Dimagaz contre la BCP : vente judiciaire et nouvelles révélations
Le fonds de commerce de la société de diffusion de gaz Dimagaz est en vente judiciaire. Une expertise est en cours pour en déterminer la valeur. L’opération sera effectuée au profit de Banque Populaire, titulaire d’une créance de 1,1 MMDH. Une décision contestée par l’entreprise qui accuse son prêteur de "soutien abusif".

Dimagaz contre la BCP : vente judiciaire et nouvelles révélations
Le fonds de commerce de la société de diffusion de gaz Dimagaz est en vente judiciaire. Une expertise est en cours pour en déterminer la valeur. L’opération sera effectuée au profit de Banque Populaire, titulaire d’une créance de 1,1 MMDH. Une décision contestée par l’entreprise qui accuse son prêteur de "soutien abusif".
On s'y attendait, Dimagaz est officiellement placée aux enchères judiciaires. La justice a ordonné la vente de son fonds de commerce à la demande de Banque Populaire Fès-Meknès. L'établissement bancaire entend récupérer une créance de 1,1 milliard de dirhams.
La créance de Banque Populaire a été préalablement reconnue par la justice. D'abord en première instance (février 2022), puis récemment en appel (octobre 2022). De quoi rendre exécutoire la condamnation de la société spécialisée dans l'importation, le conditionnement et le remplissage de gaz.
La vente en elle-même a fait l'objet d'une décision confirmée par la cour d'appel de commerce de Casablanca (décembre 2022). La date des enchères n'a pas encore été précisée. Il faudra préalablement fixer une mise à prix. Une expertise est en cours afin de déterminer la valeur du bien, rapporte une source proche du dossier. L'opération couvrira tous les éléments "corporels et incorporels" du fonds de commerce.
Consolidation de dette et accusations de connivences
Comment Dimagaz en est-elle arrivée là ? Le contentieux trouve ses origines dans un prêt souscrit en 2017 auprès de Banque Populaire. A l'époque, l'endettement de l'entreprise dépassait les 983 millions de dirhams envers son financeur. Lequel décide de lui accorder "une consolidation de dette" à hauteur de 840 MDH. S'en est ensuivi un cumul d'impayés atteignant la somme de 1,1 MDH (252 MDH de solde débiteur et 849 MDH de versements non effectués).
D'où l'action en paiement initiée par Banque Populaire, rompant un partenariat vieux de quarante ans avec Dimagaz. Une démarche que la société a tenté de contester en accusant la banque de "soutien abusif" et de manquement à ses "obligations d'information et de conseil", pointant des concours financiers dont elle "n'avait pas besoin", alors qu'elle était "en arrêt d'activité".
Cette posture sous-tend des dissensions au sein même de Dimagaz. Une partie du management désavoue le dirigeant de l'entreprise, Najib El Jerari, accusé d'avoir obtenu le crédit en jouant de "connivences" avec la banque. La défense de Dimagaz estime que le prêt a été contracté par l'intéressé sans l'accord du conseil d'administration. Des éléments balayés par les juges.
Incarcéré pour chèque sans provision, le dirigeant s'était porté caution pour 3,8 MMDH
L'action en paiement concerne à la fois Dimagaz et son PDG, condamnés à titre solidaire. Najib El Jirari s'était porté caution du prêt de consolidation. Le montant de la garantie "personnelle" donne le tournis : 3,8 milliards de dirhams, selon les documents dont Médias24 détient copie. Le dirigeant a lui-même fait l'objet de plusieurs saisies, la plupart visant des biens immobiliers dont plusieurs terrains agricoles.
Najib El Jerari est actuellement incarcéré à la prison locale de Ouarzazate, où il doit purger une peine de cinq ans. En 2021, l'intéressé avait été condamné pour chèque sans provision. Selon de nouveaux éléments recueillis par nos soins, les juges l'avaient également astreint à une amende de 24 millions de dirhams et à 98 MDH de dédommagements au profit de sa victime.
Qu'adviendra-t-il de Dimagaz ? Les derniers états disponibles sur l'entreprise remontent à 2017, l'année même de la consolidation de dette. Le groupe réalisait alors un chiffre d'affaires dépassant le milliard de dirhams, avec un résultat net établi à 22 MDH. Une année plus tard, des pourparlers étaient engagés avec Total Maroc "pour un rapprochement d'activités".
Aujourd'hui, le sort de la société de diffusion de gaz semble plus que jamais compromis. Le litige avec Banque Populaire n'est qu'un dossier parmi d'autres. Bank of Africa et Crédit Agricole du Maroc ont également saisi les juges pour des créances respectives de 370 et 315 millions de dirhams. Ces demandes sont en cours d'examen.