La fermeture des hammams impactera la situation financière et sociale des employés du secteur

La Fédération nationale des associations des propriétaires et gérants de hammams dénonce la décision "unilatérale" des autorités locales, relative à la fermeture des bains publics trois fois par semaine, et déplore le fait qu’elles n’aient pas pris en considération les contraintes de la main-d’œuvre dans le secteur.

La fermeture des hammams impactera la situation financière et sociale des employés du secteur

Le 27 janvier 2024 à 13h18

Modifié 26 janvier 2024 à 19h41

La Fédération nationale des associations des propriétaires et gérants de hammams dénonce la décision "unilatérale" des autorités locales, relative à la fermeture des bains publics trois fois par semaine, et déplore le fait qu’elles n’aient pas pris en considération les contraintes de la main-d’œuvre dans le secteur.

Le Maroc est en pleine mobilisation contre la rareté de l’eau. Celle-ci va durer jusqu’à septembre ou octobre à moins qu'il ne pleuve abondamment d'ici là.

C’est dans ce cadre que des walis de plusieurs régions ont annoncé, au cours des derniers jours, des mesures de restriction, dont la fermeture partielle des hammams. Ces bains traditionnels très fréquentés par les Marocains seront ainsi fermés trois jours par semaine : le lundi, le mardi et le mercredi. Leurs propriétaires sont également appelés à adopter des mesures moins consommatrices d’eau potable.

"Il fallait procéder autrement"

Contacté par Médias24, Rabie Ouaacha, président de la Fédération nationale des associations des propriétaires et gérants de hammams, déplore le fait que les professionnels n’aient pas été consultés au préalable.

"Cette mesure aurait pu être différente si nous avions été consultés. Elle aurait pu être appliquée de manière à prendre en considération les contraintes de la profession, mais aussi la problématique de la rareté de l’eau", estime-t-il.

"Un bain public ne peut pas rester fermé pendant trois jours consécutifs. Il va refroidir. De plus, les gens qui ne viendront pas se laver les lundi, mardi et mercredi, le feront les jeudi, vendredi et samedi et dimanche". Une organisation qui, selon Rabie Ouaacha, risque d’accroître la consommation d’eau pendant les autres jours de la semaine.

"Il y a d’autres moyens de rationaliser l’utilisation de l’eau dans les hammams. On aurait pu, par exemple, réduire le nombre d’heures d’activité au lieu de fermer complètement les hammams trois jours par semaine. De cette manière, on aurait rationalisé l’usage de l’eau, évité la détérioration des infrastructures des bains publics et permis à la main-d’œuvre du secteur de rester active".

Autre problématique selon notre interlocuteur : "Les gens qui n'iront pas au hammam se doucheront chez eux ; or nous savons que la douche consomme énormément d’eau potable. Et qu’en est-il des personnes qui n’ont pas de douche chez elles ? Et des maladies qu’elles pourraient contracter ?"

 "D’autres solutions auraient pu être mises en place"

Quelle alternative pour les employés du secteur ? "Aucune", tranche Rabie Ouaacha. "On ne peut pas leur demander de travailler trois jours par semaine et de rester chez eux les lundi, mardi et mercredi", fustige-t-il.

"Un propriétaire de hammam ne peut pas non plus se passer du montant de la location mensuelle qu’il perçoit, à cause de cette décision", souligne-t-il encore. "Chaque acteur du secteur a ses propres engagements, que ce soient ses dépenses personnelles, ses crédits, son loyer, ou encore la mensualité de l’école de ses enfants... Il ne peut être que lourdement impacté par cette décision".

"Nous dénonçons cette décision unilatérale", poursuit notre interlocuteur, qui assure encore une fois que d’autres solutions auraient pu être mises en place, en concertation avec les professionnels du secteur. "Nous sommes conscients de la situation critique des ressources hydriques du pays. La fédération a d’ailleurs toujours été la première à participer aux campagnes de sensibilisation, notamment dans les écoles, et dans les salons professionnels en lien avec la problématique de l’eau".

Rabie Ouaacha de souligner : "Le texte des autorités locales ne parle aucunement des activités touristiques qui, elles, sont de grandes consommatrices d’eau potable. Nous avons de nombreux hôtels au Maroc, et donc de nombreuses chambres d’hôtels, et chacune est dotée d’une douche. En comparaison, la consommation d’eau de manière collective dans les hammams semble plus faible. Les autorités ne parlent pas non plus du secteur de l’agriculture, qui consomme plus de 80% des ressources hydriques, parce qu’on ne peut pas l’arrêter". En réalité, la dotation d’eau à l’agriculture a fortement diminué au cours des dernières années, et cette baisse se poursuit.

Le secteur des services consomme "à peine 2% des ressources hydriques du Royaume"

Il n’y a pas de statistiques précises sur le nombre de hammams au Maroc, ni sur le nombre d’emplois que le secteur génère. Selon Rabie Ouaacha, le Maroc compte 12.000 hammams, lesquels génèrent près de 200.000 emplois directs et indirects. "Les hammams font partie du secteur des services, qui consomme à peine 2% des ressources hydriques nationales".

"Nous proposons des solutions pour prendre en considération les contraintes de notre secteur, notamment la baisse des débits des robinets, mais aussi le fait de permettre aux hammams d’ouvrir tous les jours en réduisant le nombre d’heures d’activité. Nous pourrions par exemple ouvrir plus tard, à partir de 11 h le matin", conclut-il.

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