La Maroc améliore sa résilience économique, mais les questions sociales persistent (Banque mondiale)

Lors d’une conférence organisée à Rabat le 16 novembre, la Banque mondiale a présenté son dernier rapport de suivi de la situation économique au Maroc, intitulé "De la résilience à la prospérité partagée". L’occasion de revenir sur la forte endurance de l’économie marocaine au cours des trois dernières années, à la suite de nombreux chocs externes tels que la pandémie du Covid-19, l’inflation, la sécheresse et le séisme du 8 septembre dernier.
Après un affaissement de la croissance en 2022, la reprise devrait se renforcer à moyen terme, et la croissance du PIB réel devrait, selon la Banque mondiale, atteindre 3,1 % en 2024, 3,3 % en 2025 et 3,5 % en 2026 ; la demande intérieure se remettant progressivement des chocs récents.
Des indicateurs macroéconomiques en bonne forme
Les signaux encourageants d’un point de vue macro se multiplient, notamment avec une accalmie notable de l’inflation qui a baissé de moitié entre février et août 2023. Elle demeure toutefois élevée sur l’alimentaire et continue de toucher de manière disproportionnée les ménages les plus modestes.
La reprise en 2023 se manifeste notamment à travers le redressement partiel de la production agricole. "Du côté de l’offre, la reprise a été soutenue par le secteur tertiaire, particulièrement grâce à un boom du tourisme. Le Maroc a su en profiter ; cela joue un rôle fort dans la croissance. La campagne agricole s’est également améliorée, mais reste encore historiquement faible, même si elle contribue à la croissance", a déclaré Javier Diaz Cassou, économiste senior principal à la Banque mondiale au Maroc.
Une recomposition des moteurs de la croissance nationale se dessine selon lui. Au-delà de la consommation domestique, "ce qui contribue fortement à l’économie, c’est le secteur extérieur avec les exportations nettes. On parle de services, mais aussi des exportations industrielles, dans les secteurs aéronautique et automobile". Javier Diaz Cassou a également relevé une baisse des importations du fait de la réduction des prix des matières premières.
D’autres indicateurs témoignent de la résilience externe du Maroc, notamment une demande extérieure robuste pour les biens et services du pays malgré le ralentissement de l’économie mondiale. De même, les flux d’investissements directs étrangers (IDE) restent importants et sont de plus en plus orientés vers le secteur manufacturier, tandis que de nouvelles niches industrielles modernes, étroitement liées aux chaînes de valeur mondiale, émergent. Le maintien de l’accès de l’État aux marchés financiers internationaux, malgré le resserrement actuel des conditions financières mondiales, illustre également cette résilience.
Des améliorations nécessaires sur le front social
Cependant, malgré ces chocs bien encaissés et ces indicateurs économiques bien portants, le Royaume affiche des données moins réjouissantes sur le front social. Cette bonne tenue économique cache en effet des indicateurs sociaux assez alarmants. "L’impact de ces chocs sur le bien-être de la population reste important, et les réformes déjà planifiées par le Maroc sont nécessaires pour renforcer la résilience extérieure du pays, et surtout pour stimuler la prospérité, en particulier afin d’atteindre les objectifs de développement ambitieux définis dans le Nouveau Modèle de développement (NMD)", a expliqué Jesko Hentschel, directeur pays de la Banque mondiale pour le Maghreb et Malte.
La Banque mondiale a d’ailleurs indiqué que le taux d’activité à la baisse de la population marocaine, le PIB/habitant, les chiffres du chômage et l’indice de confiance des ménages laissaient transparaître une stagnation depuis le Covid. "Il y a une sensation de distance entre cette résilience macroéconomique et ce que les ménages vivent tous les jours. C’est là que l’on commence à se demander ce qu’il manque. Nous pensons qu’il faut encore renforcer les politiques publiques pour accélérer la croissance économique, qui reste insuffisante", souligne Javier Diaz Cassou.
L’organisation a consacré un passage charnière à l’importance du travail des femmes dans l’économie nationale, qui permettrait au pays d’afficher une meilleure croissance. Un changement de paradigme est nécessaire dans ce domaine pour atteindre les objectifs du NMD.
Le rapport de la Banque mondiale souligne également l’importance de prendre en compte les contraintes spécifiques rencontrées par les femmes dans les zones rurales et urbaines (problèmes de mobilité, inclusion financière et digitale insuffisante, amélioration des conditions de travail, évolution nécessaire des normes sociales traditionnelles). Au-delà de son rôle crucial dans la promotion de l’égalité des genres, la hausse de la participation des femmes au marché du travail (PFMT) aurait également un impact économique significatif, constituant ainsi un moteur puissant de développement socio-économique. Le rapport souligne que l’atteinte des objectifs du NMD, à savoir une PFMT de 45%, pourrait stimuler la croissance de près d’un point de pourcentage par an.
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