La reprise se confirme dans le secteur de l’industrie aéronautique. C’est ce qu’ont confirmé à tour de rôle, Karim Cheikh, le président du Groupement des industries marocaines aéronautiques et spatiales (GIMAS), et Ryad Mezzour, le ministre de l’Industrie et du commerce, à l’occasion de la 6e édition des Aerospace meetings. Cet événement phare du secteur de l’aéronautique, organisé par le GIMAS du 15 au 17 mars, accueille 200 exposants et 650 participants représentant 20 pays.

"Le carnet de commandes est plein. Il est plein, il se confirme et il s’accélère", annonce fièrement Ryad Mezzour, qui voit le nombre d’emplois dans le secteur tripler, voire quadrupler lors des quatre prochaines années, alors que l’objectif initial était de le doubler.

"Après les difficultés qui ont touché le monde aéronautique et le transport aérien pendant deux ans, les cadences commencent à augmenter. La preuve en est qu'à la suite des discussions que nous avons eues avec la direction d’Airbus, ils nous confirment que les cadences vont augmenter à un rythme élevé", a déclaré Karim Cheikh lors de l'inauguration de cet événement.

Cela signe la fin de la crise et l’entame de la reprise, selon le président du GIMAS, qui déclare que la crise sanitaire s’est fait ressentir dans le secteur de l’aéronautique au Maroc, mais avec une incidence moins forte qu’ailleurs dans le monde.

L’optimisme est donc de retour, notamment après l’inauguration, dans la matinée, de deux nouvelles usines. La première est spécialisée dans l’usinage des pièces moteurs, alors que la deuxième constitue un doublement des capacités de l’entreprise américaine Hexcel, spécialisée dans les matériaux composites.

Ces deux nouvelles inaugurations dans cette conjoncture, indiquent selon le ministre, à quel point le Maroc est certes un acteur émergent, mais qui devient de plus en plus important dans le monde de l'industrie aéronautique.

La montée en gamme du capital humain, nouveau défi du secteur

"Aujourd’hui, nous sommes en train de préparer 100.000 'cols blancs' pour ces deux secteurs seulement (l’aéronautique et l’automobile), pour les quatre prochaines années", a confié Ryad Mezzour.

Pour lui, c’est un changement de cap en termes de capital humain. Après avoir construit un système de formation professionnelle qui fournit suffisamment de 'cols bleus', et qui a fait le succès de la plateforme industrielle marocaine, le défi est maintenant de préparer des compétences dans le domaine de l’ingénierie, de la recherche et développement, de l’innovation et de la technologie de pointe. "C’est une transformation structurelle de notre économie", a-t-il souligné.

Dans le cadre de cet événement, plusieurs universités et écoles d'ingénieurs ont signé des conventions avec les industriels, par lesquelles ces derniers vont contribuer à concevoir les programmes et déterminer les compétences techniques, afin d’adapter les formations aux qualifications dont ils ont besoin, a expliqué le ministre.

Karim Cheikh a lui aussi évoqué, avec optimisme, cette nouvelle orientation. "On a signé il y a quelques semaines avec les ministres de l’Industrie et de l’Enseignement supérieur une convention importante, une première au Maroc qui est la formation de plus de 100.000 ingénieurs et techniciens supérieurs (niveau bac+3), pour préparer la jeunesse. Cela viendra compléter l’offre de la formation professionnelle. Tout cela dans le but de transformer les écosystèmes dans le sens de plus de valeur ajoutée", a-t-il déclaré.

L’énergie, nouveau cheval de bataille de l’industrie marocaine

"C’est un miracle si notre industrie est arrivée à ce niveau, avec un prix de l'énergie aussi haut. Cette question est en train d’être résolue et ne sera plus un problème", a annoncé le ministre Ryad Mezzour.

"Je sais que vous avez besoin d’énergie renouvelable, je sais que vous avez besoin de payer votre électricité moins cher. Ce sera fait dans les prochaines semaines", a-t-il promis aux industriels. "Je sais que vous avez besoin de gaz, les contrats seront signés dans les trois à quatre prochaines semaines. D’ici le deuxième semestre, vous aurez du gaz à un prix maximum européen."

Pour sa part, Karim Cheikh a déclaré que les chantiers les plus importants actuellement pour le secteur étaient la décarbonation, l’industrie 4.0, l’ingénierie et la formation. Il espère que, d'ici quelques mois, le secteur pourra retrouver ses chiffres d’avant-Covid, à savoir 2 milliards de dirhams de chiffre d’affaire à l’export, environ 20.000 salariés, un taux d’intégration de 42% et un taux annuel de croissance de 17%.