Les voies du soufisme à Fès : entre quête spirituelle et patrimoine vivant

La ville impériale de Fès a été et demeure une cité ancrée dans la tradition marocaine du soufisme. Elle dessine depuis des siècles le chemin balisé conduisant à ce couronnement spirituel. Carole Latifa Ameer, représentante soufie et directrice artistique du Festival de la culture soufie, nous explique les raisons de ce magnétisme inaltérable. Suivons le guide.

Les voies du soufisme à Fès : entre quête spirituelle et patrimoine vivant

Le 8 août 2023 à 14h21

Modifié 8 août 2023 à 14h21

La ville impériale de Fès a été et demeure une cité ancrée dans la tradition marocaine du soufisme. Elle dessine depuis des siècles le chemin balisé conduisant à ce couronnement spirituel. Carole Latifa Ameer, représentante soufie et directrice artistique du Festival de la culture soufie, nous explique les raisons de ce magnétisme inaltérable. Suivons le guide.

"Quiconque demeure loin de sa source aspire à l’instant où il lui sera à nouveau uni", dit Jalaleddine Rûmî, génie mystique du soufisme, dans les tout premiers vers de son œuvre monumentale Mathnawî, la Quête de l’Absolu.

L’islamologue Eva de Vitray-Meyerovitch, traductrice de ce texte persan aux éditions du Rocher, explique que la base essentielle de la pensée créatrice du poète persan du XIIIe siècle est la croyance en l’Unité de l’Existence (Wahdat Al Wojoud, en arabe). Le poète, appelé aussi Mawlânâ par les soufis arabisants, voudrait faire entendre que l’Esprit humain est séparé de son origine par l’individualité de son être provisoire, aussi éprouve-t-il la nostalgie du retour à sa source et de l’union avec elle.

Toute la quête spirituelle du soufi, quelle que soit sa confrérie, résiderait alors dans le retour à cette source. Les soufis parlent alors de se soustraire du monde des formes pour rejoindre celui originel des non-formes ou de l’ineffable. Cette recherche-là doit néanmoins se faire dans le monde des formes. Et c’est là tout le paradoxe et le grand mystère de cette Quête de l’Absolu. Une quête qui se fait ainsi en embrassant une "voie soufie" ou Tariqa, nom arabe qui signifie aussi méthode. Et cela passe par l’initiation à une confrérie.

Le Centre

Les voies soufies, guidées par leurs cheikhs ou maîtres spirituels, sont nombreuses et éparses à travers le globe. Dans ce kaléidoscope, Fès fait figure d’exception. La ville, âme du Maroc, a été et demeure un "centre" pour le soufisme. Ne dit-on pas qu’il y a plus de saints enterrés à Fès que de vivants qui y circulent ? Les ruelles, les murs, les murailles et jusqu’au tout petit morceau de zellige de ces beaux édifices respirent cette spiritualité ancestrale.

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Ce n’est donc pas un hasard si la ville s’est construite, des siècles durant, autour de l'image d'une cité spirituelle, dont le soufisme est le cœur battant. Elle l’est toujours. Et ce, pour plusieurs raisons. L’une des plus importantes réside dans le fait que "rares sont les États dans le monde qui soutiennent le soufisme. Au Maroc, la ville de Fès et d’autres ont cet effet magnétique sur les soufis du monde entier. Quand on est soufi étranger et qu’on arrive dans le Royaume, on sait à l’avance qu’en sera en paix et qu’on sera très bien accueillis", témoigne Carole Latifa Ameer, directrice artistique du Festival de Fès de la culture soufie depuis 2018 et membre du conseil d'administration de l'émission Islam sur France 2.

Le soufisme au Maroc se démarque ainsi par son accueil de toutes les autres confréries. "Dans d’autres pays, il y a même des attentats dans les lieux soufis. Ici, l’État marocain accompagne le soufisme et le protège en tant que patrimoine matériel et immatériel. C’est-à-dire que les lieux soufis sont valorisés au plus haut niveau par le biais de subventions, comme nulle part ailleurs. C’est ce qui fait vraiment l’exception marocaine. Et le Festival de Fès de la culture soufie, qui est subventionné par les ministères de la Culture et des Habous, s’inscrit pleinement dans cette tradition marocaine", ajoute notre interlocutrice.

Carole Latifa Ameer a été initiée à plusieurs voies soufies : chishtiyya, halveti ou encore mevlevi. Elle est également adepte de la zaouïa fassia à Fès et enseigne le Tassaouf (soufisme) à des femmes par autorisation confrérique. Il s’agit d’un enseignement individuel qui peut être dispensé partout. La représentante soufie a suivi par ailleurs des études en histoire de l’art à l'Université Panthéon-Sorbonne, et de langues et civilisations indiennes à l’Institut national des langues et civilisations orientales.

Restauration de manuscrits à l'Université Al Qaraouiyine.

Le cercle

"Tout est extrêmement spirituel au Maroc. À force d’y vivre, quelquefois, on l’oublie. Mais, quand on vient d’un pays étranger, cette réalité a une saveur particulière", affirme-t-elle. Car, il faut savoir que les soufis ont toujours été de grands voyageurs. Et le Royaume, à travers les siècles, a été un carrefour spirituel aussi bien pour les 'maîtres' que les 'acheminants' (Murid’, en arabe au singulier).

"Cela s’est poursuivi, essentiellement, jusqu’au XVe siècle, à la chute de l’Andalousie. Les soufis voyageaient alors de l’Andalousie en passant par le Maroc et aussi pour aller faire le Hajj", indique notre interlocutrice.

Carole Latifa Ameer nous livre cet épisode du passage à Fès du poète et grande figure du soufisme savant au XIIe siècle, Ibn Arabi : "Dans ses témoignages, Ibn Arabi relate avoir reçu à Fès ce qu’on appelait la Khirka, un vêtement d’investiture d’un de ses maîtres. Cet habit venait de Perse, d’après les écrits. Ce qui veut dire que les soufis du Maroc ont également voyagé au-delà des frontières du pays."

Aujourd’hui, cette place de centre spirituel qu’occupait jadis Fès n’a pas été désertée. La zaouia Al Tijania, fondée par Sidi Ahmed Al Tijani (1737- 1815), l’un des grands saints de cette ville impériale, en est sans doute la preuve.

La confrérie compte parmi ses disciples une grande communauté ouest-africaine. Dans le passé, ces soufis inscrivaient la visite du très bel édifice renfermant le tombeau du cheikh, comme étape majeure du périple vers la Mecque ou sur le chemin du retour du Hajj.

Le mausolée de Sidi Ahmed Al Tijani est d’ailleurs considéré par les soufis adeptes de la Tariqa ou la voie Al Tijania comme une deuxième Mecque. Et encore aujourd’hui, la communauté ouest-africaine reste très attachée à ce lieu saint. La zaouïa compterait plus de 200 millions d’adeptes dans le monde.

Ville de Fès vue d'en haut - © Médias24

L’équilibre

Le soufisme a cette particularité de se fondre dans la culture du territoire où il prend pied. Il s’adapte aux réalités des terres qui l’accueillent. Cette adaptabilité peut s’expliquer aussi par le fait que le soufi est souvent décrit comme "le fils de l’instant" (Ibn Al Waqt, en arabe). Il ne s’attache donc pas au passé et ne se projette pas dans les lendemains. En cela, il se libère. Les soufis tracent alors leur voie dans le monde en suivant celle du maître. Sur cette voie, le soufisme arbore tantôt un aspect populaire, tantôt une forme savante, intellectuelle qui peut paraître parfois insaisissable.

"Le soufisme au Maroc incarne l’équilibre entre ces deux aspects : populaire et savant. D’un côté, il y a les pratiques à travers l’expérience dans les zaouïas, basée sur le Dikr, l’invocation des noms de Dieu, et le Samaâ, qui est l’audition spirituelle. Et de l’autre côté, il y a l’aspect savant que maîtrisent les grands ouléma de l’université Al Qaraouiyine jusqu’à aujourd’hui", souligne Carole Latifa Ameer.

En plus de la mosquée-université Al Qaraouiyine, les médersas incarnent elles aussi le rayonnement intellectuel de la ville de Fès et son ancrage dans la tradition spirituelle du pays.

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La mosquée Al Qaraouiyine.

Le reflet de l’âme

Les deux formes du soufisme, populaire et savant, ne sont pas à hiérarchiser. Rappelons que certains grands ouléma de la mosquée-université Al Qaraouiyine - la plus ancienne dans le monde encore en activité - ont été parfois les disciples de cheikhs "analphabètes". Cela s’explique, selon les spécialistes du soufisme, par le fait que la connaissance du cheikh se situe à un niveau plus subtil ou intuitif, qui n’a donc pas besoin d’être modelé par le savoir savant. Il y a même cette formule des maîtres soufis qui vient appuyer ce constat : "Mieux vaut blanchir son âme que de noircir le papier".

L’intellect peut certes guider le soufi dans sa quête, mais c’est le cœur ou l’âme qui constituent la véritable boussole. Ce que résume Rûmî dans le Mathnawî : "Sais-tu pourquoi le miroir de ton âme ne reflète rien ? Parce que la rouille n’a pas été enlevée de sa face". Les soufis parlent alors du "polissage" du cœur de sa rouille afin qu’il puisse refléter le divin. Et finalement, c’est tout ce qui compte.

"Le soufisme est avant tout une expérience plus qu’un savoir. Bien sûr, il ne faut pas être un ignare. Le but est justement de savoir être dans cette pureté du cœur. Donc, les grands enseignements nous aident, mais ce n’est que ce travail sur la pureté du cœur et des intentions qui nous fait rejoindre la sagesse", explique la représentante soufie.

La spiritualité en action

Ce qui n’empêche pas que le cheikh d’une confrérie puisse être doté aussi d’une grande connaissance intellectuelle. C’est notamment le cas de l’actuel vice-président de l’Université Al Qaraouiyine, Driss Fassi Al Fihri et qui est également le cheikh de la zaouïa al fassia. Cette confrérie, datant du XVIIe siècle, a été fondée par l’un de ses ancêtres, Sidi Abdelkader Al Fassi.

"Ce qui est aussi intéressant dans cette zaouïa est le fait que dans le mausolée, il y a le tombeau du fondateur, Sidi Abdelkader Al Fassi, et aussi de sa petite-fille, Lalla Amina. Deux mètres seulement les séparent. Et donc, il y avait tout une confrérie de femmes dans cette zaouïa al fassia", note Carole Latifa Ameer.

Cette Tariqa adopte trois piliers d’enseignement : la spiritualité, le savoir et l’action. "Et cela définit assez bien le soufisme au Maroc. Car, le savoir ne peut pas être détaché de l’expérience spirituelle ou encore de la spiritualité en action. Ces trois bases, on les trouve partout dans le soufisme", affirme Carole Latifa Ameer.

La spiritualité en action peut être aussi assimilée à la notion d’Al Ihssan, qui signifie l’"excellence du comportement". Il s’agit là d’un principe partagé par toutes les branches de soufisme dans le monde. Dans ce sens, le comportement est l’expression de l’élévation spirituelle.

"Si la spiritualité n’est pas exprimée dans chacune de nos actions, on vit alors dans un monde schizophrène. Le soufisme nous aide d’ailleurs à adopter une approche basée sur l’éthique et la justice", soutient notre interlocutrice. "Attassaouf nous apprend aussi l’humilité, l’hospitalité. Être soufi, c’est être d’abord au service des autres et non pas de soi-même. Car celui qui est au service des autres est aussi au service de Dieu."

Le festival, vitrine du patrimoine immatériel

Le Festival de Fès de la culture soufie vient renforcer cette dimension hautement spirituelle de la ville. L’événement, qui se tiendra du 21 au 28 octobre prochain sur le thème "Connais-toi, toi-même", rassemble depuis sa création les acteurs de la culture soufie, qu’ils soient intellectuels, chanteurs, artistes, poètes, écrivains, chercheurs, etc. L’année dernière, le festival avait accueilli plus de 60 intervenants provenant de 15 pays autour du thème "Science et conscience".

Cette année, le choix thématique fait référence, évidemment, à l’invitation socratique de mener sa propre introspection dans la recherche de la vérité. Mais pas seulement. Il renvoie aussi au Hadith du prophète Mohammed : "Celui qui se connaît lui-même, celui-là connaît son Seigneur".

Le festival, à travers sa programmation, incarne par ailleurs le soufisme dans sa dimension intellectuelle. Mais "le savoir n’exclut pas la pratique. Pendant, le festival, il est possible de faire une Ziyara (visite d’un saint), que ce soit pour visiter le mausolée du saint patron de Fès, Moulay Idriss II (le premier lieu saint de la ville, ndlr), ou encore le tombeau de son père, Moulay Idriss Ier (située dans la petite ville Moulay Idriss Zerhoun, ndlr), à quelques kilomètre de Fès", nous indique Carole Latifa Ameer. L’endroit est d’ailleurs l’un des lieux de pèlerinage les plus visités du pays.

"Le festival tend aussi à réunir les soufis du monde. Il met en lumière, le patrimoine matériel et immatériel que le soufisme a généré à Fès et au Maroc", souligne la directrice artistique et de la programmation du festival.

Rappelons que cette manifestation a été désignée en 2001, par l’ONU, comme l’un des événements marquants ayant contribué d’une façon remarquable au dialogue des civilisations.

Médina de Fès-CP Médias24

L’art, l'autre voie

Le soufisme, comme l’exprime le festival au fil des années, a cette particularité de s’être toujours allié à l’expression artistique. Poésie, chant, danse, calligraphie, peinture, dessin... sont d'autres voies que les soufis n’hésitent pas à emprunter.

Comment peut-on expliquer ce lien entre art et soufisme ? Carole Latifa Ameer commence sa réponse par une autre question : "L’art, c’est quoi ? C’est juste une manifestation de l’attribut divin, du Jamal, la beauté. Et c’est comme ça que les soufis voient toutes les formes d’art. C’est-à-dire, comme une manifestation divine qu’on appelle Tajalli en arabe (peut être assimilée à la théophanie, ndlr). Autrement dit, c’est une manifestation de Dieu dans ce qui est beau. Et au Maroc, on se régale. Parce qu’il y a aussi tout cet art de vivre autour de la musique, de la calligraphie, de la sculpture, de la poterie, du travail du bois, etc. Le grand maître soufi, Abû l’Qasim al-Junayd al-Baghdadi (830-910, ndlr) a dit que le soufi est comme la terre, tout ce qu’on peut y jeter ressort beau."

L’Universel

À travers le prisme du soufisme, tous les arts ont une portée spirituelle. Dans cette voie mystique de l’islam, il n’y a pas d’art sacré et d’art profane. Car pour les soufis, "Dieu est partout. Donc, tout est sacré. Et puis, il y a la question de l’intention de l’artisan ou de l’artiste. Cette intention est toujours la louange à Dieu", explique Carole Latifa Ameer.

Le soufisme, à travers sa musique et sa littérature, inspire au-delà des frontières religieuses. Sur le volet de la littérature par exemple, nul ne peut nier aujourd’hui la grande notoriété de Rûmî, même en dehors des sphères turques ou soufies. Dans les pays anglo-saxons, le poète persan est cité au même titre que les grands maîtres de la sagesse universelle, comme peuvent l’être le stoïcien Marc Aurèle, ou le fondateur du taoïsme, Lao Tseu. Le nombre d’ouvrages en anglais qui lui sont consacrés est considérable.

Si le Mathnawî, œuvre universelle inclassable de Djalâl ad-Dîn Rûmî et ses autres écrits font partie aujourd’hui de la littérature universelle, c’est parce qu’ils appellent à l’introspection, la réflexion et l’imagination. Ce texte est par ailleurs considéré par les soufis comme le plus profond commentaire ésotérique du Coran. Il propose ainsi plusieurs entrées de lecture.

Coran datant du IXe siècle - Université Al Qaraouiyine.

Écouter… le ney

Élargir les espaces de conscience au-delà du matériel et du dogme est la force du soufisme. Le Festival de Fès de la culture soufie, rappel annuel de ce rayonnement mystique, s’adresse ainsi à tout un chacun. Notons que l’événement n’est pas "un festival cultuel, mais un festival culturel comme son nom l’indique. Ce n’est pas un Moussem. C’est une culture proposée à tous, quelle que soit la tradition - ou la ‘non-tradition’ - spirituelle ou culturelle", confirme la directrice artistique du festival.

L’âme du Maroc vibre ainsi pendant cet événement sur les sonorités soufies du monde entier. L’un des moments forts de la 15e édition du festival, tenue en 2022, était l’organisation d’un grand Samaâ mevlevi, dans le jardin Jnan Sbil à Fès, chanté par l’ensemble des musiciens et des derviches tourneurs turcs de Konya. "Mevlevi" fait référence à la voie soufie turque fondée par Rûmî.

"Samaâ, par son étymologie, est lié à l’écoute. La musique est un appel, mais aussi une ouverture vers le monde subtil. C’est une porte. Après il y plusieurs façons d’écouter. Il y a des disciples qui se laissent emporter dans ce qu’on appelle le Hal (faisant référence, en arabe, à l’état spirituel temporaire, ndlr). Le maître – et cela dépend des confréries - ne se laisse pas emporter dans le Hal. Il maîtrise son Hal pour aller dans la 'clairaudience'. En arabe Assamii, le 'clairaudient', est un attribut divin, qu’on peut alors développer petit à petit à notre niveau", explique Carole Latifa Ameer.

L’écoute est une notion capitale pour les soufis. Ainsi, le plus grand maître mystique, Rûmî, inaugure son Mathnawî par ce vers : "Écoute le ney (la flûte de roseau) raconter une histoire, il se lamente de la séparation".

 

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