Vaccination: contre-indications et recommandations du ministère de la Santé

Le ministère de la Santé a publié, mardi 9 mars, deux documents relatifs aux contre-indications à la vaccination ainsi qu'aux recommandations officielles pour certaines situations particulières. Voici ce qu’il faut retenir.

Vaccination: contre-indications et recommandations du ministère de la Santé

Le 10 mars 2021 à 16h17

Modifié 11 avril 2021 à 2h50

Le ministère de la Santé a publié, mardi 9 mars, deux documents relatifs aux contre-indications à la vaccination ainsi qu'aux recommandations officielles pour certaines situations particulières. Voici ce qu’il faut retenir.

"Il s'agit des premiers documents officiels du ministère de la Santé dans ce sens", nous a confié Dr. Tayeb Hamdi, médecin, chercheur en politiques et systèmes de santé, joint par Medias24. 

Sur le premier document listant les contre-indications à la vaccination, le ministère précise que toutes les personnes âgées de 17 ans et plus peuvent être vaccinées par le vaccin anti-covid, quelle que soit la maladie ou le traitement en cours, à l’exception des femmes enceintes et allaitantes, des personnes ayant eu des antécédents de choc anaphylactique ou d’œdème de Quincke, ainsi que celles ayant présenté une réaction allergique suite à la première dose de ce vaccin. La vaccination est également différée en cas de syndrome infectieux aigu jusqu’à guérison.

Les cas éligibles à la vaccination sous conditions

Le document ajoute également que les personnes ayant déjà été positives au coronavirus sont éligibles à la vaccination, mais sous les conditions suivantes:

- La vaccination doit être différée chez les personnes dont l’infection par le Sars-CoV-2 est en cours. Le délai à respecter est de quatre semaines après l’apparition des syndromes à condition que le patient soit rétabli.

- Pour les personnes asymptomatiques, le même délai de quatre semaines est à respecter à partir du premier échantillon positif (1er test PCR positif).

"Sur le plan médical, il n'y a aucun risque qu'une personne symptomatique ou asymptomatique soit vaccinée. Le délai de quatre semaines fixé au Maroc (comme aux Etats-Unis et au Royaume-Uni, contre trois mois en France) vise à faire la part des choses", nous indique Dr. Hamdi.

Il explique : "La maladie du Covid-19 est nouvelle, et on ne connaît pas encore tous ses symptômes, qui, dans certains cas, peuvent dépasser 14 jours. Les vaccins utilisés au Maroc sont aussi nouveaux et leurs effets indésirables sont suivis de près. Ainsi, si une personne positive au Covid est vaccinée avant d'être rétablie, et qu'elle développe certains symptômes (céphalée, diarrhée), on ne pourra pas savoir si ce sont vraiment des symptômes de la maladie, et que la situation du patient est en train de s'aggraver, ou si ce n'est que l'effet du vaccin et que le patient ne nécessite pas d'être oxygéné par exemple... " 

Par ailleurs, ceux qui ont eu le Covid après la première dose du vaccin, sont éligibles à la seconde dose, mais celle-ci doit également être différée de quatre semaines après l’apparition des symptômes, et à condition que le patient soit rétabli.

Selon ledit document, le vaccin anti-Covid peut être administré en parallèle avec d’autres vaccins inactivés ou vivants, mais la programmation doit être séparée selon les modalités suivantes :

- Au moins 14 jours entre un vaccin inactivé et le vaccin anti-Covid ;

- Au moins 4 semaines entre un vaccin vivant et le vaccin anti-Covid 19.

Toutefois, les vaccinations urgentes (antirabique, anti-meningococcique, sérum-antitétanique) doivent être prioritaires lorsqu’elles sont indiquées, quel que soit le statut vaccinal par rapport à la vaccination contre le Covid-19.

Les personnes immunodéprimées et celles vivant avec le VIH peuvent aussi être vaccinées contre le Covid, ainsi que les patients sous traitement anticoagulant ou antiagrégant plaquettaire. Pour cette dernière catégorie, la vaccination doit être suivie d’une pression sur le site d’injection (sans frotter) pendant au moins deux minutes.

Enfin, pour les personnes sous chimiothérapie ou immunothérapie, les vaccins peuvent être administrés en inter-cures, et à n’importe quel moment pour les patients sous hormonothérapie ou thérapie ciblée orale.

Sur ce document, le ministère tient à préciser que les allergies alimentaires et saisonnières ne représentent pas une contre-indication aux deux vaccins utilisés à ce jour au Maroc, à savoir AstraZeneca et Sinopharm. Une simple maladie sans fièvre n’est pas non plus une raison pour retarder la vaccination. Ces deux points n’étaient jusqu'ici pas assez clairs pour les citoyens. La majorité des personnes souffrant d’allergies sont effrayées à l’idée de se faire vacciner, et au démarrage de la campagne de vaccination, elles étaient refusées aux centres de vaccination. 

"Des recommandations du comité scientifique doivent être revues"

Dans une publication sur son compte Facebook, Ahmed Rhassane El Adib, professeur en anesthésie-réanimation au CHU Mohammed VI de Marrakech et chef de l'un des services de réanimation de la ville ocre, appelle le comité scientifique à revoir certains points des recommandations officielles, pour lever les contre-indications notamment pour la femme enceinte et allaitante ainsi que les personnes ayant eu des antécédents de choc anaphylactique. 

Selon lui, ce sont des cas pour lesquels "nous disposons désormais de beaucoup d'arguments scientifiques, de recommandations solides et justifiées et de recul de pharmacovigilance aux niveaux national et international". 

Il appelle ainsi à vacciner, "au moins, les femmes enceintes et allaitantes qui présentent des comorbidités telles que l'hypertension artérielle (HTA), diabète, obésité, maladies cardiaques ou rénales... pour les protéger des formes graves et potentiellement mortelles" de la maladie. 

Pour ce qui est des allergies, il recommande de ne garder que "les antécédents d'allergie grave au polysorbate 80. Toutes les autres allergies, même ayant causé un choc anaphylactique ou un œdème de Quinck ne posent aucun souci pour les vaccins dont dispose le Maroc", a-t-il souligné. 

En effet, sur ce dernier point, des allergologues marocains trouvent les recommandations du ministère très restrictives. Dans un article précèdent, Dr. Younes El Gueddari, allergologue et président de l’Association marocaine de formation continue en allergologie (AMAFORCAL) nous avait expliqué que les vaccins AstraZeneca et Sinopharm sont recommandés par les experts internationaux aux patients allergiques, puisque le vaccin Sinopharm utilise l’hydroxyde d’aluminium dénué de risque anaphylactique, et celui d'AstraZeneca contient du polysorbate 80, potentiellement allergisant chez une faible proportion de la population. Un composant qu'on retrouve également dans la vie courante, notamment dans l’alimentation, les crèmes et les médicaments comme l’aspirine. Selon lui, d'une part, si ces personnes consomment ces produits sans aucun problème, alors elles ne doivent pas être écartées de la vaccination, et d'autre part, le système immunitaire n’est pas immuable, ni stagnant. 

Des constats soutenus par Dr. Hamdi. "Les recommandations concernant les personnes ayant des antécédents de choc anaphylactique diffèrent selon les pays. Actuellement, ces gens ne peuvent pas encore se faire vacciner au Maroc, mais dans d'autres pays, ils le sont, à condition qu'ils se trouvent dans une structure hospitalière, et qu'ils restent 30 minutes sur le site après injection, pour être surveillés et les sauver en cas de complication". 

"Au futur, la tendance ira dans ce sens et ces personnes seront vaccinées. Les systèmes de santé sont actuellement concentrés sur la vaccination de masse et sur les personnes qui ne présentent aucun risque. Mais ce n'est pas une excuse. Les autres ont également le droit d'être protégés."

"Pour les femmes enceintes et allaitantes, scientifiquement parlant, elles ne courent aucun risque. Le Maroc attend toutefois d'être sûr qu'il n'y a aucun problème à les vacciner. Dans d'autres pays étrangers, les femmes enceintes à risque (diabétiques, obèses...) peuvent déjà se faire vacciner, parce qu'elles font partie des catégories vulnérables". 

Situations particulières : les recommandations du ministère

Dans le cadre de la campagne de vaccination en cours, le personnel de santé peut être confronté à différentes situations particulières. Voici celles listées par le ministère et leurs actions correctives. 

Dans le cas du non-respect de l’intervalle recommandé entre les deux doses du même vaccin (21 jours pour Sinopharm et 28 pour AstraZeneca), le ministère recommande ce qui suit : pour les deux vaccins, si l’intervalle est inférieur à 21 jours, le personnel de santé doit administrer une dose du même vaccin après 28 jours, à compter de la date de la 2e dose administrée par inadvertance. En cas de dépassement des intervalles recommandés, la 2e dose doit être administrée dès que possible et ne pas reprendre la vaccination depuis le début. Pour AstraZeneca, si l’intervalle est compris entre 21 et 28 jours, il n'y a pas besoin de réadministrer le vaccin. Et pour éviter une telle situation, les vaccinateurs sont appelés à vérifier systématiquement la date de la 2e dose en fonction du vaccin administré à la première dose.

En cas d’administration des vaccins par inadvertance chez la femme allaitante et enceinte, le ministère recommande de rassurer celle-ci. La femme allaitante doit continuer normalement l’allaitement, et la femme enceinte doit poursuivre sa grossesse.

En cas d’administration, lors de la séance de vaccination de la 2e dose, d’un vaccin différent de celui administré lors de la première dose : d'après les informations disponibles à ce jour, d’autres doses ne sont pas nécessaires.

En cas de projection accidentelle des gouttes du vaccin dans les yeux : se laver absolument l’œil à l’eau propre pendant au moins 5 minutes et respecter les bonnes pratiques d’une injection intramusculaire pour éviter une telle situation.

En cas d'injection par inadvertance, au moment de l’administration de la première dose, de 2 doses : le personnel de santé doit administrer la seconde dose en respectant les intervalles en vigueur.

En cas d'injection par inadvertance, au moment de l’administration de la 2e dose, de 2 doses : veiller à rassurer la personne vaccinée et déclarer l’événement.  

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