Mezzour détaille les contours de la nouvelle stratégie industrielle du Maroc

Le ministère de l’Industrie vient de lancer un appel d’offres pour le choix d’un cabinet de conseil afin de l’accompagner dans la préparation d’une nouvelle stratégie industrielle pour le pays. Le ministre Ryad Mezzour nous livre les grandes lignes de cette stratégie qui devrait être lancée à partir de 2024 pour prendre le relais du plan de relance industriel qui prend fin en 2023.

Mezzour détaille les contours de la nouvelle stratégie industrielle du Maroc

Le 14 mai 2023 à 16h56

Modifié 15 mai 2023 à 7h03

Le ministère de l’Industrie vient de lancer un appel d’offres pour le choix d’un cabinet de conseil afin de l’accompagner dans la préparation d’une nouvelle stratégie industrielle pour le pays. Le ministre Ryad Mezzour nous livre les grandes lignes de cette stratégie qui devrait être lancée à partir de 2024 pour prendre le relais du plan de relance industriel qui prend fin en 2023.

Après les deux plans Émergence, le Plan d’accélération industrielle et le plan de relance industrielle 2021-2023 lancé en pleine période Covid, le Maroc compte se doter d’une nouvelle stratégie industrielle, qui devra répondre à de nouveaux enjeux et se fixer de nouveaux objectifs.

Le process sur cette nouvelle stratégie a déjà démarré, avec le lancement par le ministère de l’Industrie d’un appel d’offres pour choisir un cabinet conseil qui va l’accompagner dans ce chantier. Une démarche qui diffère de celle de l’ancien ministre Moulay Hafid Elalamy qui avait choisi de monter son plan d’accélération industrielle en 2014 sans avoir recours à des cabinets externes.

Dans un échange avec Médias24, Ryad Mezzour explique ce choix par la volonté de son ministère "d’élargir la consultation autour de cette stratégie aux partenaires institutionnels du pays, ses partenaires internationaux mais aussi territoriaux", car il ne s’agit pas simplement de façonner un plan, mais une stratégie pour inscrire le Maroc dans "une nouvelle ère industrielle".

La souveraineté, mot d’ordre de la nouvelle stratégie

Et cette nouvelle ère, comme nous le confie M. Mezzour, aura comme fil rouge "la souveraineté dans toutes ses dimensions".

"Le grand titre de cette nouvelle stratégie sera la souveraineté, comme moyen et comme finalité. Elle sera le moteur de notre développement industriel futur et le fil rouge à partir duquel on va évaluer notre politique. Et il s’agit de la souveraineté dans toutes ses formes : alimentaire, sanitaire, industrielle et énergétique, un secteur où l’industrie doit jouer un grand rôle", explique le ministre.

Mais souveraineté industrielle ne veut pas dire fermeture au monde, bien au contraire, comme nous l’explique Ryad Mezzour.

"On va travailler sur cet objectif de souveraineté dans le cadre du positionnement du Maroc comme hub, mais aussi pour répondre aux besoins des Marocains, du continent et de nos partenaires internationaux. La souveraineté industrielle devra d’ailleurs nous fournir une intégration profonde dans les chaînes de valeur régionales, continentales et mondiales", précise-t-il.

Voilà pour le grand titre. Quant aux contours, le ministre nous apprend qu’ils sont très clairs :

"D’abord, on a un cadrage très précis donné par le message royal qui a été livré aux participants de la journée nationale de l’industrie. Un message qui parle de l’entrée dans une nouvelle ère industrielle, en se basant sur les résultats des dernières stratégies, la dernière étant le plan de relance industrielle 2021-2023. La nouvelle stratégie ne sera pas une rupture, mais s'inscrit dans la continuité de toutes les stratégies successives (Emergence 1 et 2, PAI, Relance industrielle) qui ont donné des résultats intéressants et positionner le Maroc dans les chaînes mondiales de valeur".

La création d’emplois, principal objectif fixé par la nouvelle stratégie

L’objectif principal est, nous dit le ministre, "la création d’emplois pérennes, stables et de qualité pour nos jeunes". "C’est la mère de toutes les batailles", insiste-t-il. Avec en plus de cela des objectifs qui sont définis par le message royal comme la montée en gamme du capital humain, de la production nationale, la recherche, l’innovation, la décarbonation, l’usage responsable des ressources, notamment hydriques…

Les objectifs chiffrés ne sont pas encore définis, selon le ministre. Idem pour l’horizon de cette stratégie.

"C’est un travail collectif qui se fait. Et il y a encore un débat sur ces différents points. Pour les objectifs chiffrés, il y a une synchronisation et une contractualisation qui doit être faite au niveau régional pour avoir des objectifs communs. Le cabinet qui sera choisi devra travailler également sur cela", nous explique-t-il.

"Quant à l’horizon, nous avons plusieurs options. Si on cadre la stratégie avec le mandat gouvernemental (2026), on ne laissera pas le temps au prochain gouvernement de préparer la suite. Mais il y a aussi la possibilité de calquer l’horizon sur d’autres stratégies sectorielles qui sont lancées, avec un point d’étape en 2026. Car l’idée aussi, c’est de pouvoir synchroniser notre travail avec d’autres stratégies sectorielles comme Génération Green par exemple, où il y a des complémentarités sur la souveraineté alimentaire. Il y a aussi l’échéance du nouveau modèle de développement (2035) qui est là, mais encore faut-il qu’on ait la visibilité pour aller jusqu’en 2035. On est encore en train de réfléchir à ce point-là, ce n’est pas encore fixé. Mais ce qui est sûr, c’est qu’il y aura un point d’étape en 2026", nous dit le ministre.

La politique d’import-substitution sera renforcée

Capitalisant sur les acquis des dernières stratégies, cette nouvelle vision industrielle va s’appuyer également, ajoute le ministre, sur la nouvelle charte de l’investissement, qui est "un outil important pour la réalisation des objectifs qui seront fixés".

Elle s'appuiera aussi sur la politique d’import-substitution lancée pendant le Covid. "L’import-substitution est un axe majeur de la souveraineté. C’était une ligne directrice du plan de relance industrielle post Covid. La dynamique créée par ce plan dans le cadre de la banque de projets qui sera soutenue et renforcée", confie Ryad Mezzour.

La décarbonation, un axe majeur

Cette stratégie fera aussi de la décarbonation un des axes majeurs du développement du tissu industriel. Devenu un enjeu mondial en matière de production et une exigence également pour les grands importateurs (l’UE notamment) et pour les consommateurs, le Maroc compte en faire un des atouts de sa nouvelle présence industrielle dans le monde.

"On considère que le Maroc est l’un des pays les mieux positionnés au monde pour réussir cette décarbonation. C’est essentiel pour notre compétitivité et c’est un axe central de notre développement industriel. Et il faut dire qu’on n’a pas attendu la taxe carbone instaurée par l’UE pour entamer la décarbonation, parce qu’on n’est pas très riches en énergie fossile. Nous avons une énergie renouvelable qui affiche une très belle compétitivité. Et des projets majeurs lancés par des groupes industriels comme OCP dans l’hydrogène vert et l’ammoniac qui montrent tout le potentiel dont nous disposons dans ce domaine", explique le ministre de l’Industrie.

Encore faut-il que cette énergie renouvelable soit accessible pour les industriels, ce qui n’est pas encore le cas aujourd’hui. Sur ce point, Ryad Mezzour nous explique que la haute tension est déjà disponible pour certains gros industriels. Quant à la moyenne tension, le gouvernement a, selon lui, entamé le travail pour libéraliser la production. La mise en œuvre effective de cette libéralisation est imminente, nous apprend-t-il, car elle demande simplement quelques réglages administratifs.

Le temps peut-être que la nouvelle stratégie de Mezzour soit fin prête, d’ici fin 2023. "On a demandé à ceux qui vont soumissionner de travailler avec nous 100 jours. Il y aura ensuite des discussions, des réglages, des négociations avec nos différents partenaires, pour affiner cette stratégie. Nous espérons pouvoir la proposer d’ici la fin d’année pour pouvoir entamer 2024 avec un plan et ne pas laisser de vide après l'arrivée à échéance en fin d’année du plan de relance industrielle", nous dit le ministre.

Le nom du cabinet conseil qui va accompagner le ministère sera connu le 20 juin, date d’ouverture des plis de l’appel d’offres lancé par le ministère.

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