La nouvelle production d'huile d'olive démarre à des prix élevés malgré l'interdiction de l'export

La récente interdiction d’exporter les olives et ses dérivés, sauf autorisation, est censée éviter la flambée des tarifs des produits oléicoles. Le prix du litre d’huile d’olive atteint pourtant 90 DH, notamment dans la province de Béni Mellal. Les pluies du mois de novembre sont donc particulièrement attendues par les producteurs et les consommateurs.

La nouvelle production d'huile d'olive démarre à des prix élevés malgré l'interdiction de l'export

Le 8 novembre 2023 à 18h25

Modifié 9 novembre 2023 à 15h20

La récente interdiction d’exporter les olives et ses dérivés, sauf autorisation, est censée éviter la flambée des tarifs des produits oléicoles. Le prix du litre d’huile d’olive atteint pourtant 90 DH, notamment dans la province de Béni Mellal. Les pluies du mois de novembre sont donc particulièrement attendues par les producteurs et les consommateurs.

Après l’or vert et l’or rouge, c'est-à-dire l’huile d’argan et le safran, l’huile d’olive sera-t-elle l’or vert de demain ? Alors que le prix du litre d’huile d’olive atteint 90 DH dans certaines communes de la province de Béni Mellal, on n'en est pas loin. Ce serait un véritable crève-cœur pour les Marocains, car une longue histoire d’amour les lie à l’huile d’olive. Une histoire contrariée de nos jours par la sécheresse et les épisodes caniculaires.  

Ce jeudi 2 novembre, à une vingtaine de kilomètres de la ville de Béni Mellal, le canal qui borde la commune d’Afourer est plein à ras bord. Il charrie des eaux en provenance du barrage Bin El Ouidane, situé en contrebas des montagnes qui dominent la ville aux vingt mille âmes. Des ressources hydriques qui auraient sans doute été salvatrices quelques mois plus tôt. 

En face du canal, l’une des 500 unités semi-modernes de production d’huile d’olive que compte la région de Béni Mellal-Khénifra propose le litre à 90 DH. Un tarif exorbitant en comparaison à celui pratiqué en 2019, moitié moins cher. La décision du ministère de l’Agriculture de soumettre à licence préalable l’exportation des produits oléicoles jusqu’au 31 décembre 2024, pour éviter la hausse des prix, ne semble pas encore porter ses fruits. Ou alors, sans cela, l'envolée des prix aurait été encore plus forte.

"Le manque de pluie et les épisodes caniculaires de cet été ont négativement impacté les oliviers", déplore Saïd, propriétaire d'une unité de trituration, assurant que sa marge bénéficiaire a été réduite à néant. S’il est permis d’en douter, difficile de nier les conséquences du déficit hydrique sur les oliviers. 

Des oliviers centenaires en souffrance

Comme dans plusieurs pays du pourtour méditerranéen, les oliviers ont particulièrement souffert ces dernières années. À l’automne 2023, la production nationale prévisionnelle des olives est estimée à 1,07 million de tonnes, en baisse de 44% par rapport à la production de l’automne 2021, qui avait enregistré un niveau record historique de 1,9 million de tonnes. 

Cette baisse concerne les régions de Marrakech-Safi, l’Oriental et Béni Mellal-Khénifra où l’olivier est la principale espèce fruitière, comptant une superficie productive d’environ 100.000 hectares, constituée des variétés Picholine (85%), Menara et Haouzia.

Mais ces oliviers, dont certains sont centenaires, souffrent plus que jamais de la sécheresse, en dépit de leur capacité à résister au manque d’eau, grâce notamment à un système racinaire adapté et à la régulation de leur métabolisme. Déjà, au mois d’avril 2023, 60% à 70% des oliviers ont subi les affres des fortes chaleurs. 

"Normalement, c’est à cette époque de l’année que les oliviers fleurissent. Mais il a fait inhabituellement chaud, et les températures ont énormément augmenté pendant une quinzaine de jours", précisait dans un précédent article Rachid Benali, président de la Fédération interprofessionnelle marocaine de l’olive (Interprolive), également président de la Confédération marocaine de l’agriculture et du développement rural (COMADER).

Ensuite, "le chergui et la canicule ont causé une diminution de la taille du fruit. Quand l’olivier est en stress hydrique, il ne survit pas grâce à l’eau qui se trouve dans les feuilles, mais plutôt en s’hydratant avec l’eau contenue dans les fruits. Ces derniers s’assèchent et se contractent", nous explique un ingénieur agronome. 

Concrètement, ces arbres n'ont pas produit de fruits comme à l'accoutumée. D’autres les ont rejetés pour s’auto-protéger et ainsi préserver leur végétation. Cette manière unique de pallier le manque d’eau n’est pas une assurance tous risques, bien au contraire. 

Un taux d'huile compris entre 12% et 14%, amené à augmenter grâce aux précipitations

Ainsi, au moment de la récolte quelque peu précoce dans la commune d’Afourer, les fruits n’étaient pas abondants, et le taux d’huile n’a pas dépassé les 14%. "Le temps où les agriculteurs dressaient des tentes sur les bords des routes pour vendre les olives semble révolu", s’inquiète un brin nostalgique, Saïd, le propriétaire d’une unité de production à Afourer. 

Cependant, malgré la hausse des prix, les Marocains ne peuvent se passer d’huile d’olive. En l’espace d'une dizaine de minutes auprès de ce producteur, plusieurs familles se sont approvisionnées, malgré les tarifs pratiqués, tant cette denrée est ancrée dans les traditions culinaires. Mais encore faut-il éviter les fraudeurs.

En dépit du plan du contrôle de la qualité mis en place par le département de l’Agriculture, et dont l’ONSSA est la cheville ouvrière, "au moment de la trituration, certains producteurs malveillants mélangent les olives issues d'Afourer à d’autres en provenance de Taounate notamment, avant de vendre l'huile au prix fort", déplorent les professionnels du secteur.  

Heureusement, l’olivier est un arbre qui s’adapte constamment à son environnement. Les précipitations du mois de novembre permettront d’augmenter le taux d’huile jusqu’à 18% ou 20%. Dès lors, le prix du litre a de fortes chances de baisser. En attendant, "c’est 90 DH le litre, et pas un dirham de moins", répond sèchement Saïd à un client qui tente de réduire la facture. 

Les tarifs pratiqués dans la province de Béni Mellal sont quasiment identiques à ceux de la province d’Al Haouz, parce que là aussi la demande est importante. "C’est la première année où tous les producteurs n’ont pas d'approvisionnement suffisant en olives", nous explique Youssef Gardam. 

Celui qui produit depuis une vingtaine d’années une huile d’olive dans la région de Marrakech-Safi, commercialisée dans plus de 18 pays, indique que "pour ce qui est d’Al Haouz, les prix dépendent des zones, mais les plateaux de Marrakech sont à peu près à 40% d’une belle récolte, et donc les prix sont très élevés, jusqu'à 12,50 DH le kilo d’olive". 

Dans la région de Fès, l'optimisme est de mise

Cinq cents kilomètres plus au nord, dans la région de Fès-Meknès, "cette année sera meilleure que la précédente. Mais elle est loin d’être exceptionnelle. Disons que ce sera une année moyenne plus", nous explique Mostapha Mrhari, chef de division des filières de productions agricoles à la Direction régionale de l'agriculture de Fès-Meknès. 

"Nous avons une superficie de 390.000 hectares. Selon les dernières estimations, nous nous attendons à une production prévisionnelle de 270.000 tonnes d’olives." Autrement dit, les prix de l’huile d’olive ne devraient pas s'envoler comme dans la région de Béni Mellal, surtout si le ciel ouvre ses vannes d’ici la fin du mois.

Pour le moment, dans la région de Fès, et plus précisément dans la province de Sefrou, la récolte n’a pas encore été lancée à grande échelle, à l’exception de quelques rares exploitations. "Le problème est que le taux d’huile est assez bas, situé entre 12% et 14%. Les producteurs attendent le 15 novembre pour vraiment lancer la récolte, afin de profiter des dernières précipitations qui auront un effet positif sur les rendements", conclut Mohamed Amraoui, adjoint du directeur à la Direction provinciale de l’agriculture de Sefrou et chef de service de la mise en œuvre des projets. 

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