Voici pourquoi les BPR Kénitra, Oujda et Centre Sud ont cédé 4% de leurs parts dans la BCP

| Le 13/10/2022 à 18:48
Le groupe mutualiste a connu, le 21 septembre, un gros mouvement sur capital initié par trois BPR, avec la cession de plus de 8 millions de titres BCP aux autres actionnaires institutionnels du groupe. Une opération qui a permis de renflouer leurs fonds propres d’un total de 2 milliards de dirhams, dégageant également des marges de fonds propres pour le groupe en consolidé.

L’AMMC a annoncé, le mardi 11 octobre, trois opérations sur le capital de la BCP. Celles-ci ont été réalisées par trois Banques populaires régionales, actionnaires de référence du groupe : la BP Kénitra, la BP Centre Sud et la BP Oujda.

La première a cédé, en date du 21 septembre, plus de 4 millions de titres BCP au cours de 254,9 dirhams, encaissant au passage plus de 1 milliard de dirhams. Sa participation dans la BCP est passée sous le seuil des 5% pour se fixer à 3,57%.

La BP Centre Sud a cédé la moitié du nombre d’actions vendues sur le marché par sa consœur de Kénitra, soit un peu plus de 2 millions de titres, au même cours et à la même date. Produit de la cession : un peu plus de 500 millions de dirhams. Sa participation dans le tour de table de la BCP est passée, elle aussi, sous le seuil des 5% pour atteindre 4,32%.

Quant à la BP Oujda, elle a cédé le même nombre de titres que la BP Centre Sud, récoltant plus de 500 millions de dirhams. Sa participation est désormais passée à 4,16% du capital.

Les trois transactions ne sont pas anodines : elles portent sur plus de 8 millions de titres BCP, soit pas moins de 4% du capital du deuxième groupe bancaire du pays (2% cédés par la BP Kénitra, 1% par la BP Centre Sud et 1% par la BP Oujda) pour une récolte de plus de 2 milliards de dirhams.

Les BPR ont cédé pour le compte des actionnaires actuels de la BCP

Pourquoi ces ventes ? "La cession des actions BCP, opérée dernièrement par quelques Banques populaires régionales, vise un double objectif : affermir l'institutionnalisation du tour de table et renforcer les fonds propres consolidés du groupe en vue d’accélérer la réalisation de son plan stratégique", confie une source au sein du groupe, contactée par Médias24.

Institutionnaliser le tour de table du groupe, c'était déjà le cas. La BCP était détenue avant ces transactions à hauteur de 41,8% par les BPR, comme le prévoit la restructuration récente du groupe en banque mutualiste. Cette part est passée actuellement à 37,8%. Les autres parts du capital sont détenues par plusieurs autres investisseurs, dont principalement la CIMR, qui détient (avant l’opération du 21 septembre) une part de 11,6% de la BCP, la MCMA (6,69%), la Mamda (5,77%), le RCAR (5,6%), MAC (4,33%), le français BPCE (4,04%), la CMR (2,3%), Wafa Assurance (1,04%) et d’autres investisseurs nationaux et étrangers qui détiennent de petites positions ne dépassant pas 1% du capital (Saham Assurance, Legal & General Investment Management Ltd, Black Rock Fund Advisors, Van Eck Associates Corp, Bellevue Asset Management AG, Eurizon Capital, Parametric Portfolio Associates, OPT Fund Management Ltd et Fideuram Asset Management DAC Ireland). Le personnel du groupe est également actionnaire de la BCP à hauteur de 5%.

Selon notre source au sein du groupe, ce sont les actionnaires actuels du groupe qui ont racheté les titres cédés par les trois BPR sur le marché boursier. Notre interlocuteur ne donne pas de précision sur l’identité des acheteurs, mais selon des sources du marché, cela doit être le fait d'investisseurs institutionnels déjà présents dans le tour de table comme la CIMR, la Mamda-MCMA, Wafa Assurance, la CMR ou encore Saham Assurance. La mise à jour prochaine de l’actionnariat du groupe donnera plus de précisions sur qui a acheté quoi.

Des fonds propres en plus pour les deux BPR et pour l’ensemble du groupe

En définitive, la BCP a toujours eu un tour de table très diversifié et institutionnalisé, avec la présence de grands investisseurs aussi bien marocains qu’étrangers. L’objectif réel de l’opération reste donc le renforcement des fonds propres du groupe. Car c’est bien cela dont il s’agit, surtout dans ce contexte actuel de montée des impayés et du risque, et des exigences de plus en plus serrées de la Banque centrale en matière de ratios prudentiels. Un contexte délicat où toutes les banques marocaines sont appelées à se doter de davantage de fonds propres durs, qui leur permettent à la fois de solidifier leur bilan mais aussi de pouvoir continuer de croître, de distribuer des crédits, tout en restant dans les clous de la réglementation.

Et le Groupe BCP a fait, à travers ces transactions, d’une pierre deux coups, comme nous l’explique un analyste du marché.

Le premier coup est d’injecter du cash frais dans les trois BPR : 1 milliard dans les fonds propres de BP Kénitra, 500 millions de dirhams dans la BP Centre Sud et 500 millions de dirhams dans la BP Oujda. Ce qui permettra aux trois banques de renflouer leurs fonds propres, de diluer l’effet du risque qui est monté à des niveaux inquiétants depuis la crise du Covid-19, et de leur donner les moyens de continuer de croître.

Et comme les BPR sont également contrôlées par la BCP à travers des participations croisées, cette cession va dégager également de la marge pour l’ensemble du groupe.

"Si on raisonne en consolidé, la cession des titres BCP par les BPR et l’encaissement de ce 2 milliard de dirhams vont également impacter les fonds propres consolidés de l’ensemble du groupe. C’est une opération où les BPR qui ont cédé se dotent de plus de moyens, mais c’est aussi le groupe CPM dans sa globalité qui sort gagnant dans cette affaire avec des fonds propres consolidés renforcés", précise notre analyste.

Et le tout a été fait dans les règles de l’art, dans le respect de la nouvelle structure du CPM entérinée par la nouvelle loi sur le groupe. Car ces opérations ont été permises, comme nous le signale notre source au sein de la BCP, par "la récente révision du seuil de détention du capital de la BCP par les BPR, à hauteur de 34%, introduite au niveau de la loi portant réforme du Crédit Populaire du Maroc -CPM".

La seule obligation qui s’applique en effet aux BPR dans le cadre de la réorganisation du CPM, c’est de détenir 34% de la BCP. Toutes les parts au-delà peuvent être cédées sur le marché pour dégager de la marge pour ces banques régionales, principal bras armé du groupe dans le financement des entreprises et des ménages dans les territoires.

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