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Les innovations du dialogue social : un entretien avec Younes Sekkouri (1/2)

ENTRETIEN. Le dialogue social a abouti cette année, pour la première fois, à la signature de deux documents : l'accord lui-même, et un pacte qui institutionnalise ce dialogue social. Dans cet entretien que nous publions en deux parties, Younes Sekkouri, architecte de l'accord, nous fournit des explications et sa lecture de cet événement.

Les innovations du dialogue social : un entretien avec Younes Sekkouri (1/2)

Le 3 mai 2022 à 16h39

Modifié 4 mai 2022 à 17h10

ENTRETIEN. Le dialogue social a abouti cette année, pour la première fois, à la signature de deux documents : l'accord lui-même, et un pacte qui institutionnalise ce dialogue social. Dans cet entretien que nous publions en deux parties, Younes Sekkouri, architecte de l'accord, nous fournit des explications et sa lecture de cet événement.

Younes Sekkouri est à la fois l'un des sherpas et l'un des ministres les plus brillants de ce gouvernement. Il s'est vu confier le dossier de Awrach et celui du dialogue social. Sa formation, son parcours de député semblaient le prédisposer aux missions qui nécessitent une ingénierie particulière ainsi que des talents de médiation et d'intermédiation. Nous étions curieux de voir le résultat pour le dialogue social. Les différents échos qui parviennent à la fois des syndicats et du patronat montrent qu'il a su créer un climat de confiance et faire travailler les partenaires sociaux, ensemble, pour trouver des solutions.

Nous le rencontrons à Casablanca, en fin d'après-midi ce dimanche, 1er mai de Fête du Travail. Sa fatigue est visible. Une certaine satisfaction aussi. Il s'anime d'ailleurs dès qu'il commence à faire le récit de ces deux mois d'intenses contacts dans le cadre du dialogue social.

Comment titrer cet entretien? C'est la question que nous posons, juste pour voir comment lui, il hiérarchise les résultats de ces réunions avec les partenaires sociaux, une trentaine au total. Il répond ceci, dans l'ordre:

-réparer une série d'injustices au plus tôt (allusion notamment aux retraites, aux employés de maison, à l'alignement du Smag sur le Smig...).

-mettre l'Etat social en marche.

-trouver un modèle 100% marocain de dialogue social.

Ci-dessous, nous publions la première partie de cet entretien, celle qui comporte le récit de cette séquence politique et sociale et ses aspects novateurs et méthodologiques.

L'alignement du SMAG sur le SMIG est une révolution en soi

Médias24: La CGEM va appliquer dès septembre, une première hausse de 5% du SMIG. La seconde est prévue pour septembre 2023. Mais entre les deux, il faudra promulguer la loi sur la grève et amender le Code du Travail. Quelle certitude concernant ces deux engagements? Seront-ils respectés et quand?

Younes Sekkouri: Nous voulions un accord qui soit actionnable, pas un accord de déclaration de principes. Cela signifie au moins 2 choses :

*des chiffres, des engagements clairs,

*un calendrier.

Cela n’avait jamais été le cas auparavant. C’est nouveau, c’est pour ça qu’il y a eu des avancées et que les positions des syndicats et de la CGEM ont évolué.

Vous demandez si la deuxième hausse de 5% du SMIG dans le privé, prévue en septembre 2023, sera appliquée  et s’il y a une certitude concernant la promulgation de la loi sur la grève et la réforme du code du Travail. La réponse est dans l’accord lui-même car il comporte une clause selon laquelle cet accord est un tout.

Nous avons inclus ensemble des mesures avec beaucoup de bonne foi de la part de tous les acteurs, nous mettons en place un calendrier sur lequel tout le monde s’est engagé.

L’accord tient sa force par l’engagement des uns et des autres, nous avons une échéance de revalorisation du SMIG et une autre du SMAG dont l’alignement sur le premier est une révolution en soi.

-Le SMAG sera-t-il aligné sur le SMIG en 2028, quelle que soit l’évolution du SMIG entretemps ? C’est-à-dire s’il y a de nouvelles hausses du SMIG d’ici 2028, le SMAG sera néanmoins aligné sur le nouveau montant ?

- L’accord a acté le principe de la convergence entre le SMIG et le SMAG et en a prévu des modalités pratiques avec comme horizon  2028. Naturellement, compte tenu du retard du SMAG sur le SMIG et de la revalorisation du SMIG, le SMAG doit évoluer plus rapidement que le SMIG. D’ailleurs le SMAG sera augmenté de 10% en septembre 2022 contre 5% pour le SMIG. Il va de soi qu’acter l’alignement entre le SMIG et le SMAG veut dire que la discussion sur les deux sera liée dorénavant.

Il ne faut pas oublier que notre devoir, au-delà de ce qui est inscrit dans les accords, est de déployer l’organisation nécessaire pour faire respecter tous les engagements sur le terrain.

-Donc, le calendrier sera maintenu et c’est central.

-Pour moi, c’était un élément fondamental.

Dans l’ingénierie de l’accord, le calendrier fera qu’on est dans une dynamique complètement différente du passé et qu’on dépasse le marchandage vers une négociation créative. Le dialogue social n’est pas une séance de marchandage, où chacun campe sur ses positions. C’est plutôt un exercice d’ouverture et d’ingéniosité pour rechercher des solutions mutuellement acceptables par les acteurs.

Pour cela, il a fallu d’abord installer la confiance entre les acteurs et, par la suite, des mécanismes, donc des engagements de part et d’autre, des délais qui mettent en place un horizon.

C’est ce que nous avons réussi à faire grâce à la contribution de tout un chacun.

-Les syndicats accepteront- ils le terme flexibilité du travail?

-Je ne me prononce pas sur ce sujet aujourd’hui. Il y a un délai, une commission tripartite dédiée qui va travailler sur le sujet et on va innover autant de fois que nécessaire, il y aura une méthodologie de travail.

Jeudi 28 avril, rien n’était certain concernant la conclusion du dialogue social. Et deux jours après, nous avons  signé et nous en sommes sortis avec un capital de confiance extraordinaire.

On dit que Aziz Akhannouch a souvent la capacité de dénicher les talents et de faire confiance. En remettant le dossier du dialogue social au jeune ministre PAM Younes Sekkouri, tout indique à ce stade qu'il a vu juste.

-Revenons sur ces mesures incluses dans l’accord. Quel est le coût global pour l’Etat ?

-Le coût direct est d’environ 3,5 milliards de DH de mesures.

Les 3,5 milliards de DH n’incluent pas les mesures prises au cours des 6 derniers mois ni celles qui portent sur les hausses du SMIG et du SMAG. Par exemple, les 8 milliards de DH rien que pour la régularisation des avancements dans la fonction publique, qui avaient été gelés en 2020 et 2021 à cause de la crise; ou encore les 15 milliards de DH de dépenses supplémentaires de compensation.

Nous n'avons pas présenté de facture, nous n'avons pas marchandé, les chiffres ont été les derniers points discutés

Mais à aucun moment, nous n’avons présenté la facture, ni n’avons été dans une logique de marchandage. Les chiffres ont été les derniers points discutés. Et pourtant, dans une période de crise mondiale, 3,5 milliards de DH, c’est important.

Au total, le dialogue social, ce sont près de 30 réunions : 25 réunions disons bilatérales avec les syndicats et le patronat un par un. Et 4 réunions générales. Et nous avions commencé par la méthodologie, pas par les chiffres.

-Parlons méthode, négociation… Est-ce qu’il y avait une formule magique ?

-Pour la première fois à ma connaissance, une délégation gouvernementale s’est déplacée aux sièges des différents syndicats ou patronat et c’était, d’ailleurs, une idée du chef du gouvernement qui a contribué à instaurer la confiance et la crédibilité.

La formule, c’est d’être authentique, sincère, crédible. Les partenaires sociaux ont des problèmes concrets sur le terrain, dans la vie de tous les jours. Ils ont besoin de réponses concrètes. Le Chef du gouvernement nous a beaucoup encouragés à traiter les problèmes  de fonds, sans oublier les urgences et l’ensemble du gouvernement a été mobilisé.

Cette séquence est une petite démonstration de la capacité d’intermédiation et de médiation. À chaque fois qu’il y a eu un problème sur le terrain, dans une région ou une autre, un secteur ou un autre, le gouvernement a activé les instances qui devaient l’être, typiquement les instances régionales et locales. Ça a bien fonctionné grâce à la mobilisation exceptionnelle des ministères de l’Intérieur et des Finances pour les volets retraites et budget mais également de ministères qui gèrent de secteurs productifs comme l’industrie ainsi que le ministère chargé de la Réforme de l’administration. Au cours des deux derniers mois, nous avons désamorcé des grèves et plusieurs foyers de tension et nous comptons en faire une action permanente.

Nous avons collectivement inventé un nouveau concept que nous avons appelé l'année sociale

-La confiance est donc établie et l’Etat social est en marche…

 -Nous avons commencé à matérialiser l’Etat social. Et je pense que nous avons initié un nouveau modèle pour le dialogue social, 100% marocain.

Nous avons collectivement inventé un nouveau concept que nous avons appelé l’année sociale, du 1er mai chaque année au 30 avril de l’année suivante.

Cette année sociale qui figure dans le pacte va permettre de cadencer, d’orchestrer, de faire le suivi, de mesurer les avancées en matière sociale, de traiter les problèmes, à l’échelle du pays.

L’année sociale sera marquée par deux rendez-vous nationaux et par bien d’autres aux échelles régionale et locale, qui sont les innovations majeures. Les deux rendez-vous nationaux auront lieu en septembre et en avril.

Avec l’ensemble des acteurs, on s’est dit que 12 mois, ça répond bien aux 12 régions. Il faudra aller sur le terrain, région par région, rencontrer les acteurs, les syndicats, les chefs d’entreprises, les gens qui ne sont pas dans les comités nationaux.

Il faut les réunir avec l’autorité, discuter à chaque fois de ce contenu social, de cette paix sociale, il faut encourager les entreprises à conclure des conventions collectives.

Il faut du leadership pour que cela puisse fonctionner. Il faut s’attendre désormais à une forte présence sur le terrain, du gouvernement, tous départements confondus, des syndicats et des patrons, des provinces et des régions, dès les prochaines semaines pour que quand arrive le rendez-vous national, il y ait déjà une histoire commune, un vécu, des problèmes réglés, et Dieu sait qu’il y en a beaucoup, avec une autre appréciation de l’équilibre entre le salarié et l’employeur.

Un observatoire du climat social sera créé

Cette vision du leadership que tout le monde a vue a été proposée par le gouvernement, nous l’avons mise sur la table et nous avons dit que nous n’allons pas le faire d’une façon aléatoire, mais avec des instances. Nous avons prévu un Observatoire du climat social qui va produire un rapport. Ce rapport va émaner du terrain, il sera complémentaire à ce que fait le Cese. Ce sera un rapport empirique, pas une étude, mais des témoignages des acteurs, un recensement des problèmes, réglés ou pas, de tout ce que les statistiques n’arrivent pas à collecter, il va rendre compte de ce qui se passe, l’expérience vécue et non seulement de l’impact mesuré.

Il y aura aussi une académie avec le renforcement des capacités de tout le monde, tout ce qui touche à l’emploi et au travail.

-Reprenons le récit par séquence. Quand est-ce que le chef du gouvernement vous a appelé et remis le dossier du dialogue social ?

-D’abord, il y a eu le forum parlementaire sur la justice sociale organisé le 21 février à la deuxième chambre, au cours duquel le Chef du gouvernement a annoncé son intention de matérialiser l’Etat social par un pacte ainsi que la reprise du dialogue social le 24 février.

Par la suite, nous avons donc invité les syndicats.

Mais dès le lendemain de la nomination du gouvernement, le Chef du gouvernement m’avait déjà demandé de prendre attache avec les syndicats, tous les syndicats, pour un premier échange informel, connaître leurs positions, leur transmettre les intentions du gouvernement qui venait d’être nommé et envisager un moment qui serait opportun pour se voir d’une manière formelle.

Après, le projet de Loi de Finances a accaparé toute l’attention. En janvier, nous avons repris contact avec les syndicats et nous avons essayé de trouver un moment pour nous voir, en février.

Après le forum à la deuxième chambre, le Chef du gouvernement a organisé des réunions formelles avec les syndicats les plus représentatifs pour lancer la dynamique.

C’est là que nous nous sommes posés la question sur la manière de structurer le dialogue social. Et collectivement, on a bien vu que nous n’allions plus nous contenter du format classique, avec une commission qui traite des problématiques du public ; et une autre pour le privé.

Et donc le Chef du gouvernement a décidé de mettre en place une autre commission chargée de l’institutionnalisation du dialogue social conformément aux instructions et orientations royales.

Le Chef du gouvernement m’a chargé de faciliter le processus avec les collègues du gouvernement et, notamment, les départements concernés (Justice, Intérieur, Finances, CNSS, Agriculture) en vue de construire un modèle marocain conforme aux attentes et aux acteurs de la place.

Nous avons tenu des réunions très intéressantes avec tous les acteurs, avec des débats de grande qualité.

Au début, la majorité des acteurs voulaient voir l’institutionnalisation s’organiser à travers une loi.

Ensuite, nous nous sommes rendus compte collectivement qu’il était primordial de commencer par développer une expérience, un vécu communs pour avoir de la profondeur et être en mesure par la suite d’aboutir à une loi de l’institutionnalisation.

Et donc nous avons changé d’approche,  pour poser la question suivante : quelle est la trajectoire de cette institutionnalisation ? Et plus tard, envisager d’inscrire le nouveau vécu dans une loi.

Cette institutionnalisation impose des engagements, un rythme, permet de déployer un modèle de leadership collectif purement marocain et, donc, nous nous sommes employés à en faire la démonstration pendant les négociations.

Donc, après avoir rencontré les syndicats un par un, nous nous sommes fixés un cap avec le Chef du gouvernement, on s’est dit que l’on doit essayer d’arriver à un accord ET à un pacte pour matérialiser la composante institutionnalisation.

Début mars, le travail intense a commencé pour aboutir avec cette signature le samedi 30 avril.

La meilleure stratégie de négociation, c'est l'authenticité et la méthode

-Dites-nous comment vous avez préparé votre stratégie de négociation ?

-La meilleure stratégie de négociation qui puisse fonctionner, c’est celle qui se base sur un couple (valeurs, méthode). Dans notre cas, le système de valeurs est celui de l’authenticité, la sincérité et la transparence avec et entre les acteurs.

Ceci étant, sans méthode, les valeurs de l’authenticité et de la sincérité restent un ensemble de vœux pieux.

Il faut une méthode qui permette de traduire cette sincérité en vécu ; c’est ce que nous avons fait.

Par exemple et, avec l’encouragement du Chef du gouvernement, la veille de l’accord, vendredi à 21h, j’ai appelé les patrons des syndicats et sur des points qui posaient problème, j’ai demandé à chacun d’écrire lui-même l’article où la phrase de l’accord comme il le souhaitait. C’est un risque mais ça a bien fonctionné au final car nous n’avions rien à cacher.

Nous avons fini par trouver le compromis, ça a duré jusqu’à 05h du matin, le Chef du gouvernement et d’autres ministres comme le ministre du budget n’ont pas fermé l’œil avant S’Hour.

Nous sommes tous sortis pleins de confiance les uns dans les autres

-Il y a dans l’accord des engagements et des dates, mais certains points ne sont pas précisés, on ne connaît pas le contenu de la réforme du code du travail par exemple, même si tout le monde s’en doute. Et si cela ne marche pas ?

-Nous avons dans l’accord, pris en compte les positions et les aspirations des uns et des autres. Nous avons construit le calendrier ensemble.

Oui, pour faire confiance à un calendrier, il faut vraiment être animé de bonne foi.

Un calendrier, il peut être utile comme le contraire, on peut s’engager à traiter un sujet puis tout faire pour que ca ne marche pas. Nous avons prévu pour chaque sujet un mécanisme de traitement et nous allons honorer nos engagements.

Nos partenaires ont vu que le gouvernement était très sérieux ; surtout quand nous avons posé sur la table avec beaucoup d’insistance la question de l’institutionnalisation. Nous sommes tous sortis pleins de confiance les uns dans les autres. C’est cela qui fera fonctionner les choses. Tout le monde fait confiance en l’avenir, dans cette institutionnalisation. C’est un process, dans lequel il n’y a pas de sujets tabous.

-Quels conseils en tirer en matière d’art de la négociation ?

-Je pense que l’une des meilleures théories de la négociation s’appelle la négociation raisonnée de William Ury et Roger Fischer.

En discutant dans l’une des commissions, j’ai d’ailleurs constaté que des syndicalistes et membres de la CGEM avaient également lu ce livre “Getting to yes“.

Le principe de la négociation raisonnée nous apprend comment, à partir de postures où des acteurs campent sur des positions, parcourir un chemin ensemble pour pouvoir imaginer un enjeu commun et traduire les positions en intérêts au sens noble du terme et travailler sur ces intérêts des uns et des autres, pour trouver un terrain d’entente inclusif.

Je vais citer un exemple à titre d’illustration et dans un but purement pédagogique et explicatif, cet exemple n’a pas fait l’objet de discussions ou de négociations avec les acteurs.

Par exemple, l’intérêt des acteurs peut être d’améliorer le pouvoir d’achat. La position, c’est d’augmenter ce pouvoir d’achat exclusivement à travers une augmentation de salaire. Dans le monde des solutions, on peut améliorer le pouvoir d’achat en augmentant le revenu moyennant au moins trois pistes 1)une fiscalité ciblée,  2)des contributions ou aides de nature budgétaire ou 3) des augmentations de salaire. Donc l’augmentation qui paraissait le seul remède est une option parmi 3 dans le monde des solutions.

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