Verbatim : les réponses de Abdellatif Jouahri au point de presse

Flexibilisation des changes, transferts des MRE, marché secondaire des créances bancaires en souffrance... Ce sont là autant de sujets sur lesquels s’est exprimé le gouverneur de Bank Al Maghrib, Abdellatif Jouahri, lors de la conférence de presse tenue ce mardi 21 décembre.

Verbatim : les réponses de Abdellatif Jouahri au point de presse

Le 21 décembre 2021 à 18h58

Modifié 21 décembre 2021 à 23h14

Flexibilisation des changes, transferts des MRE, marché secondaire des créances bancaires en souffrance... Ce sont là autant de sujets sur lesquels s’est exprimé le gouverneur de Bank Al Maghrib, Abdellatif Jouahri, lors de la conférence de presse tenue ce mardi 21 décembre.

La flexibilisation des changes a de nouveau été évoquée lors du point de presse organisé ce mardi 21 décembre, à l'issue du conseil de Bank Al Maghrib. Le Fonds monétaire international (FMI) a récemment appelé le Maroc à accélérer le pas dans cette réforme structurelle.

Le wali de la banque centrale, lui, n'est pas du même avis. "De notre point de vue, il vaut mieux attendre", estime en effet Abdellatif Jouahri.

"Nous avions un autre point de vue, nous l’avons défendu et leur avons dit qu’il nous appartenait de décider du bon timing. Nous ne nous sentons pas prêts, bien que techniquement tout soit en place. Il y a les opérateurs et il y a la conjoncture. Est-ce le bon timing, ou bien est-ce un timing qui compliquera les choses pour les opérateurs ? Ce sont des choses difficiles avec des conséquences importantes. Les conséquences seraient plus dommageables encore si on devait s’engager puis revenir en arrière", poursuit Abdellatif Jouahri.

"Si nous passons à la deuxième étape, ce n’est pas un élargissement de la bande que nous allons opérer ; nous allons commencer à abandonner l’ancrage au panier de devises et irons vers le ciblage de l’inflation. Le nouvel ancrage sera le taux directeur et la politique monétaire", explique-t-il.

Le FMI préconise l'accélération de la réforme dans "une conjoncture marquée par une pandémie qui pose des incertitudes invraisemblables et pèse sur le budget de l’État. Il y a également un problème au niveau des opérateurs".

"Nous avons fait une tournée régionale pour sensibiliser les TMPE, mais nous sentons le besoin d’une politique de formation pour les opérateurs, afin qu’ils soient plus armés", répond Abdellatif Jouahri.

Un marché secondaire des créances en souffrance pour 2022 ?

Autre sujet évoqué par la récente sortie médiatique du FMI et sur lequel le gouverneur a été interpelé : la création d'un marché secondaire des créances en souffrance. Le FMI appelle, là encore, à l'accélération de la mise en place de ce marché, précisant que la banque centrale travaille activement sur ce chantier.

C'est ce qu'affirme Abdellatif Jouahri. "La première lettre écrite à ce sujet date de presque un an. Nous avons débloqué la situation", annonce-t-il. "Nous accélérons la cadence pour mettre en place ce marché. J’ai demandé au secrétariat général du gouvernement de prendre le lead sur ce dossier, afin de faire une proposition des textes législatifs. De l’autre côté, nous avons travaillé avec les banques".

"Il y a un volume assez valable pour animer ce marché secondaire", précise encore le gouverneur, qui espère voir se concrétiser ce projet au cours de l'année 2022.

Transferts de MRE : la banque centrale fait pression pour baisser les coûts

L'année 2021 se terminera avec un record des transferts MRE à 95 MMDH. Une commission tripartite (Bank Al Maghrib, Groupement professionnel des banques du Maroc, Office des changes) a été mise en place pour comprendre le phénomène. Selon Abdellatif Jouahri, il n'y a pas une, mais plusieurs explications :

- Les personnes qui faisaient rentrer le cash "dans les valises" ne le peuvent plus en raison de la crise du Covid-19 et du durcissement des contrôles. Une partie a donc été captée par le canal formel.

- Des aides continues de solidarité. Selon une étude internationale citée par Abdellatif Jouahri, il a été constaté que plus le revenu baisse dans le pays d'origine, plus le transfert extérieur augmente. Cela a donc impacté le volume des transferts.

- L'impact de la convention de déclaration fiscale avec l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).

"Nous continuons d'analyser tout cela pour savoir quel est le facteur dominant", précise le gouverneur, qui a par ailleurs affirmé que la banque centrale est sensible à la problématique des coûts élevés de ces transferts.

"En tant que banque centrale, nous avons levé le monopole des sociétés de transfert de fonds" afin de faire baisser ces coûts, mais les opérateurs étant des mastodontes, cela n'a eu qu'un effet limité, nuance-t-il. "Les coûts au Maroc sont parmi les plus bas par rapport à d'autres pays, mais nous continuons d'estimer que cela ne suffit pas ; il faut négocier et baisser davantage les coûts", plaide-t-il.

Le sujet a également été traité par le G20. L'objectif est de diviser par deux les coûts à l'horizon 2030. "Maintenant que le G20 a repris à son compte le sujet, il y a une brèche dans laquelle on peut s'engouffrer pour négocier la baisse des coûts plus tôt", détaille le gouverneur.

Finance participative, un marché à soutenir

Le marché de la finance participative, quant à lui, a du mal à prendre son envol. "C’est un des sujets dont nous discutons en interne tous les mois", fait savoir Abdellatif Jouahri. A ce sujet, il révèle avoir reçu deux dossiers ; l'un concernant une concentration dans le secteur et l'autre un élargissement du tour de table.

"J’ai reçu une demande de rapprochement qui n’a pas abouti, et une demande d’élargissement de l’actionnariat pour laquelle nous avons demandé d'approfondir les études", confie-t-il. "Il faut d'abord savoir quelle est la cause de l’atonie de l’activité", estime le gouverneur de Bank Al Maghrib.

"Des actionnaires veulent mettre de l’argent et choisissent un management de qualité ; ceux-là avancent. Et il y a évidemment ceux qui traînent du pied car le management en place ne fait pas l’affaire".

"Nous avons engagé, avec les banques participatives, une étude pour savoir pourquoi le marché reste atone", explique enfin Abdellatif Jouahri, précisant que l’écosystème est en train de se finaliser.

Conseil de Bank Al Maghrib : Abdellatif Jouahri prévoit au moins 6,2% de croissance en 2021

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