Feux de forêt : le Maroc se prépare à une saison encore plus intense

D’un budget de 200 MDH, le Plan d’action contre les incendies de forêt, mis en place par l’Agence nationale des eaux et forêts, s’appuie sur l’utilisation accrue de l’intelligence artificielle, et du matériel supplémentaire dont un nouveau Canadair et quatre drones. Des ressources en eau seront également mobilisables à partir de 16 barrages.

Feux de forêt : le Maroc se prépare à une saison encore plus intense

Le 9 mai 2023 à 17h45

Modifié 9 mai 2023 à 18h05

D’un budget de 200 MDH, le Plan d’action contre les incendies de forêt, mis en place par l’Agence nationale des eaux et forêts, s’appuie sur l’utilisation accrue de l’intelligence artificielle, et du matériel supplémentaire dont un nouveau Canadair et quatre drones. Des ressources en eau seront également mobilisables à partir de 16 barrages.

Il n’y a pas que la province de l’Alberta au Canada qui souffre de la précocité des feux de forêt. "Depuis le 1er janvier jusqu’au 9 mai 2023, pour la première fois de l’histoire du Maroc, nous avons enregistrés 65 départs de feu pour une superficie incendiée de l’ordre de 600 ha", annonce à Médias24, Fouad Assali, directeur de la Reforestation et des risques climatiques et environnementaux, relevant de l’Agence nationale des eaux et forêts (ANEF). 

A la lumière de ce chiffre record, la réunion organisée ce mardi 9 mai par l’ANEF, dans les coursives du Centre national de gestion des risques climatiques forestiers, est de la plus haute importance. A cette occasion, le directeur de l’Agence, Abderrahim Houmy, a mis en avant le bilan des feux de forêt en 2022, le Plan d’action 2023 qui nécessitera 200 MDH et le Plan directeur de gestion des feux de forêts pour la prochaine décennie. 

Une période de sécheresse exceptionnelle

A l'instar de nombreux pays du pourtour méditerranéen, le Maroc possède un couvert végétal dense et hautement inflammable. Sur les 9 millions d'hectares de forêt que compte le Maroc, les deux tiers sont susceptibles d'être concernés par des foyers d’incendie.  

En 2022, il y a eu 500 incendies touchant 22.762 ha de superficie forestière, déclenchés à 99% par l'activité humaine. "Nous avons été confrontés à des feux exceptionnels et surtout concomitants", déplore Abderrahim Houmy.

Les feux de forêt ont particulièrement touché les régions suivantes :

- Tanger-Tétouan-Al Hoceima  : 188 départs de feu et 18.704 ha incendiés ;

- Fès-Meknès : 99 départs de feu et 1.775 ha touchés.

"Ces feux ont été accentués par une période de sécheresse exceptionnelle et une zone particulièrement ventée (Chergui). Toutes ces conditions se sont accumulées lors du mois de juillet", complète Fouad Assali. Les superficies incendiées sont constituées au tiers d'arbustes, de formations herbacées et d'alfa.

"L'augmentation des températures et la diminution de l'hygrométrie de l'air ne sont pas non plus étrangères à cet état de fait. Sans l’intervention des autorités compétentes, nous aurions perdu plus de 130.000 ha supplémentaires", souligne Fouad Assali. 

Déjà 65 départs de feu en 2023

Cette année, les 65 départs de feu enregistrés jusqu’à présent laissent présager une saison de feux de forêt encore plus intense et longue. Si, par le passé, cette période courait de la mi-août à la première semaine de septembre, ces dernières années, elle s’étend de début juillet à la mi-septembre.

Pour en diminuer l'impact et les conséquences, l’ANEF a mis en place une stratégie dont les actions préventives et opérationnelles s’établissent comme suit : 

- le débroussaillement (350 ha) ;

- l'entretien des tranchées pare-feu (596 km)  ; 

- l'aménagement de points d'eau (68) ; 

- l’ouverture et la réhabilitation des pistes forestières ;  

- la construction et l'entretien des postes de vigie (80);  

- la mobilisation de 1.317 guetteurs d’incendies à raison d'un salaire mensuel de 2.200 DH, de mai à septembre ;

- l’achat de 25 véhicules de première intervention supplémentaires, renforçant ainsi le parc à 120 véhicules. 

En termes d’approvisionnement en eau, la situation est un peu plus ardue que l’année dernière. En effet, selon la Direction générale de l’hydraulique, le taux de remplissage des barrages, ce mardi 9 mai, est de 32,4%. Moins que l’année précédente à la même époque (34,4%). Or, les barrages sont la principale ressource en eau pour les Canadair, afin de combattre les feux de forêt. 

"Les autorités compétentes ont effectué des prospections au niveau d’au moins 16 barrages sur l’ensemble du territoire national. Ces édifices, dont les réserves sont supérieures à 200 Mm3 (Al Wahda, 9-Avril, Garde Loukkos…) seront opérationnels dans le cadre de la lutte contre les feux de forêt", assure Fouad Assali.

Le directeur de la Reforestation et des risques climatiques et environnementaux tient à préciser que l’approvisionnement effectué par les Canadair n’impacte aucunement les réserves en eau de ces barrages. "Les quantités d’eau ponctionnées sont insignifiantes. Pas plus de quelques mètres cubes par passage."  

Six Canadair et cinq drones

L’intelligence artificielle tient une place prépondérante dans le Plan d’action 2023. En plus d'un Canadair supplémentaire qui vient s'ajouter aux cinq que possédait déjà le Maroc, les équipes d’intervention auront 5 drones à leur disposition contre un seul l'année dernière. 

"Ils servent non seulement à la surveillance, mais aussi à guider les équipes sur le terrain lors des interventions, et à assurer le suivi des opérations de reboisement et la lutte contre la déforestation", précise Abderrahim Houmy. La prédiction est également un pilier de la lutte contre les feux de forêt, car elle permet aux équipes d’intervention d'anticiper la mise en place des moyens de lutte. 

En ce sens, l'ANEF a renforcé l'utilisation des nouvelles technologies en élaborant un nouveau Web système basé sur l'intelligence artificielle et les Big Data. L’objectif est de cartographier le risque d’incendie de forêt pour enclencher les alertes d’intervention adéquates. 

"Une plateforme de prédiction quotidienne des feux de forêt a été mise en place pour la région pilote de Tanger-Tétouan-Al Hoceima, la première en son genre dans tout le bassin méditerranéen", se félicite Fouad Assali. Un outil développé grâce aux Supercalculateur relevant de l’Université Mohammed VI Polytechnique de Benguérir et des données pertinentes de la Direction générale de la météorologie (DGM).

"Le système produit une carte quotidienne des scores de risque d'éclosion avec une résolution très fine, accompagnée d'une explicabilité du risque. Cela va fournir de précieuses informations aux équipes prépositionnées de lutte sur le terrain, en tenant compte de facteurs tels que l'évolution de la météo, des images satellites récentes, des informations socio-économiques, et de la nature et l’état du couvert forestier", poursuit-il. 

Un nouveau Plan directeur décennal 

En plus de ce plan d’action, un nouveau Plan directeur a été présenté pour la période 2023-2033. Ce plan, qui est toujours en cours de validation par l'ensemble des parties prenantes, a été élaboré pendant près de trois ans. Il s'appuie sur plusieurs axes prioritaires de prévention et de lutte contre les incendies de forêt, en vue de diminuer la superficie incendiée. 

Ce nouveau cycle de gestion des feux de forêt s’appuie sur la connaissance et l’évaluation du risque, la prévention, la préparation et l'intervention, ainsi que l’action post-incendie et la réhabilitation. En matière de connaissance et d’évaluation du risque, l’ANEF prévoit les mesures suivantes : 

- recherches scientifiques et techniques ; 

- connaissance et identification des causes des incendies de forêt ; 

- cartographie et évaluation des risques.

En termes de prévention, le nouveau cycle de gestion des feux de forêt insiste sur les éléments suivants : 

- la sensibilisation du public, sachant que 99% des feux de forêt en 2022 sont d’origine humaine ; 

- l’aménagement structurel anti-feu, tel que des réseaux de chemins facilitant la circulation des pompiers, secours, personnels d'entretien ou de surveillance ; 

- la prédiction, le pré-positionement et la surveillance.

En ce qui concerne la préparation et l’intervention sur le terrain, l’Agence nationale des eaux et forêts a mis en place plusieurs procédures préparatoires, en collaboration avec les autorités compétentes, pour une meilleure coordination lors des interventions. 

Quant aux actions post-incendie, elles incluent le nettoiement, le reboisement et la réhabilitation des superficies incendiées. L’analyse de la sévérité du phénomène constitue un levier important pour en diminuer l’impact et la gravité.

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