Mondial féminin. Entre le Maroc et la France, l’émotion sera à son comble

L’équipe nationale féminine vise une place historique en quarts de finale de la Coupe du monde 2023 contre la France, ce mardi 8 août 2023 (12h), à Adélaïde en Australie. Un duel inattendu et chargé d’émotion, durant lequel les Lionnes de l’Atlas vont jouer pleinement leurs chances face à un adversaire loin d’être imbattable.

Mondial féminin. Entre le Maroc et la France, l’émotion sera à son comble

Le 7 août 2023 à 18h59

Modifié 8 août 2023 à 8h57

L’équipe nationale féminine vise une place historique en quarts de finale de la Coupe du monde 2023 contre la France, ce mardi 8 août 2023 (12h), à Adélaïde en Australie. Un duel inattendu et chargé d’émotion, durant lequel les Lionnes de l’Atlas vont jouer pleinement leurs chances face à un adversaire loin d’être imbattable.

En Australie méridionale, ce mardi 8 août 2023 à 12h (GMT+1), le stade d’Adélaïde accueillera l’une des huitièmes de finale les plus surprenantes et inattendues de la Coupe du monde féminine 2023, opposant le Maroc et la France. Ce match couperet aux allures de réunion de famille, sera marqué par des sentiments ambivalents aussi bien côté marocain que français, à la lumière des nombreux points communs partagés par les staffs et les joueuses des deux sélections.  

Personne n’aurait parié sur un tel scénario après l’entrée en lice catastrophique des Lionnes de l’Atlas face à l’Allemagne (6-0), en ouverture du groupe H. "Jouer contre l’Allemagne, deux fois championne du monde et vice-championne d’Europe, ne fut pas aisé. Mais les joueuses ont réussi à surpasser cette défaite au mental", se réjouit Patrick Cordoba, qui avait qualifié l’équipe nationale féminine des U17 au Mondial de la catégorie. Patrick Cordoba a répondu aux questions de Médias24 ce lundi 7 août 2023 dans la matinée.

Une première défaite fondatrice  

Première nation arabe à disputer une Coupe du monde féminine, le Maroc s’est qualifié en huitième, en venant à bout de la Corée du Sud et de la Colombie, qui disputaient respectivement leur 4e et 3e phase finale. Un exploit qui souligne la force mentale d’un groupe qui n’a cessé de progresser, en dépit de la défaite amère mais fondatrice face à la Mannschaft. 

Au fond, cette qualification ne doit rien au hasard. "C’est le résultat d’un travail de longue haleine fourni par Reynald Pedros et son staff, et par la Fédération royale marocaine de football", nous répond Patrick Cordoba.

"Il y a un groupe solide qui a été constitué à force de travail et d’abnégation", reprend-il. "Les joueuses adhèrent au projet. Il y a aussi une bonne osmose qui s’est créée entre le staff technique et l’effectif, composé de joueuses binationales et locales". Désormais, les protégées de Reynald Pedros ne comptent pas s’arrêter en si bon chemin, d’autant que s’avance un huitième de finale loin d’être inaccessible.

"A la différence du foot masculin, il y a moins de certitudes chez les féminines. Pour preuve, plusieurs grandes nations ont été éliminées dès la phase de groupe, dont le Brésil et l’Allemagne", analyse notre interlocuteur, qui s’attend à un match équilibré, "avec peut-être une surprise côté marocain", à l’occasion d’un rendez-vous qui semblait écrit à l’avance, tant les connivences sont multiples entre les deux équipes. 

Un rendez-vous chargé en émotions 

Côté cœur, Maroc-France va opposer deux techniciens pour qui le Maroc n’a pas seulement été une étape dans leur riche carrière respective. "J’ai de merveilleux souvenirs de mon passage au Maroc", a insisté Hervé Renard, lors de la traditionnelle conférence de presse d’avant match, tandis que Reynald Pedros, son homologue sur le banc marocain, a clairement choisi son camp. "Je suis français et mon staff est français. Mais mon cœur est marocain. Je n’aurai aucun remord ni scrupule à battre la France", souffle-t-il en conférence de presse.

En outre, le sélectionneur des Bleues, Hervé Renard, n’est pas le seul à devoir trancher entre le cœur et la raison et à avoir récemment reçu des messages "avec l’indicatif +212", comme il l’a souligné avec humour dans un entretien accordé au journal sportif L’Équipe

La défenseure des Bleues Sakina Karchaoui, née en France de parents marocains, symbolise également les liens qui unissent les deux pays. "On connaît la place que le Maroc a dans notre famille, au même titre que la France, cela va être un match plein d’émotions", prédit la joueuse dont les parents sont originaires de la ville de Taza, au Nord-Est du Maroc.  

Comme lors du France-Maroc (2-0) en demi-finales de la Coupe du monde 2022 au Qatar, ce rendez-vous aura en effet une saveur particulière ; pas seulement pour Sakina Karchaoui, mais aussi pour plusieurs joueuses marocaines ayant construit leur vie en France. Un avantage ? Pas sûr.

"Même si certaines joueuses se connaissent, je ne suis pas sûr que ce soit un avantage pour les Françaises ou les Marocaines. Les Marocaines qui jouent en France n’évoluent pas dans les grandes équipes françaises", estime Patrick Cordoba. 

En détails, sur les treize Lionnes de l’Atlas pensionnaires des championnats européens, six évoluent dans l’Hexagone. Cependant, seules les milieux Lahmari (26 ans, Guingamp), formée au PSG, et Sarah Kassi (19 ans, Fleury) ont bouclé le dernier exercice en D1 Arkema.

Car la défenseuse Nesryne El Chad (Lille) et les milieux Salma Amani (33 ans, FC Metz) et Kenza Chapelle (20 ans, FC Nantes) ont foulé les pelouses de D2, alors que la portière Inès Arouaissa (22 ans) jouait en Régional 1 avec Cannes. Cela dit, l’expérience du sélectionneur national sur le banc de l’Olympique lyonnais féminin ne sera pas superflue.

Reynald Pedros n’ignore pas les qualités adverses 

Pour beaucoup, Reynald Pedros a amené du professionnalisme et l’exigence du haut niveau aux Lionnes de l’Atlas. Logique, d’autant qu’il en avait l’expérience. L’ancien international français (25 sélections, 4 buts) et ex-milieu du FC Nantes a d’ailleurs entraîné Eugénie Le Sommer du temps où il était sur le banc de l’Olympique lyonnais (2017-2019), avant d’être engagé par la FRMF pour assurer le développement du football féminin marocain, en décembre 2020. 

Une expérience hexagonale qui sera sans doute bénéfique au sélectionneur dans la préparation de ce rendez-vous décisif. "Il a côtoyé et entraîné plusieurs joueuses de l’équipe de France [Wendie Renard, Amel Majri, Kenza Dali, Eugénie Le Sommer, Pauline Peyraud-Magnin, Selma Bacha, ndlr] ; c’est donc un avantage car il connaît leurs qualités individuelles", pense Patrick Cordoba. 

Mais collectivement, c’est une autre paire de manches. En ce sens, le travail vidéo sera important. Du côté français, on ne manque pas non plus d’indicateurs de performances sur les Lionnes de l’Atlas. Il n’y a pas que Reynald Pedros qui connaît bien les Bleues ; l’adjoint d’Hervé Renard en charge de la performance et de la data, David Ducci, détient aussi de précieuses informations

Sur les recommandations d’Hervé Renard, l’analyste vidéo avait rejoint la FRMF en 2016. Une aventure qui a duré trois ans et demi, pendant laquelle il a œuvré au développement du foot féminin à la direction technique nationale (DTN), s’occupant notamment de la sélection A et des moins de 20 ans. Néanmoins, le terrain sera le juge de paix, en dépit de toutes les indiscrétions possibles et imaginables. 

Le duo Le Sommer-Diani à museler 

Pour Patrick Cordoba, la clé du match réside dans "une bonne gestion mentale de l’événement et surtout le fait d’éviter les petites erreurs individuelles et les faits de jeu qui peuvent faire basculer un match". De son point de vue, l’équipe nationale féminine brille avant tout par sa solidité défensive, laissant très peu d’espace entre les lignes du 4-4-2 déployé par R. Pedros. 

"A part le premier match, on peut remarquer que l’équipe nationale est bien organisée. Les joueuses sont disciplinées. Chacune sait ce qu’elle a à faire, ce qui constitue une très bonne base pour avoir des résultats positifs", indique celui qui a récemment été à la tête du Centre de formation du Raja de Casablanca. 

Il n’en faudra pas moins face à l’armada française, dont les joueuses sont particulièrement habiles dans les petits espaces, avec du jeu combiné en une ou deux touches de balles et qui ne laissent que peu de temps à l’adversaire de se réorganiser, coulisser ou compenser. 

Offensivement, il va falloir surveiller le jeu de tête et les déplacements d’Eugénie Le Sommer dans la surface de réparation comme le lait sur le feu. Depuis le changement de système surprise d’Hervé Renard, qui avait abandonné son 4-3-3 pour un 4-4-2 inédit face au Brésil, Le Sommer-Diani brille de mille feux, car ce changement tactique lui a offert un précieux soutien, en la personne de Kadidiatou Diani. 

Après avoir récupéré le ballon, Diani cherche instantanément Le Sommer dans la profondeur. Au bout de cette action, Diani servira Le Sommer dans la surface de réparation pour l’ouverture du score face au Brésil.

Hervé Renard mise sur la capacité de la néo-léonaise à garder le ballon, à faire remonter le bloc et à prendre la profondeur. De surcroît, cette association donne plus de liberté à Le Sommer pour se balader sur le front de l’attaque et même décrocher pour servir d’appui à ses milieux de terrain. 

Une chose est sûre, les deux joueuses se cherchent constamment, comme le montre l’ouverture du score contre le Brésil. De plus, c’est une association plutôt payante, puisque Le Sommer a marqué contre le Brésil tandis que Diani a inscrit un triplé contre le Panama dont deux penalties.  

Comment mettre les Bleues en danger 

Le festival offensif des Bleues face au Panama, qui s’est fini sur un score de tennis (6-3), n’a pas suffi à masquer les lacunes défensives déjà entrevues lors de la victoire contre le Brésil (2-1). D’abord, les Bleues ont pris trois buts sur coup de pied arrêté à la suite de fautes complètement inutiles, qui traduisent l’indiscipline des joueuses d’Hervé Renard. Contre le Panama, elles ont commis 18 fautes et encaissé trois buts sur ces phases-là. 

Face au Brésil, c’est plutôt leur manque de concentration et des déplacements défensifs approximatifs qui ont constitué les principales lacunes du bloc défensif des Françaises, dont un marquage parfois un peu lâche [voir capture ci-dessous]. Les Marocaines devront saisir la moindre opportunité pour contrecarrer les plans des Françaises. 


Esseulée au départ de l'action, la joueur brésilienne inscrira le but égalisateur sans être une seule fois prise au marquage par les françaises.

Quoi qu’il en soit et indépendamment du résultat, "l’équipe nationale féminine aura réussi sa Coupe du monde et confirmé les bonnes performances et la bonne tenue des équipes du continent africain", conclut Patrick Cordoba. Le continent africain où justement, Reynald Pedros espère que le parcours de ses filles inspirera les jeunes Marocaines et aidera au développement de la pratique dans le pays. Comme quoi, depuis l’épopée des Marocains à la Coupe du monde 2022, tout est possible. 

Voici les compositions déquipes probables :

Maroc : Er-Rmichi ; Ait el-Haj ; El-Chad ; Benzina ; Redouani ; Ouzraoui Diki ;  Nakkach ; Chebbak (cap.) ; Tagnaout ; Lahmari ; Jraïdi.

France : Peyraud-Magnin ; Périsset ; Lakrar ; Renard (cap.) ; Karchaoui ; Dali ; Geyoro ; Toletti ; Bacha ; Le Sommer ; Diani.

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