La création d’un cluster "chimie et matériaux" a été annoncée lors de la 1re édition du Forum international de la chimie, organisé les 17 et 18 mai à Rabat. Les membres fondateurs en sont la Fédération de la chimie et de la parachimie (FCP), l’Université Mohammed VI polytechnique (UM6P), le groupe OCP, le groupe Managem et Innov X.

Le cluster permettra de mettre en commun les ressources à la disposition des membres fondateurs pour stimuler les projets d’innovation et de R&D, en faveur de la souveraineté industrielle et du développement de l’industrie de la chimie au Maroc, a indiqué le président de la FCP à Médias24.

"C’est le fruit de deux années de discussion et de collaboration. C’est une signature d’opérationnalisation et non pas une expression de vœux. L’objectif est de mettre en concert tous ces organismes pour mutualiser la recherche et développement (R&D) dans la chimie. Cela vient conforter l’objectif annoncé lors du forum, qui est de faire du Maroc un hub mondial de la chimie", souligne Abed Chagar.

La contribution de l’UM6P est considérée comme importante dans le cluster. L’université mettra à disposition ses laboratoires et chercheurs de haut niveau en faveur des projets d’innovation et R&D portés par le cluster. Elle donnera également accès à la formation continue qu’elle délivre, à des tarifs préférentiels, aux membres du cluster et de la FCP.

OCP et Managem, quant eux, participent en tant que groupes industriels locomotives du secteur, dotés de moyens matériels et financiers importants et produisant des matières premières à fort potentiel en termes de valorisation et d'industrialisation.

La priorité sera donnée à l’intégration du secteur

"La chimie représente un grand potentiel de développement au Maroc. Mais il ne suffit pas d’investir dans des machines à produire, il faut pouvoir innover. C’est important d'adapter les produits à notre région, que ce soit pour le Maroc ou pour les marchés vers lesquels on veut exporter", estime Abed Chagar.

La particularité du secteur de la chimie est que les industriels disposent de laboratoires de recherche. "Ce n’est pas du montage, on travaille avec des formules qui nécessitent un travail de recherche et développement constant", précise notre interlocuteur.

A travers le cluster, les entreprises du secteur pourront mutualiser ces ressources pour développer de nouveaux projets qui bénéficieront à tout l’écosystème, à l’intégration de l’industrie et aux exportations marocaines.

En ligne de mire, les produits que le Maroc importe actuellement en tant qu’intrants ou comme produits finis. La priorité sera donnée aux projets pour lesquels le Maroc dispose des ressources nécessaires, notamment la matière première.

"Avant, chacun travaillait de son côté. Le cluster permettra d’identifier tous les projets en commun, là où l'on est certains de pouvoir être compétitifs, notamment où l'on peut faire de l’intégration depuis la matière première", explique Abed Chagar.

Des projets de R&D déjà dans le pipe

Un projet en particulier, qui est en phase avancée, illustre selon le président de la FCP tout ce qu’il est possible de faire grâce à ce mécanisme de coopération. C’est celui de la production du phosphate de zinc, un produit que le Maroc importe à 100% aujourd’hui.

Mais ce n’est pas le seul projet, il y en a trois autres sur lesquels planche le cluster, mais que Abed Chagar préfère taire à ce stade, en raison des contraintes de confidentialité qui caractérisent la R&D.

C’est le produit de deux réunions de brainstorming que les membres du cluster ont eues au cours des derniers mois. Et dès la finalisation de la constitution de l’association qui portera le cluster, des réunions régulières et plus larges seront organisées, où seront invités les chefs des laboratoires et les directeurs R&D des différentes entreprises qui en auront exprimé le besoin, pour établir de nouveaux axes de travail.

La mutualisation des ressources R&D

Le cluster ne nécessitera pas un effort important de financement estime Abed Chagar, puisqu'il repose sur la mutualisation des ressources, que ce soit pour les laboratoires ou le capital humain impliqué dans ces projets. "Nous allons mettre à contribution des gens qui sont déjà payés par leurs employeurs", précise-t-il.

Rappelons par ailleurs que les clusters reconnus par le ministère de l’Industrie et du commerce bénéficient d’un soutien financier de l’Etat, dans le cadre de la stimulation des projets d’innovation et de R&D dans les domaines de l’industrie et de la technologie.

Les clusters qui bénéficient actuellement de cette aide sont au nombre de dix. Un appel à projets a été lancé par le ministère au début du mois de mars pour la sélection de nouveaux clusters. La date limite de dépôt des dossiers de candidature a été prolongée au 14 juin 2023.

Innov X aidera à passer à la phase d’industrialisation

Si la partie R&D ne semble pas inquiéter le cluster, c’est le volet industrialisation qui représente le plus grand défi. C’est la raison pour laquelle Innov X a rejoint le cluster. Cette filiale de l’UMP6P, qui fait partie de l’écosystème OCP, a été créée pour aider à combler les gaps dans ces écosystèmes de l’innovation technologique et industrielle.

Innov X intervient autant dans le développement du produit que dans le financement en tant qu’investisseur en equity. Elle pourra ainsi accompagner le passage de la validation de l’innovation au niveau des laboratoires à la phase d’industrialisation et de lancement de produit, à travers des leviers technologiques et financiers.