tamaris 2 et les plages privées de Dar Bouazza, il fait très beau malgré l'hiver. On se croirait dans une belle journée printanière. Ce samedi 2 mars 2024, la route est fréquentée, les bas côtés sont animés, les plages privées ne sont pas désertes; elles ne sont pas pleines non plus. De part et d'autre, des voitures garées de tous les standings. Un gardien improvisé, des pancartes de promotion immobilière, des kiosques et autres commerces. Les restos se fondent plutôt bien dans le paysage qui garde un air sauvage de bon aloi.

Tout a commencé en 1995, lorsque Serge Caroli s'installe sur place, là où il n'y avait rien, et crée sa plage privée, l'Atlantic Beach. Serge est une figure de la vie casablancaise et de Dar Bouazza. A l'époque, il avait loué le terrain à la commune. Puis les Eaux et Forêts et le ministère de l'Equipement se sont manifestés. Vers 2005, le ministère de l'Equipement a adressé des mises en demeure au nom de la protection du Domaine maritime. L'affaire est arrivée devant la Justice et l'Atlantic Beach avait gagné. Entretemps, il avait d'ailleurs fait des émules. L'Equipement fait appel contre tout ce beau monde, les plagistes saisissent le wali Driss Benhima qui réunit toute la smala avec un représentant du ministère, un compromis est trouvé: des contrats sont signés, vers 2008, entre le ministère et les plagistes, pour un bail de dix ans renouvelable.

D'autres plages privées se sont alors créées, certaines louant directement auprès du ministère et d'autres auprès de la société Seven Beach Balboa. Cette dernière a en effet loué de grandes parcelles qu'elle a par la suite sous-louées, à travers un contrat de gestion locative. Elle-même exploite une plage privée. Sur les 3 kilomètres d'étendue de cette belle contrée sauvage, un seul resto est titré. Tout le reste est locataire sur le domaine maritime. Les plages privées occupent moins de 30% du linéaire.

En 2018, selon le récit qui nous est fait, les plagistes écrivent au ministère de l'Equipement pour renouveler le bail. Sans aucune réponse, ni positive, ni négative. Les choses restent donc figées, avec des contrats arrivés à échéance et non renouvelés, l'absence de réponse du ministère dure pendant plusieurs années, des redevances locatives inexistantes en l'absence de contrats... Ceci pour le revers de la médaille.

Par contre, cette portion de Dar Bouazza est devenue de plus en plus animée, commerçante, fréquentée 12 mois sur 12 avec un pic en été. Une animation qui a rendu la zone attractive, justifiant notamment des investissements immobiliers.

Et donc, c'est dans ce contexte et à l'approche du mois de Ramadan, que 7 plagistes ont reçu une mise en demeure leur accordant 15 jours pour quitter les lieux. Ces derniers se sont réunis, ont constitué un dossier avec tout l'historique de leur présence et de leurs échanges avec l'administration, et l'ont adressé au gouverneur de Nouaceur, dont relève la zone. Le nombre d'emplois chez les plagistes concernés, selon notre comptage, est supérieur à 200.

L'un des 7 plagistes invoque sa bonne foi et celle de ses confrères. Un autre liste des investissements consentis et les emplois créés et donc les familles qui peuvent se retrouver en difficulté en ce mois saint. Toux ceux que nous avons rencontrés soulignent l'animation qu'ils ont apportée à cette zone devenue vivante et joyeuse. "Que serait Dar Bouazza sans ses plages privées?", soupire l'un. "Les plages privées ont créé Tamaris 2 et Dar Bouazza", renchérit l'autre.

Dans cette confrérie, les uns et les autres se connaissent, peu ou prou. Selon eux, le célèbre Tahiti Plage, qui vient d'être vidé de tous ses équipements, est dans la même situation qu'eux. Occupation du Domaine maritime sans contrat (en fait, contrat non renouvelé). Le Tropicana, le Miami Beach et consorts sont, à les en croire, dans la même situation et se sont vus accorder un délai jusqu'à fin septembre pour déguerpir, selon les mêmes sources.

Tout le littoral marocain, tout le domaine maritime, de Saïdia jusqu'à Lagouira en passant par Tanger, est concerné, à en croire la communauté des plagistes.

Mais autant on comprend des actions comme celle de Tifnit (sud d'Agadir) où il n'y avait ni titre foncier, ni le moindre document légal, ni location auprès de la commune ou de l'Equipement; autant il reste des questions sans réponse dans le cas de Casablanca. Le mutisme des autorités de Casablanca ou de Rabat n'arrange pas les choses. Car en effet, supposons que l'on supprime toutes les plages privées de Tahiti jusqu'à Tamaris 2, que compte-t-on faire de la Corniche? Un peu de communication ne ferait pas de mal. Cela donnerait un horizon et une cohérence à l'opération. L'opinion a le droit de savoir. Car lorsque l'on rase un bâtiment qui n'est pas en règle, c'est un problème administratif. Lorsqu'on le fait sur tout le littoral, c'est une question politique.

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