Poursuite du redressement de l'économie au 2e trimestre, selon une note du HCP

La note trimestrielle de conjoncture du haut-commissariat au Plan analyse les différentes tendances, les derniers chiffres et en déduit des estimations et des projections. Elle estime ainsi la croissance économique à 3,2% au deuxième trimestre et prévoit une légère accélération au 3e trimestre à 3,4%.

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Poursuite du redressement de l'économie au 2e trimestre, selon une note du HCP

Le 6 juillet 2023 à 7h50

Modifié 6 juillet 2023 à 19h04

La note trimestrielle de conjoncture du haut-commissariat au Plan analyse les différentes tendances, les derniers chiffres et en déduit des estimations et des projections. Elle estime ainsi la croissance économique à 3,2% au deuxième trimestre et prévoit une légère accélération au 3e trimestre à 3,4%.

La note de conjoncture du haut-commissariat au Plan (HCP) fournit des estimations et des projections, tout en rappelant les derniers chiffres des indicateurs principaux de conjoncture.

Pour ce qui est du taux de croissance économique, et en attendant le chiffre officiel qui est celui de la Comptabilité nationale, on note avec intérêt que le HCP estime la croissance à 3,2% au deuxième trimestre et ajoute une projection de 3,4% au 3e trimestre. Au 1er trimestre, la Comptabilité nationale (chiffre officiel donc) avait annoncé une croissance de 3,5%.

Autre point positif : le redémarrage de la demande intérieure et de la consommation des ménages après une année 2022 inédite qui avait vu une baisse de la demande pour la première fois depuis au moins vingt ans.

Le repli de l'investissement se poursuit néanmoins, essentiellement dans les activités de construction. L'inflation est en décélération, mais reste élevée.

Ci-dessous, une synthèse des principaux points de la note du HCP. Le conditionnel est utilisé dans la note à chaque fois qu'il s'agit d'estimations et de projections.

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Les perspectives de croissance pour les deuxième et troisième trimestres 2023 sont orientées vers un renforcement du ralentissement de l’économie mondiale, une modération plus accentuée de la demande étrangère adressée au Maroc et une réduction progressive des tensions inflationnistes.

L’économie nationale aurait toutefois poursuivi son redressement au deuxième trimestre 2023, après avoir progressé de 3,5% au premier trimestre. Elle aurait été tirée par une amélioration conjointe de la valeur ajoutée agricole de 6,3% et de celle des activités hors agriculture de 3%. Au troisième trimestre 2023, la croissance économique s’accélérerait légèrement à 3,4% avec une amélioration des déterminants de la consommation des ménages et une atténuation du repli de l’investissement.

- Taux de croissance 1er trimestre (Comptabilité nationale, chiffre officiel) : +3,5%

- Taux de croissance 2e semestre (estimation du département conjoncture du HCP) : +3,2%

- Taux de croissance 3e trimestre (projection du département conjoncture du HCP) : +3,4%

Affaiblissement de la croissance économique mondiale sous l’effet des politiques de resserrement financier

Dans un contexte marqué par le recul de la production manufacturière et la poursuite du durcissement des conditions monétaires et financières, la croissance économique mondiale aurait poursuivi son ralentissement au deuxième trimestre 2023.

La demande mondiale adressée au Maroc se serait toutefois montrée relativement résiliente, affichant une hausse de 2,5%, en variation annuelle, tirée par les services, alors que celle destinée aux biens aurait été particulièrement molle lors de la même période.

Les cours mondiaux des matières premières seraient revenus, depuis le début de l’année 2023, à des niveaux bien en dessous de ceux enregistrés à la mi-2022, avec toutefois une volatilité plus importante.

Dans l’ensemble, la progression des prix à la consommation se serait établie à +4,4% aux Etats-Unis, à +6,5% en zone euro et à +0,1% en Chine au deuxième trimestre 2023.

Amélioration des échanges extérieurs portée par les services et l’automobile

Au deuxième trimestre 2023, le volume des exportations des biens et services, en hausse de 7,1%, aurait été tiré particulièrement par les services d’hébergement et de restauration (donc le tourisme) et par les ventes de l’automobile, alors que celui des importations n’aurait crû que de 2,2% en variation annuelle, profitant du recul des achats des demi-produits et des produits bruts.

En valeur, les exportations de biens, en baisse de 2,3%, auraient connu une évolution contrastée. Les ventes extérieures de l’automobile dans les segments « construction » et « câblage » auraient continué de soutenir les exportations globales, avec une contribution positive de 8,7 points, suivies de celles du textile et cuir (+1,6 point) et des produits des industries électriques et électroniques (+1,5 point). À l’inverse, les expéditions des phosphates et de leurs dérivés y auraient contribué négativement (-12,6 points), pâtissant de l’atonie de la demande extérieure.

Dans un contexte de reflux des prix des matières premières, les importations de biens en valeur se seraient pour leur part repliées de 6,6%, portées par l’allégement de la facture énergétique, en particulier les achats de houille, des combustibles et des gasoils et fuels.

Le repli plus prononcé des importations des biens, en valeur, par rapport aux exportations se serait traduit par un allègement du déficit de la balance commerciale des biens, engendrant une amélioration du taux de couverture au deuxième trimestre 2023 de 2,8 points par rapport à la même période de 2022, pour atteindre 63,2%.

Redressement de la demande intérieure après 5 trimestres de baisse

En retrait par rapport à sa dynamique d’expansion de moyen terme, la demande intérieure se serait néanmoins renforcée au deuxième trimestre 2023, portant sa contribution à la croissance économique globale à 1,2 point, au lieu de -0,1 point au trimestre précédent.

Elle aurait été particulièrement portée par l’amélioration des dépenses de consommation, notamment celles des administrations publiques, en hausse de 2,8% en variation annuelle. Celles des ménages se seraient légèrement redressées, entraînant une inflexion à la hausse des importations de biens de consommation. Le jugement des consommateurs sur les perspectives d’évolution future de leur situation financière aurait connu une légère inflexion à la hausse au deuxième trimestre et leurs perceptions sur les opportunités d’achat de biens durables se seraient stabilisées. En variation annuelle, la consommation des ménages se serait accrue de 1,5% au deuxième trimestre 2023, au lieu de +0,1% au premier trimestre.

Le repli de l’investissement se serait, à l’inverse, prolongé au deuxième trimestre 2023, malgré le renforcement des dépenses d’investissement budgétaire. L’investissement des entreprises se serait infléchi, dans un contexte de faible progression de la demande extérieure et de hausse du coût de financement. Le taux moyen d’emprunt pour l’équipement se serait en effet accru de 50 points, s’établissant à 4,84% au premier trimestre. La baisse des dépenses d’investissement aurait principalement concerné les produits de construction, tandis que celles en services auraient ralenti, tout en affichant une croissance positive (+2,5%, en variation annuelle).

L’inflation régresse mais reste encore élevée

Au deuxième trimestre 2023, le rythme de croissance des prix à la consommation, bien qu’encore élevé, aurait légèrement décéléré pour la première fois depuis six trimestres de hausse continue, s’établissant à +7,1% en glissement annuel, au lieu de +9,1% un trimestre auparavant. Ce retournement de tendance aurait résulté du recul des prix des produits non alimentaires de plus de la moitié (+1,4%) par rapport à +3,5% enregistré au premier trimestre, et d’une décélération de 17,6% à 15,5% amorcée au niveau des prix des produits alimentaires.

L’atténuation des pressions inflationnistes importées se serait traduite par une baisse des prix de l’énergie et un début de ralentissement des prix des denrées alimentaires. La contribution négative des prix de l’énergie (-0,5 point) et le ralentissement des prix des produits manufacturés, sous l’effet de la décélération de ceux des véhicules et des biens d’équipement ménager non durables, auraient induit une réduction de l’inflation des produits non alimentaires. Le fléchissement d’un point par rapport au trimestre précédent de la contribution des prix des denrées alimentaires hors frais, en lien avec le repli des prix de l’huile de table, des céréales non transformées et des produits à base de céréales, aurait, pour sa part, favorisé le recul de ceux des produits alimentaires.

Ces effets baissiers auraient été toutefois compensés par la poursuite de l’expansion des prix des produits frais (+2,5 points de contribution), reflétant l’accélération des prix des agrumes, des fruits et des légumes frais. Les disponibilités plus restreintes des produits agricoles, sous l’effet du déficit hydrique persistant, ainsi que la hausse des coûts de production et de distribution auraient entravé la décélération rapide du taux d’inflation des produits alimentaires frais. En outre, le mouvement de persistance de l’inflation aurait été également alimenté par la légère hausse des prix des services, notamment ceux du transport aérien, de la restauration et des consultations médicales.

L’inflation sous-jacente, qui exclut les prix soumis à l’intervention de l’Etat et les produits à prix volatils, aurait progressé quant à elle de 6,5% sur un an, mais aurait également affiché un recul par rapport à +8,2% enregistré au premier trimestre 2023, du fait du reflux de l’inflation des produits alimentaires hors frais et de celle des produits manufacturés.

Amélioration des activités hors agriculture

La croissance de l’activité hors agriculture aurait atteint +3%, au deuxième trimestre 2023, au lieu de +2,9% au trimestre précédent.

La valeur ajoutée des industries extractives se serait repliée de 8,6%, au deuxième trimestre 2023, en variation annuelle, au lieu de -11,8% un trimestre plus tôt.

L’activité du secteur BTP aurait également poursuivi son repli au rythme de -1,8% au deuxième trimestre 2023, au lieu de -3,4% un trimestre plus tôt. L’activité des travaux publics se serait inscrite en hausse pour le troisième trimestre consécutif, comme en attestent les déclarations des chefs d’entreprises largement optimistes quant aux perspectives des travaux de génie civil. En revanche, la production de logements, en phase de repli conjoncturel, aurait continué de subir la faible dynamique de la demande de crédit des ménages et les effets induits de la hausse des taux d’intérêt et des prix.

L’industrie manufacturière aurait, pour sa part, conservé un rythme de progression modéré, avoisinant +1,1% au deuxième trimestre 2023. Cette hausse aurait été portée par une amélioration de 1% de l'industrie agroalimentaire, soutenue par une demande solide à l'exportation, notamment pour les conserves de fruits dont les exportations auraient presque doublé au cours des mois d’avril et mai 2023, comparativement à la même période de 2022. La branche de la fabrication du matériel du transport aurait maintenu sa trajectoire ascendante avec une croissance de 13,6%, tirée par l’évolution positive des ventes de l’automobile, notamment celles des voitures de tourisme et leurs pièces détachées, qui auraient crû respectivement de 16,3% et 16,4%. En revanche, la filière des industries liées à la construction aurait poursuivi son repli et celle de l'industrie chimique aurait subi une baisse de 3,7% au deuxième trimestre 2023, sur fond de poursuite de la contraction des quantités d'engrais exportées.

Dans le tertiaire, la valeur ajoutée de l’hébergement et de la restauration aurait augmenté de 39,2%, en variation annuelle, retrouvant quasiment son niveau de 2019. Les arrivées des touristes aux postes-frontières auraient augmenté de 58% aux mois d’avril-mai 2023, en variation annuelle, pour atteindre 2,2 millions, et les nuitées touristiques se seraient accrues de 81%. Les recettes voyages auraient suivi la même tendance, affichant une hausse de 44%, en variation annuelle, pour se situer à 15,7 milliards de DH. La croissance des secteurs des télécommunications et de l’immobilier aurait, à l’inverse, décéléré en raison d’un ralentissement de la consommation de ces services par les ménages.

Poursuite du redressement de la production agricole

La valeur ajoutée agricole aurait progressé de 6,3%, en glissement annuel, au deuxième trimestre 2023, après une baisse de 13,5% une année plus tôt. La production végétale se serait redressée, portée par l’amélioration, sous effet de base, de la récolte des trois principales céréales de 61,6% en variation annuelle. La production de l’orge aurait presque doublé, tandis que celle des blés aurait crû de 53,6%. Hors céréales et légumineuses, la production des cultures, notamment celle de la betterave et canne à sucre et des maraîchères de saison aurait été sensiblement affectée par les températures de saison plus élevées par rapport à la normale et par les faibles apports de l’irrigation, avec un taux de remplissage des barrages se situant à 32,1% à fin juin 2023. En particulier, la production de la pomme de terre se serait infléchie, entraînant une augmentation de plus du quadruple de ses quantités importées aux mois d’avril et mai 2023. Les exportations des maraîchères de saison se seraient, dans le même sillage, contractées de 17% au cours de la même période.

Dans la branche animale, les tensions enregistrées au début de l’année se seraient légèrement atténuées au deuxième trimestre 2023, au niveau de la filière de viande rouge, avec un bondissement des importations d’animaux vivants. La baisse de la production de la filière laitière se serait poursuivie, induisant une augmentation des importations du lait de 7% en avril et mai 2023. Pour sa part, l’activité avicole, principal support de la production animale dans les périodes de sécheresse, aurait été également en berne. La production avicole se serait de nouveau rétractée, entraînant une hausse sensible des prix à la consommation de viande de poulet de 14%. La poursuite du renchérissement des aliments composés aurait pesé sur la production de viande de poulet de chair en baisse de 6,9% au cours des mois d'avril et mai 2023, en variation annuelle.

Compte tenu des estimations sectorielles et des indicateurs collectés jusqu’à fin juin 2023, la croissance économique nationale se serait ainsi établie à +3,2% au deuxième trimestre 2023, au lieu de +3,5%, le trimestre précédent.

Perspectives de légère accélération de la croissance économique nationale au troisième trimestre 2023

La croissance de la demande mondiale adressée au Maroc devrait dans l’ensemble se modérer sensiblement au troisième trimestre, avec une hausse prévue de 2%, en variation annuelle, au lieu de +7,7% lors de la même période une année auparavant. En conséquence, la contribution de la demande extérieure nette à la croissance économique nationale resterait positive, mais se réduirait à +1,9 point au lieu de +3,1 points au cours de la même période de l’année passée.

En l’absence de tensions majeures sur le marché mondial des matières premières, l’inflation devrait refluer au niveau national à +5,4% au troisième trimestre 2023, et sa composante sous-jacente pourrait diminuer jusqu’à 4,8%, à la suite d'une moindre hausse des prix alimentaires et manufacturiers. Dans ces conditions, la demande intérieure poursuivrait son amélioration, contribuant pour 1,5 point à la croissance économique globale. La consommation des ménages progresserait de 1,9%, mais l’investissement des entreprises tarderait à se redresser, du fait de la faible progression des marges des entreprises.

La résilience de la demande devrait entretenir une hausse de la valeur ajoutée des activités hors agriculture de 3,3%, au troisième trimestre 2023, en variation annuelle. Essentiellement soutenue par les services de l’hébergement et la restauration depuis la mi-2021, la croissance hors agriculture se rééquilibrerait progressivement au profit des autres branches d’activité. La production manufacturière afficherait une hausse de 1,6%, grâce à une demande mieux orientée pour les industries liées à la construction et une poursuite de l’affermissement des branches de fabrication du matériel de transport. Le repli des activités du bâtiment s’atténuerait, sur fond d’une accélération de la production du logement social, et les services afficheraient, pour leur part, une croissance de 4,5%.

La valeur ajoutée agricole devrait, de son côté, enregistrer une hausse de 6,8% au troisième trimestre 2023, portée par la poursuite du redressement de la production végétale. La baisse de la production animale s’atténuerait, dans un contexte de mise en œuvre des mesures de lutte contre les effets de la sécheresse visant à assurer un approvisionnement suffisant en orge pour les éleveurs de grand bétail.

Dans l’ensemble, l’activité économique devrait progresser de 3,4%, au troisième trimestre 2023, en variation annuelle, au lieu d’une hausse de 1,9% au cours de la même période de l’année antérieure.

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