Forum BMCI: les enjeux et challenges du financement durable au Maroc
La BMCI a organisé, ce mercredi 15 juin au Sofitel de Rabat, la première édition du "Forum de la finance durable". L’objectif était notamment de mettre en avant les financements ESG (environnementaux, sociaux et de gouvernance), leur importance et les attentes du Maroc par rapport à ces derniers.
Lors de l’événement, la finance a été représentée par BMCI et sa maison-mère BNP Paribas, ainsi que par la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD).
De par l’urgence climatique actuelle, les modes de production et d’industrialisation doivent devenir plus responsables et durables. Le monde de la finance se tourne lui aussi vers les financements verts en orientant ses investissements vers des structures plus respectueuses de l’environnement et plus aptes à répondre aux nouvelles normes, de plus en plus contraignantes pour les industriels. Parmi elles, la décision de l’Union européenne d’interdire la vente de véhicules neufs à moteur thermique dès 2035.
Une nécessité d’accompagner l’industrie décarbonée
Partant de ce constat, les acteurs du financement présents ont développé des programmes d’accompagnement des entreprises pour financer des projets à impact environnemental. Dans leurs politiques internes, les groupes financiers se désengagent progressivement des financements octroyés aux secteurs pétroliers ou gaziers.
« Nous avons déjà pris un engagement, conjointement avec la BERD, à travers une enveloppe de financement de 25 millions d’euros pour un programme pluriannuel que nous avions signé il y a quelques mois. Cela nous permettra de distribuer un certain nombre de crédits à des entreprises qui veulent faire évoluer leur système de production vers des modèles moins gourmands en énergie », nous explique Philippe Dumel, président du directoire de BMCI, dans une discussion en aparté de l’évènement.
Le Maroc va bientôt être confronté à différentes contraintes réglementaires liées à la décarbonation de l’industrie. Il s’agit notamment de l’entrée en vigueur, en 2023, de la taxe carbone dans l’Union européenne. Un challenge à la décarbonation auquel se prépare le pays pour pouvoir s’assurer l’export de ses marchandises vers le Vieux continent, qui représente 65% des exportations marocaines. Si les exportateurs marocains ne sont pas conformes à ces normes, ils pourraient bien voir leurs marchandises taxées aux frontières.
L’un des autres organes d’accompagnement du financement au Maroc, présent à l’événement, est la BERD. En 2021, 51% de ses investissements portaient sur le financement vert. Depuis son installation dans le Royaume, l’institution a débloqué l’équivalent de près de 4,3 MMDH dans des lignes de financement verts.
Le pays recèle un bon potentiel solaire, mais aussi éolien. Cette énergie est devenue très compétitive pour certains investisseurs étrangers. Néanmoins, le Maroc doit relever différents challenges pour passer à l’échelle.
La difficulté de l’accès à l’énergie renouvelable pour tous
L’un des chantiers les plus importants pour booster la finance durable et permettre d’en alimenter l’industrie est en effet un certain passage à l’échelle. Des questions réglementaires émergent.
Rencontré en marge de l’événement, Saïd Mouline, directeur général de l’Agence marocaine pour l’efficacité énergétique (AMEE), nous explique que « les grands projets renouvelables qui touchent la très haute tension (les grands consommateurs d’énergie, ndlr), c’est-à-dire les mines, la sidérurgie, l’ONCF et les cimentiers, disposent d’un modèle où ils peuvent acheter de l’énergie verte moins cher tout en décarbonant leur processus industriel. » Et d’ajouter : « Ils sont donc gagnants à tous les niveaux. Nous essayons de faire évoluer le cadre actuel. Il y a désormais un débat sur la nouvelle loi pour que cela soit ouvert à la moyenne tension, c’est-à-dire à la majorité des entreprises. On parle de dizaines de milliers d’entre elles. »
Cette ouverture se fera par étapes. Car si l’accès à cette ressource peut être bénéfique d’un point de vue écologique, il faudrait que le business model soit rentable pour tous. « Il faut trouver le meilleur modèle ; celui où tout le monde puisse se retrouver. Des textes ont d’ailleurs été soumis au Parlement. Concernant les montants qui seront exigés, il est important que l’on reste dans un modèle économique pour tout le monde. Nous sommes optimistes pour parvenir rapidement à sauter le pas », nous dit Saïd Mouline.
Cela serait en effet une opportunité pour les entreprises marocaines d’être plus compétitives en réduisant leurs factures énergétiques, et permettrait également au Maroc de réduire sa dépendance énergétique et sa balance commerciale.
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