Neo Motors : commercialisation, production, financement, prix, taux d’intégration... Ce que l’on sait

Le lundi 15 mai, au palais royal de Rabat, une cérémonie de présentation de voitures marocaines a eu lieu en présence du Souverain. Parmi les deux véhicules exposés, figurait la Neo de l’entreprise automobile Neo Motors. A noter qu'il s'agit de la première entreprise à capitaux marocains à développer une marque grand public au Maroc.
Mais à l’approche de l’inauguration de son unité industrielle et de son lancement sur le marché, que sait-on de cette automobile, principalement sourcée depuis l’écosystème automobile local ?
Dans le sillage du lancement du site de la marque ce 16 mai 2023, et à la veille de la commercialisation du modèle Neo, le fondateur Nassim Belkhayat répond à nos questions. Il nous éclaire sur les détails du projet, la chaîne d’assemblage, le taux d’intégration locale, le nombre de fournisseurs, le prix du véhicule, etc. Il revient également sur les origines de la création de Neo Motors et la volonté de devenir un intégrateur qui mise sur le local. Entretien.
Médias24 : Comment a démarré le projet de construire une voiture à partir d'éléments fabriqués au Maroc principalement ?
Nassim Belkhayat : Le projet a démarré en 2017 grâce au démarrage de la fabrication d’un moteur au Maroc par le groupe Stellantis. Avec mon associé, nous nous sommes dit pourquoi ne pas fabriquer une voiture au Maroc étant donné qu’il y a un écosystème très présent dans le secteur automobile avec 250 entreprises. Nous sommes allés rencontrer ces fournisseurs qui travaillent avec les plus grands constructeurs pour utiliser les composants et les intégrer dans notre véhicule. Nous avons effectué un travail d’intégration. Si un écosystème est présent, nous pouvons faire le travail nous-mêmes.
- Expliquez-nous en quoi consiste ce travail d’intégration. Comment se fait l’assemblage du produit final ?
- Nous sommes partis sur des éléments éprouvés. Le châssis du véhicule est celui de la Jeep Willys de 1940, robuste et fiable. Ce châssis a été conçu, développé et fabriqué ici. Nous avons bénéficié d’une aide au niveau de l’ingénierie pour la solidité de la structure et, aujourd’hui, la tôle est fournie par Maghreb Steel, le pliage par une autre société marocaine, et les soudures finales par une autre entreprise de l’écosystème. La carrosserie est faite chez nous en fibre de verre, idem pour la ligne d’échappement, le verre, le moteur, la sellerie. Tout cela est fait au Maroc.
Nous avons une assiette foncière de 2 hectares et un bâtiment de 5.000 m2 où l’on assemble le véhicule manuellement dans notre ligne de montage proche de Rabat
Nous travaillons sous forme d’ateliers éclatés. La conception et le design sont effectués chez nous, l’intégration des éléments existants chez nos équipementiers. Quand les composants arrivent chez Neo Motors, nous les intégrons. Nous sommes assis sur une assiette foncière de 2 hectares et un bâtiment de 5.000 m2 où l’on assemble le véhicule manuellement dans notre ligne de montage proche de Rabat, à Aïn Aouda, où 45 collaborateurs travaillent actuellement. Dès que l’on passera à la livraison, nous comptons augmenter les effectifs de 20% tous les mois.
60% d'intégration locale
- À combien de fournisseurs avez-vous recours pour développer votre véhicule et quel est le taux d’intégration locale ?
- Nous avons une quinzaine de fournisseurs marocains. Cela constitue un peu plus de 60% d’intégration locale. Il s’agit des principaux composants du véhicule comme je l’ai annoncé précédemment. Excepté les optiques et les petits boutons, quasiment tout est fait ici. Notre fort partenariat avec Stellantis nous permet d’avoir accès à leur écosystème marocain de fournisseurs.
- Cette activité est généralement très capitalistique. Comment avez-vous financé l’intégralité du projet et comment cela s’est-il déroulé ?
- Nous avons démarré comme une startup qui développe un projet et construit son business plan. Malheureusement, la fabrication d’un véhicule complet a effrayé de nombreux investisseurs potentiels. Nous y croyions et, convaincus que cela pourrait fonctionner, nous avons misé nos deniers personnels pour assurer le premier prototype roulant. Il a fallu s’engager personnellement auprès des banques pour lever des fonds, construire l’usine et obtenir nos homologations.
Nous avons bénéficié d’un financement bancaire comme tout entrepreneur qui croit à son projet et qui prend des risques lui-même. Nous avons emprunté pour 24 MDH et avons aujourd’hui atteint un montant total d’investissement de 45 MDH pour exister, être opérationnel, produire et livrer en petite série.
Il y a un marché à établir, un réseau à développer et une marque à créer, d’où le fait qu’il s’agit d’une petite série. Nous scellons des partenariats avec des entreprises nationales pour nous permettre d’être plus proches des villes. Nous partageons les locaux avec des partenaires, notamment AutoGo (Akwa Group, ndlr) et Speedy pour être présents dans chacun de leurs centres.
Nous avons une capacité de production de 5.000 véhicules, et nous allons monter en régime progressivement jusqu’à 3.000 véhicules en 2024
- Vous parliez précédemment de chaîne d’assemblage manuelle. Cela tranche avec la cadence industrielle du reste du marché. Quel est l’objectif de production de Neo Motors sur l’année ?
- Nous souhaitons être à taille humaine pour développer et maîtriser les process et la boucle de la supply chain (achats, approvisionnement, vente et SAV). Nous avons une capacité de production de 5.000 véhicules et nous allons faire une montée en régime progressive jusqu’à 3.000 véhicules l’année prochaine.
Nos ambitions sont grandes, mais nous voulons dans un premier temps assurer fiabilité et sécurité. Nous souhaitons développer de nouveaux modèles que l’on a déjà dans le pipe, notamment un véhicule familial 5 portes, un autre automatique. Nous avons des développements en cours et sommes en cours de discussion sur la fabrication d’un véhicule électrique urbain.
- Pouvez-vous nous dire quand débutera la commercialisation officiellement ? Quels sont les caractéristiques et le prix du modèle mis sur le marché ?
- Nous prévoyons, au mois de juin 2023, l’inauguration de notre unité de production et à ce moment-là auront lieu les premières livraisons aux clients particuliers et aux entreprises. Les premières commandes ont été réalisées et je vous annonce que nous ouvrons officiellement le site de Neo Motors aujourd’hui.
Le modèle qui sera commercialisé sera un modèle thermique essence, avec un moteur Peugeot de Stellantis fabriqué au Maroc, sur lequel on a bâti tout notre écosystème de fournisseurs
L’engouement est déjà là de la part de l’écosystème automobile, les partenaires ont réalisé des précommandes, ainsi que certains autres clients. Il n'y a pas de chiffres à communiquer pour le moment. Nous agissons avant de communiquer.
Le modèle qui sera commercialisé sera un modèle thermique essence avec un moteur Peugeot de Stellantis fabriqué au Maroc, sur lequel on a bâti tout notre écosystème de fournisseurs. Il a une consommation mixte de 6,4 l aux 100 km pour le 4 cylindres, et 5,2 l aux 100 km pour le 3 cylindres. Le modèle Neo est un trois portes crossover, multi-usage, urbain, mais également décapotable, qui permet aisément de sortir en famille le week-end. Le prix sera compris entre 165.000 et 190.000 dirhams TTC.
- Par quel canal de distribution se feront les ventes, sachant que vous n’avez pas de magasin en propre ni de showroom ?
- Durant la phase de pré-lancement, la distribution se fait par internet sur notre site web. A partir de juin, juste après le lancement effectif de notre production, nous aurons des pop-up stores dans l’axe Casablanca-Rabat, sachant que la zone draine 60% des acquisitions. Nous avons déjà des demandes auprès de concessionnaires multi-marques pour le reste du pays. C’est un développement qui se fera progressivement. Sur internet, une réservation du véhicule pourra être effectuée, avec un paiement en pop-up store par la suite.
- Vous avez évoqué la conception d’un futur véhicule électrique avec, naturellement, le besoin de concevoir une batterie. Comment est-ce possible dans un pays où il n’y a pas les ressources minières nécessaires ?
- Notre savoir-faire aujourd’hui est dans la conception et l’intégration d’éléments existants. Nous n’allons rien fabriquer, nous allons concevoir et intégrer. Nous nous préparons à l’arrivée prochaine de giga-factories au Maroc pour avoir aussi l’intégration des batteries localement. Nous voulons que nos véhicules soient fiables, accessibles et faits localement.

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