Taux : le Trésor augmente le poids de ses souscriptions sur le compartiment moyen terme

| Le 8/6/2022 à 17:31
Pression sur le marché domestique, hausse des taux, orientation vers le compartiment moyen terme… Voici les principales observations tirées de l’évolution du marché des taux au cours du premier trimestre par Attijari Global Research.

Après plusieurs années marquées par une tendance baissière des taux obligataires, la tendance s’inverse en 2022. C’est en tous cas ce qui est observé sur le marché depuis début 2022.

Attijari Global Research (AGR) fait le point, dans une note intitulée « Le marché obligataire sous le signe de la hausse des taux en 2022 », sur l’évolution de ce marché au cours du premier trimestre 2022 et explique les facteurs qui l’ont influencé.

Globalement, la société de recherche souligne la hausse des taux au cours de cette année, tout en précisant qu’il n’y a pas de pression sur le budget de l’Etat.

« Le premier trimestre de l’année 2022 marque un renversement de la tendance baissière des Taux  amorcée depuis 2012. Toutefois, la nouvelle orientation haussière des coûts de financement du Trésor observée en ce début de l’année 2022 ne reflète pas un dérapage du budget de l’État. Bien au contraire, les finances publiques demeurent confortables avec une maîtrise budgétaire visible au T1-22 », indiquent les analystes.

Et de rappeler : « Selon nous, les pressions haussières sur la courbe des Taux au Maroc reflèteraient les anticipations inflationnistes des investisseurs et leurs éventuelles conséquences sur l’orientation monétaire de Bank Al-Maghrib au S2-22. Rappelons que les principales Banques Centrales à l’international ont déjà débuté le relèvement de leur Taux Directeur afin de contrer des niveaux d’inflation records à plus de 8% aux États-Unis et en Zone Euro ».

Ainsi, les analystes soulignent deux grandes tendances liées au marché, sur la base de l’évolution observée au premier trimestre 2022 :

- L’Argentier de l’État poursuit son orientation quasi-exclusive vers le marché intérieur de la dette publique de l’État. En raison des tirages extérieurs limités, les besoins du Trésor au T1-22 ont été  financés à hauteur de 93% sur le marché domestique. Une nouvelle sortie à l’international s’avère  indispensable pour réduire les pressions sur les liquidités domestiques, d’autant plus que le Trésor devrait rembourser une échéance de 1 MM$ en décembre prochain ;

- La récente tendance baissière de la demande des investisseurs envers les Bons du Trésor (BDT) semble perdurer à court terme. D’une part, les anticipations haussières des Taux des opérateurs de marché réduit leur appétit à court terme pour les titres du Trésor. D’autre part, le creusement du déficit de liquidité des banques sous l’effet de la progression de la circulation fiduciaire limiterait davantage la Demande en BDT.

Un marché domestique sous pression

L’absence des sorties à l’international du Trésor a créé une pression sur le marché domestique. En effet, comme l’indique AGR, les besoins du Trésor durant le premier trimestre ont été financés à hauteur de 93% sur le marché domestique.

Le Trésor s’est ainsi focalisé en grand partie sur le compartiment moyen terme. Le poids de ses souscriptions sur ce compartiment ressort en forte hausse.

« Au terme du T1-22, la politique d’émission du Trésor s’est caractérisée par la prépondérance des levées sur le segment MT de la courbe au détriment des autres maturités. Le poids des souscriptions du Trésor sur cette tranche de maturité est passé à 74% au T1-22 contre 47% une année auparavant. À l’inverse, la part des maturités court termes a régressé de  -20 pts, passant de 24% au T1-21 à 4% au T1-22. De même, le Trésor ne cesse de diminuer ses souscriptions sur le LT,  évitant ainsi de marquer les Taux longs à la hausse. Le poids des levées LT ressort à 22% au T1-22 contre 28% au T1-21,  en net recul par rapport à son niveau observé deux années auparavant, soit de 56% », indiquent les analystes.

Et d’expliquer : « Cette orientation vers le segment MT s’expliquerait par les anticipations des investisseurs quant au redressement des niveaux économiques à compter de 2023E et ce, après une année 2022 qui s’annonce moins favorable. Il est à rappeler  que le consensus des perspectives de croissance a été revu à la baisse au Maroc à 1,5% pour 2022E ».

Le Trésor peut toujours optimiser son coût de financement sur le marché intérieur. « Grâce à une duration confortable de 6,4 ans pour sa dette intérieure à fin 2021, le Trésor semble bénéficier d’une marge de manœuvre favorable lui permettant d’optimiser son coût de financement sur le marché intérieur. Concrètement, le  Trésor s’oriente davantage vers le segment des maturités moyennes qui présente des exigences de rentabilité inférieures à celles des maturités longues ».

L’offre du Trésor a en effet été influencée par la demande des investisseurs s’oriente du court terme vers le moyen terme. « La récente configuration des levées du Trésor qui privilégie les maturités MT s’expliquerait en partie par la répartition de la demande des investisseurs durant le T1-22. Celle-ci révèle un intérêt plus vif envers les maturités moyennes dont le poids continue de progresser pour atteindre 52% au T1-22, contre 50% au T1-21 et seulement 33% durant le T1-20.

« Par conséquent, l’orientation prononcée des opérateurs envers le compartiment MT a dirigé l’Offre du Trésor vers cette même tranche de maturité. À l’inverse, le poids des maturités courtes a reculé de 31% à 25% durant la période d’analyse suite à la dégradation des anticipations à CT des investisseurs reflétées à travers l’AGR Indice de Confiance dont le score s’est corrigé de -22,6 pts à  fin avril 2022 pour ressortir à 44,8 pts, après avoir atteint un plus haut historique de 67,4 pts en octobre 2021 », ajoutent les analystes.

« Néanmoins, nous relevons un réajustement en faveur des maturités longues dont le poids s’élève à 23% au T1-22 contre 19% au T1-21, reflétant les anticipations de rebond progressif de l’économie sur un horizon MT », continuent-ils

Sur le marché des OPCVM, les investisseurs restent intéressés par le compartiment court terme. « L’intérêt envers les maturités courtes s’est toutefois maintenu du côté des OPCVM à travers un Actif sous gestion obligataire en légère appréciation de +1,8% sur la période étudiée ».

 

 

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