Malgré la sécheresse, le Maroc s'achemine vers une récolte record d'avocats

Les producteurs d’avocats s’attendent à un record de production cette année, sans pour autant avoir augmenté la superficie cultivée. C’est plutôt le résultat de l’entrée en production des avocatiers plantés il y a trois ans, de la clémence du climat dans le Gharb et de l’amélioration des pratiques culturales. Un rendement remarquable qui permet aux exportateurs de lorgner le marché des pays scandinaves.

Malgré la sécheresse, le Maroc s'achemine vers une récolte record d'avocats

Le 6 septembre 2023 à 12h18

Modifié 20 avril 2024 à 2h04

Les producteurs d’avocats s’attendent à un record de production cette année, sans pour autant avoir augmenté la superficie cultivée. C’est plutôt le résultat de l’entrée en production des avocatiers plantés il y a trois ans, de la clémence du climat dans le Gharb et de l’amélioration des pratiques culturales. Un rendement remarquable qui permet aux exportateurs de lorgner le marché des pays scandinaves.

À quelques jours des premières récoltes d’avocats, l’optimisme est de mise. "La campagne de cette année est satisfaisante en termes de quantité et de qualité", précise à Médias24, Abdellah Elyamlahi, président de l’Association marocaine des exportateurs d’avocats, plus communément appelée MAVA (Morocco Avocado Association)

Bien que la superficie cultivée reste stable (7.000 ha), "nous estimons que la récolte sera supérieure à celle de l’année dernière, grâce à plusieurs facteurs, dont l’entrée en production des vergers plantés il y a trois ans". 

En 2022, la récolte avait atteint près de 44.000 tonnes, pour un rendement moyen de 6 à 7 t par hectare. "Cette année, les rendements ont augmenté pour s’établir à 15 t, et parfois même 20 t par hectare", se félicite Abdellah Elyamlahi. De fait, potentiellement, la production a des chances de battre un nouveau record d'environ 80.000 t. Assez en tout cas pour lorgner de nouveaux marchés lucratifs, à l’image des pays scandinaves (Suède, Norvège, Finlande, Danemark) ou des Etats-Unis. 

Des récoltes entre septembre et mars

Si l'avocatier a fait son apparition au Maroc, au milieu des années 1980, dans le périmètre agricole du Loukkos avant de s’étendre de Larache jusqu’au Gharb, la filière n’a vraiment commencé à compter dans le paysage agricole marocain qu’à partir des années 2010, avec une superficie qui a doublé pour atteindre un peu plus de 7.000 hectares. 

Récoltés entre septembre et mars selon les variétés, les avocats sont cultivés quatre à cinq mois plus tôt dans des régions aux températures comprises entre 12,8 °C et 28,3 °C. Arbre fruitier hermaphrodite, l'avocatier nécessite le concours des pollinisateurs car il ne peut pas s’auto-polliniser. 

C’est une espèce d’origine tropicale qui s’adapte parfaitement à des climats subtropicaux à hivers doux, notamment dans les périmètres agricoles du Loukkos et du Gharb. "De nouvelles plantations sont également apparues dans la région de Oued Laou et Al Hoceima", souligne Abdellah Elyamlahi. Il faut généralement 4 à 8 semaines pour que la graine plantée au sol germe. Après quelque temps, les premières feuilles poussent. S’ensuit la floraison jusqu’à l'obtention du fruit à récolter. 

Entrée en production des avocatiers plantés il y a trois ans

"Nous allons commencer les analyses pour évaluer la teneur d'huile de la pulpe d’avocat, car il y a un minimum requis par nos clients à l’export. Pour les variétés précoces, Zutania et Bavon, la teneur minimale est de 18%. Si les analyses sont satisfaisantes, nous allons démarrer la récolte dès la semaine prochaine", assure le président de MAVA.  

Pour ce qui est de la Hass, elle sera récoltée fin octobre. Alors que la variété tardive Lamb Hass ne mûrit qu’à partir du mois de janvier. Des récoltes attendues impatiemment, d’autant que les perspectives s’annoncent plus que satisfaisantes et supérieures aux résultats de la dernière campagne. 

Contrairement à ce que l’on pourrait croire, ce résultat ne résulte pas d’une augmentation de la superficie cultivée. En réalité, les facteurs sont multiples. D’abord, l’entrée en production des avocatiers plantés il y a trois ans participe aux bonnes performances de la filière. 

"Quand d’une année à l’autre, la production augmente, les gens pensent à tort que de nouveaux avocatiers ont été plantés. Mais la superficie cultivée a très peu augmenté, car les grandes plantations ont été réalisées lors des trois ou quatre dernières années et les parcelles sont désormais toutes occupées, ce qui empêche une augmentation de la superficie cultivée", précise Abdellah Elyamlahi.

De surcroît, les rendements ont été améliorés. L’année dernière, la moyenne était de 6 t par hectare, cette année, les rendements peuvent atteindre 15 à 20 t par hectare. "Lors de la précédente campagne, il y a eu des conditions climatiques défavorables qui ont causé des dégâts lors de la floraison des avocatiers", déplore notre interlocuteur. 

Excepté certaines exploitations situées à Sidi Allal el Bahraoui (Kamouni) et Tifelt qui ont subi de lourds dégâts à cause de la chaleur excessive, dans l’ensemble, les conditions climatiques de cette année ont été davantage propices à une préservation de la floraison, et donc à un meilleur rendement. La conduite culturale a été également importante, au même titre que l’entretien des avocatiers (taille, vertigation…).   

Les producteurs lorgnent de nouveaux marchés à l'export

L’année dernière, les producteurs d'avocats membres de MAVA ont exporté 43.000 t d’avocat. La hausse de la production attendue cette année tombe à pic, car les cultivateurs s’attendent à une augmentation de la demande aussi bien sur le marché international que national, qui atteignait l’année dernière 3.000 t. 

"Il y a une tendance à l'augmentation de la consommation de l’avocat au Maroc. Les Marocains s’habituent de plus en plus à la consommation d’avocat et pas uniquement dans les jus, mais aussi dans les salades et dans le cadre d’une alimentation saine", explique le président de MAVA. 

Au niveau des marchés d’export, en plus des débouchés traditionnels - l’Union européenne (80%) et la Russie (20%) -, MAVA lorgne le marché scandinave. À cet effet, l’Association sera présente dans les salons agroalimentaires scandinaves afin de promouvoir des avocats made in Morocco. "D’autant que c’est un marché important qui est historiquement dominé par les exportations chiliennes", rappelle notre interlocuteur. 

Le marché américain est également dans le viseur de MAVA. "Nous nous sommes récemment déplacés à New York afin d’explorer les opportunités sur le marché américain, un marché en forte croissance où la consommation moyenne d’avocats par individu se situe parmi les plus importantes du monde", indique-t-il. 

"En tant qu’association, nous avons effectué les premières démarches. Nous avons contacté et organisé plusieurs réunions avec l’ONSSA afin de faciliter notre introduction sur le marché américain. Mais c’est une procédure qui n’a pas encore abouti car elle est longue et fastidieuse. D'ailleurs elle n'a toujours pas abouti", déplore-t-il.  

Par ailleurs, en termes de politique tarifaire, Abdellah Elyamlahi précise que d’habitude, "c'est l’offre et la demande qui déterminent les prix". Et de préciser : "Pour l’export, les avocats sont vendus depuis les fermes entre 18 et 20 DH le kilo. Mais pour le marché national, ce prix est compris entre 11 et 13 DH le kilo."

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