Crédits bancaires : La hausse des taux expliquée par Jouahri
Face à une question soulignant la hausse des taux bancaire malgré la baisse du taux directeur, Abdellatif Jouahri a tenu à apporter des explications, lors d’un point de presse organisé à l’issue du Conseil de Bank Al-Maghrib.
En marge de la conférence de presse tenue, mardi 22 juin, à l’issue du 2ème Conseil de Bank Al Maghrib de l’année, la question de la transmission de la baisse du taux directeur vers l’économie réelle et la hausse des taux bancaires a été posée.
Abdellatif Jouahri, le wali de Bank Al-Maghrib, a commencé par souligner que « ce sujet est l’un des points que nous suivons de près », avant d’entamer l’explication de la situation du système bancaire et son évolution avec la crise du Covid-19.
« Il ne faut pas oublier une chose : il y a eu des moratoires. Ceux-ci ont porté sur 118 milliards de DH. 67% ont été régularisés. C’est est un bon chiffre. Mais à côté, il y a eu des rééchelonnements qui ont été faits », souligne-t-il.
Ces rééchelonnements ne peuvent pas avoir les mêmes conditions que les crédits à court terme. « La créance de la banque, au lieu de respecter les échéances initiales, elles ont été mises sur du moyen terme. Vous n’allez pas appliquer à ces rééchelonnements les mêmes conditions que les crédits à court terme. Vous êtes obligés d’augmenter le taux. Celui-ci augmente parce que la durée augmente, la mobilisation de la liquidité par la banque augmente ce qui fait augmenter le risque également. Ce sont ces éléments-là qui jouent. Il n’y a pas que le facteur de la baisse du taux », souligne le Wali de BAM.
« Quand on voit les augmentations réalisées, on trouve qu’il y eu 300 points de base de différence qui restent liés à l’intermédiation bancaire. Ce n’est pas énorme. Il faut rappeler les résultats 2020 du système bancaire. Il a perdu la moitié de sa rentabilité en 2020, que ça soit sur le plan social que sur le plan consolidé. Il a perdu la moitié des rendements de ses actifs. Cela ne veut pas dire que je justifie le fait que les banques puissent se rattraper », continue-t-il.
Et d’expliquer : « Les banques essaient juste de réadapter les taux en fonction des conditions actuelles pour qu’elles les louent de nouveau à leur clientèle, qu’elle soit entreprise ou ménage. Après les moratoires, les opérations Relance et toutes les décisions qui ont été prises dans le secteur qui prennent fin les banques se retrouvent face au traitement au cas par cas. Il y a celles qui sont dans le cadre du déclassement, d’autres qui vont tomber dans le cas d’impayés momentanés en attendant qu’elles puissent reprendre le cours normal du paiement des échéances, etc… Il est très difficile de venir juger et de dire que les banques ont augmenté les taux. Les augmentations de taux, en comparaison avec les chiffres 2018 et 2019, tournent autour de 30 à 40 points de base ».
C’est pour dire « qu’après la crise, chaque secteur a sa propre situation. Prenez l’exemple du secteur du tourisme. Il est dans une situation très difficile. S’il faut réaménager, restructurer, déclasser ou donner encore des différés d’échéance, il faut appliquer des conditions différentes. Les choses doivent être bien étudiées, dans le cadre de ce qu’apporte la banque et dans le cadre du réaménagement qu’elle octroi à la clientèle ».
« De l’autre côté, il faut voir le coût du risque et l’appréciation de la prime de risque qui doit rester raisonnable. Et c’est notre rôle en tant que régulateur dans le cadre de la transmission de la politique monétaire, de voir que ces aménagements restent raisonnables, supportables par le client et qu’ils puissent répondre à une négociation équilibrée entre le client et la banque », conclut le Wali de BAM.
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