La croissance s'essouffle dans les cinq plus grandes économies africaines (McKinsey)

Selon une récente étude de McKinsey, les cinq plus grandes économies de l'Afrique, dont le Maroc, ont enregistré une croissance consolidée plus lente que le reste du continent. Les pays africains pourraient collectivement ajouter 200 milliards de dollars à leurs économies d'ici 2030.

La croissance s'essouffle dans les cinq plus grandes économies africaines (McKinsey)

Le 5 juillet 2023 à 17h59

Modifié 5 juillet 2023 à 18h31

Selon une récente étude de McKinsey, les cinq plus grandes économies de l'Afrique, dont le Maroc, ont enregistré une croissance consolidée plus lente que le reste du continent. Les pays africains pourraient collectivement ajouter 200 milliards de dollars à leurs économies d'ici 2030.

Selon une récente étude de McKinsey élaborée en juin 2023 et intitulée "Réimaginer la croissance économique en Afrique : transformer la diversité en opportunités", les économies africaines pourraient relancer leur croissance en améliorant leur productivité via une transition numérique accélérée, une valorisation des compétences locales, une collaboration inter-régionale accrue, des investissements dans l'urbanisation et la promotion des entrepreneurs locaux.

Les cinq plus grandes économies du continent, dont l'Algérie, l'Égypte et le Maroc, figures de proue de l'Afrique du Nord, ainsi que le Nigeria et l'Afrique du Sud en Afrique subsaharienne, ont enregistré une croissance consolidée plus lente que le reste du continent, rendant ainsi plus difficile l’amélioration des conditions de vie pour 400 millions de personnes qui vivent en dessous du seuil de pauvreté en Afrique.

L’étude révèle que ces cinq principales économies africaines ont engendré à elles seules près des trois quarts du PIB de l'Afrique en 2019. Malgré un début de décennie marqué par une hausse significative des investissements et des exportations, leur croissance ultérieure a rapidement été freinée par de nombreux facteurs.

Le Maroc fait partie des pays dont la croissance s'est essoufflée

Ainsi, le Maroc figure parmi les 13 pays africains que l'étude regroupe sous l'appellation "ralentissements récents". Il s'agit des économies qui constituent plus de la moitié des exportations de matières premières du continent, et qui ont affiché une croissance économique supérieure à la moyenne continentale durant la première décennie du nouveau millénaire, mais dont la croissance s'est essoufflée entre 2010 et 2019.

L'Algérie, quant à elle, est considérée par l’étude comme étant un pays à "croissance lente", avec une économie qui croît faiblement depuis 2000. Toutefois, cette tendance au ralentissement n'est pas représentative de l'ensemble du continent.

En effet, l'étude réalisée par McKinsey insiste sur la pluralité africaine et met en lumière le fait que près de la moitié de la population du continent réside dans des pays ayant connu une croissance économique soutenue ces vingt dernières décennies. Ces économies, en majorité de taille moyenne et situées en Afrique de l'Est et de l'Ouest, ont enregistré en moyenne une croissance annuelle du PIB de plus de 4%.

Selon Mehdi Lahrichi, directeur associé du bureau de McKinsey à Casablanca, qui s'est exprimé dans un communiqué, "il n'y a pas une seule Afrique, car les niveaux de progrès économique, de croissance démographique, de taux d'urbanisation et de productivité diffèrent considérablement à travers le continent. Ainsi, alors que des pays comme le Maroc, l'Égypte et la Tunisie ont atteint une électrification urbaine quasi totale, une centaine de millions de citadins africains restent privés d'électricité".

Avec un rythme d'urbanisation parmi les plus rapides de la planète et une population active et consommatrice en plein essor, l'Afrique, malgré une performance décevante au cours de la dernière décennie, est désignée par le rapport comme un marché émergent prometteur, appelé à prospérer de manière exponentielle dans les années à venir.

Secteur des services en Afrique : la productivité la plus basse au monde

Cette étude souligne que bien que les services présentent d'immenses opportunités pour stimuler la production économique et la création d'emplois en Afrique, cela ne sera réalisable que si la productivité du secteur s'accroît.

En 2019, la productivité des services en Afrique était la plus basse de toutes les régions du monde, et le secteur a connu une baisse de productivité de 0,1% durant la décennie 2010-2019.

Cette situation est en partie due à un déplacement disproportionné vers certains sous-secteurs, comme le commerce, dont la productivité est freinée par un niveau élevé d'informalité et de fragmentation.

À l'inverse, les secteurs à forte productivité, comme les services financiers et les services aux entreprises, ne représentent aujourd'hui que moins d'un cinquième de la valeur ajoutée brute de l'Afrique.

Ainsi, des mesures ciblées visant à améliorer la productivité dans les services, incluant l'augmentation de la numérisation et le développement des compétences, devraient être mis en place. L'étude a révélé qu'en atteignant le même taux de croissance de la productivité que les principaux centres de services en Asie, l'Afrique pourrait ajouter 1.400 milliards de dollars à l'économie du continent d'ici 2030, permettant ainsi de créer 225 millions d'emplois, un enjeu crucial au vu de la croissance rapide de la population active africaine.

Les orientations pour une croissance basée sur la productivité

Selon l'études, d'autres possibilités pour une croissance basée sur la productivité résident dans l'augmentation de la production domestique et des exportations pour satisfaire une demande locale en forte croissance, le renforcement des liens régionaux, des investissements visant à améliorer la productivité des ressources pour soutenir la transition énergétique mondiale et l'amélioration de la productivité de l'agriculture.

"Alors que des pays comme le Maroc, l'Éthiopie et le Rwanda ont réussi à stimuler rapidement leur production agricole, d'autres nations africaines demeurent à la traîne en termes de productivité. Nos analyses indiquent que si les pays africains parvenaient à égaler la croissance de la productivité de l'agriculture indienne entre 1980 et 1990, ils pourraient collectivement ajouter 200 milliards de dollars à leurs économies d'ici 2030, soit 40 milliards de dollars de plus que ce qui est prévu aux niveaux de productivité actuels. Les retombées sur la production et la sécurité alimentaires pourraient être significatives", souligne Mehdi Lahrichi, directeur associé du bureau McKinsey à Casablanca et directeur associé de McKinsey au Maroc.

Par ailleurs, l'étude dresse d'autres orientations pour les nations africaines, à savoir l'amélioration des infrastructures urbaines et l'accroissement du nombre de grandes entreprises privées sur le continent, en particulier les entreprises locales.

L'étude démontre que d'ici 2030, la majorité des grandes entreprises africaines qui feront preuve de résilience pourraient ajouter 550 milliards de dollars à leur chiffre d'affaires en pénétrant de nouveaux marchés et en augmentant leur productivité. Le continent africain abrite environ 345 entreprises avec un chiffre d'affaires annuel dépassant 1 milliard de dollars. Le Maroc compte 20 grandes entreprises, soit environ un septième du nombre d'entreprises en Afrique du Sud, alors que son PIB est un tiers de celui de l'Afrique du Sud, "ce qui suggère la possibilité d'augmenter de manière significative le nombre de ces champions nationaux" souligne l'étude.

 

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