Les grands axes de la future feuille de route de l'artisanat avec la ministre de tutelle

Médias24 s'est entretenu avec Fatim-Zahra Ammor sur la future feuille de route qui ambitionne de développer la commercialisation nationale et les exportations de produits d’artisanat. Une nouvelle vision pour un secteur clé de l’économie nationale qui emploie plus de 2,4 millions d’artisans et contribue à hauteur de 7% au PIB.

Les grands axes de la future feuille de route de l'artisanat avec la ministre de tutelle

Le 22 juin 2023 à 16h03

Modifié 22 juin 2023 à 16h46

Médias24 s'est entretenu avec Fatim-Zahra Ammor sur la future feuille de route qui ambitionne de développer la commercialisation nationale et les exportations de produits d’artisanat. Une nouvelle vision pour un secteur clé de l’économie nationale qui emploie plus de 2,4 millions d’artisans et contribue à hauteur de 7% au PIB.

Depuis la réouverture des frontières en février 2022, le secteur de l’artisanat enchaîne les bonnes performances avec une croissance constante des exportations. Ainsi, le chiffre d’affaires qui était de 596 MDH en 2020 a atteint près de 1 milliard de DH en 2022. L’occasion de solliciter la ministre de tutelle qui nous expose la transformation structurelle d’un secteur, avec une nouvelle feuille de route dédiée jusqu’à 2030.

"Une vision stratégique en cours de réalisation"

Lors de son passage, le mardi 13 juin devant le Parlement, la ministre du Tourisme, de l’artisanat et de l’économie sociale et solidaire a annoncé que sa vision stratégique serait prête d’ici la fin de l’année pour développer ce secteur structurant pour l’économie nationale, producteur de richesses et générateur d’emplois.

En termes de chiffres, le potentiel économique de l’artisanat ne cesse en effet de se confirmer à travers ses réalisations, notamment un nombre d’emplois qui avoisine les 2,4 millions d’artisans, soit plus de 20% de la population active marocaine, une participation au PIB d’environ 7%, un chiffre d’affaires estimé à 140 MMDH, et des exportations exceptionnelles en 2022 de plus de 1 milliard de DH. Il s'agit ici de la globalité de ce secteur qui comprend, d'un côté, l'artisanat d'art et de production lucrative, et l'artisanat de services, de l'autre.

Sollicitée par Médias24, Fatim-Zahra Ammor affirme que ces résultats sont le fruit des efforts de l’Etat, qui  utilise tous les outils à sa disposition pour renforcer et valoriser le potentiel économique du secteur, pour que l’artisanat puisse jouer un rôle déterminant dans le développement socio-économique du Maroc.

Une transformation sectorielle nécessaire pour un potentiel encore sous-exploité

À ce propos, la ministre souligne que son département s’est engagé à accélérer sa transformation au niveau de son potentiel national, mais également en matière d’exportations vers des marchés étrangers, dont les USA, la France et les pays arabes sont les plus importants.

"C’est d’ailleurs dans cet esprit que nous nous sommes engagés dans de grands chantiers qui concernent la structuration du secteur, le renforcement de la compétitivité des artisans et la qualité des produits de l’artisanat, et ce sur toute la chaîne de valeur", précise-t-elle en ajoutant que ces grands chantiers de transformation structurelle vont s’articuler autour de deux axes stratégiques majeurs.

Renforcement de la structuration et de l’organisation du secteur

Le premier axe structurel passe, selon elle, par la mise en application de la loi 50-17 relative à l’exercice des activités du secteur, dont les textes d’application ont été promulgués en janvier 2022.

"Un grand pas en avant a été réalisé car, après des années de doléances des professionnels, la loi 50-17 a enfin pu voir le jour. Hormis son action structurante, elle a le mérite d’avoir initié et impulsé un certain nombre d’initiatives importantes", déclare la ministre avant de lister chacune d’entre elles.

Plusieurs nouveautés qui concernent la protection sociale des artisans, un registre national, un conseil national…

En premier lieu, la mise en application d’un chantier royal de protection sociale et de couverture médicale (Assurance maladie obligatoire). Ainsi, le secteur de l’artisanat a été l’un des premiers secteurs cibles de ce chantier à caractère social, dans le cadre duquel il a pu renforcer le rôle social qu’il continue de jouer.

Ayant bénéficié lors du lancement de ce chantier de deux conventions signées devant le Roi Mohammed VI en avril 2021, le ministère s’est engagé à mettre en œuvre des actions le concernant, ayant abouti à l’enregistrement à ce jour (juin 2023) de 520.000 artisans et artisanes dans le régime des travailleurs non salariés.

La deuxième initiative concerne la mise en place d'un Registre national des artisans qui constitue une action incontournable et un passage obligatoire pour l’organisation du secteur, la valorisation du statut d’artisan et de son savoir-faire, et pour la résolution de la problématique historique de migration de la sphère informelle vers la sphère formelle. Ainsi en juin 2023, le nombre d’inscrits a atteint 370.000 artisanes et artisans.

Tertio, la création du Conseil national de l’artisanat, qui est une instance consultative dont les travaux seront lancés incessamment, chargée, entre autres, de mettre en place un cadre contractuel stratégique pour le secteur.

Enfin, la structuration du tissu associatif du secteur, à travers la création d’organisations professionnelles représentatives des activités d’artisanat, au niveau provincial, régional et national. Il s’agit d’un chantier en cours de préparation par le ministère.

Des programmes pour améliorer la qualité de l’offre et booster les exportations

Selon Fatim-Zahra Ammor, le deuxième grand axe de la feuille de route a pour ambition d’améliorer l’offre du secteur et la commercialisation des produits d’artisanat notamment sur les marchés extérieurs :

"Conscient du fait que la réalisation de ses objectifs, avec en tête celui du développement des exportations, passe par l’amélioration et le renforcement des autres maillons de la chaîne de valeur, nous avons initié un vaste programme intégré, piloté par la Maison de l’artisan (MDA) qui reposera sur plusieurs sous-programmes.

"D’abord, un programme d’appui aux acteurs de l’export qui est déjà bien entamé. Concernant toute la chaîne de valeur des exportations, il aura pour vocation de cibler les acteurs déjà établis à l’export ainsi que les acteurs novices ou ceux à potentiel d’export."

"De plus, il vise la mise en œuvre d’une offre de 19 initiatives programmées, touchant les volets de la sensibilisation, l’identification et la mise à disposition d’informations pertinentes et régulières sur les marchés porteurs, l’évaluation du potentiel d’export, ou encore le suivi post-export."

"Ensuite, un programme d’appui aux agrégateurs de l’artisanat afin de surmonter les problématiques liées à la satisfaction des commandes en volume, au faible pouvoir de négociation des artisans, notamment les individuels et les coopératives, et à la faiblesse des débouchés pour eux."

Basé sur une offre de 14 initiatives, ce programme spécifique vise à appuyer tout le processus d’agrégation, à partir de l’incitation jusqu’au lancement, accompagnement, développement du projet et au suivi post-projet.

À noter également que la phase pilote des programmes d’appui à l’export et à l’agrégation a été réalisée auprès de 7 entreprises marocaines, en collaboration avec des acteurs du secteur public et du privé.

Quant au Programme de création des centres d’excellence, il ambitionne d'appuyer la montée en gamme des produits d’artisanat et d'améliorer durablement la compétitivité du tissu artisanal, notamment les entreprises, et de développer les compétences des ressources humaines du secteur.

Ce programme innovant couvre tout le processus d’accession à l’excellence, de l’accompagnement à la structuration des acteurs, leur transformation et l’atteinte de l’excellence, et ce, à travers 3 composantes identifiées : les unités de production, le capital humain et le produit.

Parallèlement à ce qui précède, et suite à la réflexion menée autour de son mode de travail et d’intervention, surtout après la mise à l’épreuve causée par la crise du Covid-19, un nouveau concept a été adopté, basé sur le développement de la chaîne de valeur spécifique à chacune des filières.

Deux opérations pilotes ont ainsi été lancées, concernant les filières Tapis rural et Poterie, mettant à exécution une panoplie d’actions concrètes et ciblées pour chacune d’elles, et touchant aussi bien l’approvisionnement en matières premières que les volets de promotion et de commercialisation des produits, en passant par les techniques et procédés de production, le design, etc.

Poursuite des chantiers classiques structurants

En parallèle, le ministère continue de travailler sur ses chantiers structurants, parmi lesquels les infrastructures de production, la formation professionnelle, la certification, la préservation des métiers menacés de disparition, et enfin la promotion de l’artisanat et le renforcement du rayonnement national et international des produits artisanaux.

À cet effet, le ministère, avec la MDA, a signé des partenariats avec de grandes chaînes de distribution internationales telles que Les Galeries Lafayette à Paris, où 20 marques de l’artisanat marocain ont exposé leurs produits durant le mois de mai.

Une autre participation de l’artisanat marocain s’est démarquée pour la première fois au Salon del Mobile de Milano, qui est le plus grand Salon de l’immobilier au niveau international. Au Maroc, d’importantes opérations de commercialisation des produits artisanaux ont été réalisées dans plusieurs centres commerciaux, notamment avec le groupe Aradei.

Toujours au niveau national, un nouvel élan a été insufflé au chantier de la Semaine nationale de l’artisanat, ayant abouti à un concept nouvelle génération, qui a été opérationnalisé lors de la 7e édition de cette manifestation en décembre 2022. Cette édition a connu un franc succès à travers notamment l’organisation du Forum international de Marrakech des arts et des métiers, et le renforcement de la commercialisation sur le plan national, par l’organisation de diverses opérations commerciales sur des plateformes stratégiques, et de foires régionales par les chambres d’artisanat.

Les infrastructures de production et de commercialisation qui se veulent être des espaces adaptés aux besoins de production et de commercialisation des différents acteurs du secteur. Ils sont le fruit de programmes de partenariats à l’échelle nationale et locale, et varient entre espaces d’exposition - vente, villages et complexes intégrés, zones d’activités et Dar Sanaa en milieu rural.

Leur nombre a atteint 102 infrastructures existantes, 36 autres en cours de mise en service, 21 projets en chantier et 24 en cours d’études techniques, en plus de 98 Dar Sanaa réparties au niveau national. Et ce, sans compter les 88 projets inscrits dans le cadre des programmes de valorisation des anciennes médinas (foundouks, drazs, souks traditionnels, …), dont 17 sont achevés, 52 en chantier et 19 en cours d’études.

La formation professionnelle dans l’artisanat, avec un nouveau programme élaboré visant l’amélioration de l’attractivité de l’offre de formation du secteur et la mise à niveau du dispositif avec ses deux composantes, la résidentielle et l’apprentissage, et ce, à travers l’amélioration du niveau d’encadrement et des encadrants, la modernisation des programmes et des procédés de formation, l’introduction de nouvelles branches de formation, etc. Aujourd’hui, le secteur dispose de 62 établissements de formation, avec une capacité d’accueil de 30.000 places pédagogiques toutes filières de formation confondue.

La poursuite de la réalisation du programme de normalisation et de certification pour la protection et la valorisation des produits d’artisanat. Le bilan du Département dans ce cadre est de 327 normes dont 13 obligatoires, 69 marques de certification collective, enregistrées à l’international (notamment en UE, Amérique du Nord et Afrique de l’Ouest), et plus de 2400 unités de production certifiées, en plus d’une première opération d’appellation d’origine dans le secteur, pour le thuya d’Essaouira ; une autre appellation est en cours de préparation pour le tapis de Ait Ouaezguit.

Enfin, la préservation des métiers menacés de disparition (lblousa oujdia, selles brodées, lutherie, zellige de Tétouan, tissage des tentes…) qui, outre la panoplie de métiers déjà sauvegardés, a connu la mise en place du programme "Trésors de l’Artisanat marocain", en partenariat avec l’UNESCO.

Ce programme vise l’attribution du titre à 30 artisans mâalems des métiers en voie de disparition, en vue de les inciter à transférer leur savoir-faire et leurs compétences aux jeunes.

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