Comment le Maroc améliore la productivité des céréales pour limiter l'impact de la sécheresse

Face au déficit pluviométrique chronique qui sévit au Maroc ces dernières années, les rendements céréaliers dépendent de techniques agricoles modernes à l’image du semis direct. Les superficies irriguées et les variétés de céréales résistantes à la sécheresse sont également décisives.

Comment le Maroc améliore la productivité des céréales pour limiter l'impact de la sécheresse

Le 14 octobre 2023 à 5h48

Modifié 14 octobre 2023 à 5h50

Face au déficit pluviométrique chronique qui sévit au Maroc ces dernières années, les rendements céréaliers dépendent de techniques agricoles modernes à l’image du semis direct. Les superficies irriguées et les variétés de céréales résistantes à la sécheresse sont également décisives.

"Produire 55 millions de quintaux de céréales contre 34 Mq l’année d’avant, c’était un bon résultat eu égard aux conditions climatiques difficiles", indiquait récemment à Médias24 Mohammed Sadiki, ministre de l’Agriculture, au sujet de la production céréalière relative à la campagne 2022-2023. 

En temps de déficit pluviométrique, les productions de céréales sont tirées à la baisse. Une denrée importante qui est au coeur de l’ensemble de l’écosystème, de la minoterie aux unités fourragères. Sachant que la pluviométrie est jusqu’à présent loin d’être satisfaisante, comment le Maroc compte-t-il produire des céréales ? Tout simplement en s’appuyant sur un triptyque qui a fait ses preuves : 

- Les variétés céréalières performantes ;

- La technique du semis direct ;

- Les superficies irriguées.

Des variétés améliorant le rendement de 30%

La campagne agricole 2023-2024 sera lancée avec un bilan hydrique caractérisé par un taux de remplissage des barrages à usage agricole de 25% (3,43 MMm3), contre 22% l’année dernière à la même époque. Il y a un mois, une moyenne pluviométrique de 9,2 mm a été enregistrée au niveau national.

Depuis, le ciel n’a que très peu ouvert ses vannes. Mais cette moyenne demeure plus élevée que celle de l’année dernière à la même époque (5 mm). Insuffisant tout de même pour irriguer des cultures céréalières en bour pour la majorité, dont le besoin est estimé entre 400 et 500 mm par an.

Pour réduire l’impact de ce déficit pluviométrique sur la prochaine campagne céréalière, qui devrait être lancée dès que la météo sera plus clémente, le ministère de l’Agriculture mise sur des variétés performantes qui permettent d’augmenter le rendement. 

"Nous avons préparé 1,1 million de quintaux de semences qui seront essentiellement distribuées par la Sonacos. Dans les faits, l’agriculteur plante puis se fait rembourser à travers le Fonds de développement agricole (FDA)", nous explique le ministère de tutelle. 

Ces semences seront utilisées pour emblaver une partie des 4,5 millions hectares de céréales prévues. Mais sur le papier seulement, car pour faire le plein des superficies céréalières, il faut des conditions climatiques favorables. On n’en prend malheureusement pas le chemin. 

Quoi qu’il en soit, les semences distribuées ou en vente seront extrêmement utiles. Elles se déclinent en des variétés qui ont pour point commun une résistance à la sécheresse et aux ravageurs. Certaines de ces variétés incarnent les réussites de l’Institut national de recherche agronomique (INRA). 

"La nouvelle variété de blé dur, 'Nachit', produit en moyenne 30% de plus qu’une variété moins tolérante à la sécheresse. La variété de blé tendre 'Malika', quant à elle, présente un rendement grain de 60 qx/ha, soit un gain en rendement de 20%", se félicite le ministère de l’Agriculture. 

Concernant l’orge, aliment nécessaire à la survie du bétail, "la variété Chifaa, inscrite au catalogue officiel de l’ONSSA depuis 2016, constitue la première variété d’orge à grain nu du continent africain, qui présente une teneur en bêta glucane de 8% (un type de fibre soluble qui a des bienfaits sur la gestion des taux de cholestérol élevés, ndlr)", assure le département de l’Agriculture.   

En tout et pour tout, l’INRA, en collaboration avec l’ICARDA, est "appelé à développer entre 30 et 50 nouvelles variétés (toutes filières confondues) avec une hausse du rendement d’au moins 50%", précise le département de l'Agriculture. 

Le semis direct, une technique économe 

En plus des variétés de céréales performantes, le programme de semis direct promet des résultats au-delà des attentes. Actuellement, un peu plus de 70.000 ha sont semés via la technique du semis-direct. "Nous visons un million d’hectares de semis direct. Pour avancer plus rapidement et atteindre tous les petits agriculteurs, nous avons achetons des semoirs et à les distribuons aux coopératives des petits agriculteurs", annonce Mohammed Sadiki. 

"L’année dernière, nous en avons distribué 70 ; cette année, nous allons distribuer 130 semoirs environ car c’est l’outil qui nous permet d’avoir cette technologique et technique de semis direct qui a démontré ses performances avec des rendements de plus de 30%, voire 40%, par rapport à un semis classique", ajoute le ministre de l’Agriculture. 

Le semis direct est une technique de conservation de l’humidité du sol et elle a un impact sur sa fertilité. Les semoirs ont l’avantage de faire le semis et l’engrais en un seul passage. D’ailleurs, cette technique a des performances tellement impressionnantes que le Maroc pourrait récolter plus de 40 Mq avec seulement un million d’hectares de céréales en semis direct. Mais il n'a pas encore atteint cette superficie.

Une irrigation d’appoint

La superficie irriguée au niveau national est un véritable caillou dans la chaussure du monde agricole. A cause de la pénurie d’eau et de la priorisation de l’alimentation en eau potable à partir des barrages, les volumes des dotations destinés au secteur agricole à partir des retenues d’eau s’amenuisent comme peau de chagrin. 

Lors de la précédente campagne, la superficie irriguée a atteint 417.000 hectares sur environ 1,6 million irrigués en temps normal. Une majorité de cette superficie est réservée aux cultures céréalières, preuve de leur importance socio-économique. Pour chaque hectare, l’apport en irrigation est compris entre 3.000 et 6.000 m3/ha selon les variétés.

Au total, il faut donc entre 900 millions de m3 et 1,8 milliard de m3 pour en assurer l’irrigation. L’équivalent d’environ 25% des réserves actuelles (4 MMm3) que compte l’ensemble des barrages du Royaume. 

Concrètement, les superficies de céréales irriguées ne sont pas uniquement dépendantes de l’irrigation appliquée d’appoint ou de complément. "Elles sont également soutenues par les précipitations", nuance un acteur du secteur agricole, joint par Médias24. "Le terme superficie irriguée est une distinction entre les zones où il y a possibilité de faire l’irrigation d’appoint, où les ressources en eau sont disponibles, et les zones radicalement bour, où la possibilité d’irrigation de complément est impossible", poursuit-il. 

Quand on parle d’irrigation d’appoint, il s’agit avant tout d’une technique effectuée en cas d’extrême nécessité ; justement lorsque la pluviométrie est déficitaire. "Ce ne sont pas des irrigations quotidiennes, mais plutôt épisodiques, de l’ordre de 10 à 25 mm, notamment lors de la levée pour que la plante émerge du sol, en attendant les précipitations", explique Driss Mghabar.

Le responsable des céréales à pailles et cultures industrielles à la Direction de contrôle des semences et des plants (DCSP), relevant de la Direction de la protection du patrimoine animal et végétal (DPPAV) de l’Office national de sécurité sanitaire des produits alimentaires (ONSSA), conclut en assurant que ces irrigations complémentaires sont également utilisées "lors des phases de floraison et de remplissage de l’épi". 

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