Héritées de la période du protectorat français, les Maisons de jeunes, qui ont vu naître des artistes marocains de renom et ont donné voix à plusieurs militants à travers l’histoire, sont désertées de jour en jour.

Dans l’imaginaire collectif, les activités qui y sont proposées ne s’adaptent plus aux besoins ni aux centres d’intérêt de la jeunesse actuelle, et même les édifices portent les signes de cette désuétude.

C’est dans ce contexte que le ministre de la Jeunesse, de la culture et de la communication, Mehdi Bensaid, avait annoncé en avril 2022, la construction et/ou la réhabilitation de 200 Maisons de jeunes, dont 50 en milieu rural. L’objectif étant de répondre aux attentes changeantes des jeunes et d'impulser un regain d’intérêt.

"Redynamiser et revaloriser les Maisons de jeunes", telle est l’ambition du département de la Culture sous la tutelle de Bensaid, qui lance depuis quelques années des initiatives nationales de réhabilitation et de restructuration des Maisons de jeunes. Dans ce sens, et comme nous le rapportions précédemment, la société Rabat Régions Aménagements (RRA) avait lancé en avril 2022, un appel d’offres pour la construction de deux nouvelles Maisons de jeunes au niveau des quartiers Yacoub Al Mansour et Youssoufia.

Un repère urbain plaisant pour l’œil et l’esprit

En attendant l’ouverture d'autres établissements lancés par le ministère de la Culture, celui de Harhoura, qui a ouvert ses portes en mars 2023, est un exemple concret de ces lieux de rencontre qui ont fait peau neuve en s’adaptant aux besoins actuels des jeunes et en innovant en matière d’esthétisme et d’aménagement d’espace.

La reconstruction de l’édifice, qui a coûté près de 8,5 millions de DH, a été réalisée par le cabinet d’architecture Orange Atelier.

La ville de Harhoura, petite commune urbaine à quelques kilomètres de Rabat, est connue pour ses plages rocheuses et ses grottes historiques, où les plus anciennes parures ont été retrouvées. Ces éléments ont orienté la conception architecturale du nouveau bâtiment de la Maison de Jeunes, nous explique Montacir Laouina, architecte à Orange atelier, chargé de la Recherche et du Développement.

Dans le détail, celui-ci nous confie que "le souci premier du cabinet était de créer un espace urbain axé sur la culture, qui incarne le patrimoine naturel et culturel de la ville de Harhoura. L’approche de la métaphore architecturale semblait appropriée pour créer une connexion avec l’usager de l’espace, tout en établissant un ancrage significatif dans l’imaginaire de la ville".

Grâce à sa façade imposante et rocheuse, la Maison de jeunes, située à quelques minutes à pied de la corniche, accroche le regard. Elle sublime la ville et peut être appréciée à différentes échelles : lorsqu’on passe à côté ou quand on est de passage en voiture dans l’axe très fréquenté de la corniche de Harhoura. La Maison de jeunes devient ainsi non seulement un espace d’épanouissement pour les jeunes, mais aussi "un repère urbain" plaisant pour l’œil et l’esprit.

L’édifice est "la résultante d'une réponse aux exigences environnementales, ainsi que d'une recherche de qualité de lumière naturelle, permettant une scénographie authentique au lieu", nous explique-t-on. Le bâtiment combine ainsi objectifs plastique et fonctionnel.

Quand les jeunes s’approprient leur espace de vie

Une autre particularité du projet est qu’il a été conçu avec la contribution des étudiants d’architecture d’intérieur de 4e et 5e année qui ont, sous la supervision de notre interlocuteur, visité d’anciennes Maisons de jeunes et suivi une formation autour de la thématique de l’accueil; le but étant de concevoir de façon collaborative l’entrée de la Maison de jeunes en termes d’aménagement, de création de mobilier et de branding.

Si la fonction primaire de cette Maison de jeunes est de combler le manque d’activités musicales dans la région, l’aménagement de l’espace a été pensé de sorte à permettre une utilisation multiple. "C’est un espace évolutif, multifonctionnel qui s’adapte à plusieurs événements et projets développés par le ministère de la Jeunesse", souligne Laouina.

Ouverte en mars 2023, la Maison de jeunes de Harhoura compte aujourd’hui près de 700 adhérents qui bénéficient d’une pléthore d’activités, notamment des ateliers musicaux, d’arts martiaux, de danse, de théâtre et de dessin, précise sa directrice, Fatima Beladoul, contactée par Médias24.

Sur les deux étages du bâtiment, ont été aménagés une salle de formation, une salle de gaming, un studio d’enregistrement et un espace dédié à l’événementiel. La directrice de la Maison de jeunes de Harhoura nous parle également de l’aménagement éventuel d’une salle de cinéma, projet toujours en discussion au niveau du ministère.