Verbatim. Ce qu'a dit Jouahri à l'issue du Conseil de Bank Al-Maghrib

Lors de sa présentation aux journalistes, le wali de Bank Al-Maghrib est revenu, entre autres, sur les rumeurs d'ingérence du gouvernement dans la politique monétaire, la pertinence du taux directeur pour lutter contre l'inflation et les facteurs expliquant la hausse du cash en circulation. Verbatim.

Verbatim. Ce qu'a dit Jouahri à l'issue du Conseil de Bank Al-Maghrib

Le 20 juin 2023 à 19h24

Modifié 21 juin 2023 à 10h47

Lors de sa présentation aux journalistes, le wali de Bank Al-Maghrib est revenu, entre autres, sur les rumeurs d'ingérence du gouvernement dans la politique monétaire, la pertinence du taux directeur pour lutter contre l'inflation et les facteurs expliquant la hausse du cash en circulation. Verbatim.

Après son conseil trimestriel tenu ce mardi 20 juin 2023, Bank Al-Maghrib a décidé de marquer une pause dans le cycle de resserrement budgétaire et, ainsi, de maintenir le taux directeur à 3%. Le wali de Bank Al-Maghrib, Abdellatif Jouahri, a fait sa présentation post-conseil et s’est, comme à l’accoutumée, prêté au jeu des questions-réponses avec les journalistes. Verbatim.

Les rumeurs d'ingérence du gouvernement dans la politique monétaire et l'évolution de l'inflation

"Pour revenir sur ces bruits autour de l’ingérence ou de l’influence du gouvernement dans la politique monétaire, il faut être clair. L’ingérence a été réglée dans les statuts de BAM. C’est un Dahir et son article 13. Mon devoir est de faire respecter les disposition de ce texte", a rétorqué le gouverneur.

"Que dit-il ? Il dit que la Banque centrale, dans l’exercice de sa mission, ne doit ni accepter, ni solliciter d’instruction de gouvernement ou de parties tierces. Nous estimons que nous sommes les mieux outillés pour disposer des instruments et des compétences, et des relations avec les banques centrales extérieures, pour prendre des décisions. Nous avons des modèles qui tournent sur le court, moyen et long terme et qui nous permettent de prendre des décisions, cela ne veut pas dire que c’est chose facile. Nous sommes dans un domaine où la science est inexacte. Il faut faire preuve d’humilité et de modestie et essayer d’analyser de la manière la plus rigoureuse possible pour prendre la décision et pouvoir dire que c’est cette décision est la bonne ou la moins mauvaise à prendre. Nous n’oublions pas la croissance ou l’emploi. Nous le prouvons à travers les liquidités apportées au système bancaire. BAM a répondu totalement à toutes les demandes du système bancaire, car nous les estimions fondées."

"Il ne faut pas croire que nous sommes en vase clos, nous écoutons, nous consultons. Nous cherchons auprès des experts et professionnels quelles sont leurs anticipations de l’inflation. Car la difficulté n’est pas de dire que l’on prend la décision ou pas. La difficulté est d’éviter le désancrage des anticipations d’inflation. Cela veut dire que si vous laissez les choses se faire et que les prix augmentent, il sera plus dur de les ramener à des niveaux acceptables que si vous avez été proactifs sur le sujet."

"Nous avons augmenté notre TD de 150 pbs, mais pour savoir quelles seront les répercussions sur l’économie réelle, nous avons deux indices. L’évolution des taux débiteurs qui n’ont pas été totalement répercutés. Nous continuons de suivre cela. Deuxièmement, nous analysons l’offre et la demande de crédit. Nous voyons si cette dernière baisse ou non, qui cela touche, particuliers ou entreprise, etc. La meilleure manière de conduire les choses, c’est celle-là. Celui qui a la responsabilité de cette mission la remplit au mieux et le gouvernement, au titre de ce qu’il doit apporter sur le plan budgétaire, l’apporte."

Deux choses importantes ont été annoncées par ce dernier, "premièrement les 10 premiers milliards pour soutenir certains secteurs d’activité et le pouvoir d’achat, et le communiqué royal de 10 MMDH destiné essentiellement au secteur agricole, de façon à remédier à l’impact ; car qu’est-ce qui pèse sur l’inflation autrement que les produits alimentaires frais ? C’est pour cela que nous avons dit, nous faisons une pause, nous observons comment évolue la demande et les conditions au niveau bancaire, et de l’autre côté, quelles sont les conséquences des mesures prises par le gouvernement. Si la décélération se fait et se poursuit, en 2024, l’inflation sous-jacente arrive dans la cible à un peu plus de 2%."

Intervention de BAM sur le marché des bons du Trésor

"L’intervention faite par la Banque centrale a été effectuée sur le marché secondaire des BDT. Le Trésor a eu en début d’année, sur le plan de ses liquidités, un léger resserrement, malgré l’octroi de la LPL de plus de 20 MMDH. Nous avons acheté des BDT à court terme jusqu’à 17 MMDH qui sont venus à échéance et nous tournons actuellement autour de 11 MMDH. Nous nous sommes désormais arrêtés. Le stock dont nous disposons est en train de se faire payer. Nous voyons désormais que les investisseurs reviennent sur le marché des adjudications. Les difficultés qu’il y avait entre les intervenants dans le marché des BDT et le Trésor lui-même sont révolues. La courbe des taux a été revue et actualisée. Tout cela a fait que nous avons dépassé les difficultés que l’on a connues."

La hausse du cash en circulation : éléments de réponse

"Le cash fait partie de la tradition de paiement d’un pays. C’est facile, non risqué. Nous pensons que le poids de l’informel atteint 30% de l’activité du pays et tire le cash à la hausse. Deuxièmement, depuis le Covid, il a fortement augmenté. La monnaie fiduciaire a augmenté de 20% en 2020 alors que la tendance de longue durée a toujours été de 6% ou 7% par an. Nous sommes revenus à ce taux en 2021, puis c’est reparti à la hausse à deux chiffres en 2022 et la hausse se poursuit cette année."

"Il y a eu deux éléments qu’il ne faut pas oublier. En soi, ils sont positifs. Tourisme et MRE tirent le cash à la hausse. Mais dans le cadre de l’évolution des systèmes de paiement moderne, nous ne voyons pas ça. Il faut qu’avec l’évolution technologique, nous ramenions le cash à des niveaux acceptables. La stratégie nationale d’inclusion financière, le mobile banking, il faut changer les cultures, mais malheureusement, il n’y a pas plus difficile que cela."

"Peut-être que si demain les aides directes du gouvernement passent par le mobile banking, les gens vont réfléchir. Il y a aussi les gens qui ne veulent pas être sur le radar fiscal… Tout cela doit converger pour faire changer les choses. Si demain nous ciblons la compensation et que le gouvernement donne des aides directes sur mobile, il n’y a pas de raison que cela ne fonctionne pas. Techniquement, nous sommes prêts. L’AMO est une autre réforme essentielle. La modernisation des systèmes de paiement, le changement de paradigme technologique et les décisions gouvernementales pourraient faire changer les choses et réussir ce pari."

Le taux directeur, un outil pertinent pour lutter contre l'inflation ?

"Concernant la pertinence du taux directeur pour lutter contre l’inflation, à savoir si c’est le meilleur outil, dites-moi surtout s’il y en a un autre. Dans le monde entier, il n’y a que cela et les réserves obligatoires. Tout le monde joue sur ce levier. Pourquoi ? Parce que cet instrument influence au niveau des conditions appliquées par le système bancaire et impacte l’opérateur économique et l’économie réelle."

"Maintenant, est-ce que 150 pbs de hausse peuvent dissuader quelqu’un de faire un investissement ? L’opérateur économique a besoin d’abord de confiance, de visibilité, ensuite il regarde les conditions de financement. Concernant la dernière enquête de la Banque mondiale sur les difficultés rencontrées par les investisseurs au Maroc, sachez que le financement vient en 8e position. Ils parlent d’abord de corruption, de disponibilité du foncier, de procédures administratives… Les difficultés sont multiples. On ne peut pas dire que la politique monétaire soit le facteur qui rend les choses difficiles. Non, c’est trop simple. Pourquoi dans ce cas, quand le taux était à 1,50%, n’avons-nous pas vu une explosion des investissements ? C’est tout un ensemble qui concourt à la situation."

 

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