Immobilier résidentiel : La demande est bien là, les transactions pas encore

Les mesures prises dans le cadre de la loi de finances rectificative pour 2020, prolongées jusqu’à juin 2021, en faveur de l’achat de biens immobiliers, ne suffiront pas à redynamiser pleinement le secteur, estime la Fédération nationale des promoteurs immobiliers. Les clients sont présents dans les agences, mais cela ne signifie pas qu’ils vont au bout de la procédure d’achat.

Immobilier résidentiel : La demande est bien là, les transactions pas encore

Le 8 février 2021 à 18h22

Modifié 11 avril 2021 à 2h50

Les mesures prises dans le cadre de la loi de finances rectificative pour 2020, prolongées jusqu’à juin 2021, en faveur de l’achat de biens immobiliers, ne suffiront pas à redynamiser pleinement le secteur, estime la Fédération nationale des promoteurs immobiliers. Les clients sont présents dans les agences, mais cela ne signifie pas qu’ils vont au bout de la procédure d’achat.

Dans le segment de l’immobilier résidentiel, la demande est bien là, mais pas forcément les transactions, selon les notaires et agents immobiliers contactés par Médias24. "Je ne vois pas de reprise pour l’instant", tranche Saida Chraibi, notaire. Mais elle se montre optimiste pour les prochains mois : "Le marché a touché le fond ; il ne peut que remonter." Plutôt qu’une approche économique, Saida Chraibi suggère une grille de lecture sociologique pour étayer ses propos : "Le confinement a amené les gens à repenser leur logement. Ils ont passé beaucoup de temps chez eux ; certains mesurent désormais l’importance de rechercher des logements adaptés à leur mode de vie. Je pense réellement que le confinement et le télétravail vont impulser une reprise du marché."

Abdellatif Yagou, président du Conseil national de l'ordre des notaires, évoque quant à lui "un tout début de reprise, et non une réelle reprise". Il estime qu’on ne peut, pour l’instant, parler d’un "redémarrage" des transactions dans l’immobilier résidentiel, et suggère d’attendre le printemps, "vers les mois de mars ou avril", afin de mesurer la teneur de cette timide reprise.

Des mesures jugées insuffisantes

"Il n’y a pas d’emballement particulier. La majorité des promoteurs se plaignent d’un manque de dynamisme", constate de son côté William Simoncelli, directeur et fondateur de l’agence Carré Immobilier. "L’activité du marché est différente selon les segments sur lesquels on travaille. Concernant le moyen standing, le marché connaissait déjà un vrai problème de dynamisme avant la crise, et la conjoncture ne s’est pas améliorée depuis. Concernant les logements sociaux et économiques, cela dépend : il y a des zones plus dynamiques que d’autres – pas seulement des villes, mais des zones entières. Chaque acteur a un son de cloche différent. Sur le résidentiel, nous n’avons pas une consolidation des informations ou de données, donc il est difficile d’être réellement précis. Enfin, sur le haut de gamme, le marché est moyennement dynamique : il y a toujours des acheteurs mais ils sont dans l’expectative et le manque de visibilité."

Selon William Simoncelli, les acheteurs ont en effet un comportement très sensible à l’actualité : "Sur le mois de janvier, notre activité de conseil en immobilier a été très dynamique en termes de sollicitations… mais très faible en termes de transactions. Les gens se renseignent mais n’achètent pas pour autant. Sur le début de l’année 2021, nous ne constatons pas une réelle reprise. La demande est bien là ; nous n’avons pas de souci par rapport à cela. Notre inquiétude concerne en revanche la solvabilité de la demande et son éligibilité au crédit. Il y a actuellement des annonces de licenciement dans certains secteurs qui ne sont pas favorables à une prise de décision qui engage l’acheteur sur le long terme.

"Les promoteurs immobiliers partagent largement cet avis", abonde Rachid Khayatey, vice-président de la Fédération nationale des promoteurs immobiliers (FNPI). "Le besoin en logement est là ; la demande est là, mais il y a une inadéquation entre l’offre et la demande. Il faut désormais de sérieuses aides à l’acquéreur et des plans d’accès au logement pour pouvoir redynamiser le secteur", juge ce responsable.

Justement, des aides, le gouvernement en a prévues : pour rappel, la loi de finances rectificative de 2020 a apporté des incitations pour l’immobilier qui portent sur les droits d’enregistrement. Il s’agit de l’exonération pour les logements sociaux d’une valeur comprise entre 140.000 DH et 250.000 DH, et d’une réduction de 50% pour les logements ou terrains destinés à usage d’habitation dont le montant ne dépasse pas 2.5 MDH. La loi de finances 2021 est venue prolonger cette mesure jusqu’à juin de la même année, tout en l’améliorant, le plafond pour les biens immobilier hors social étant passé à 4 MDH.

"Ces mesures ont sans doute été de nature à fluidifier ou à aider à la prise de décision, mais il est pour l’heure difficile d’en voir l’impact concrètement", commente William Simoncelli. "Des mesurettes", balaie de son côté Rachid Khayatey. "Elles ont permis de faire frémir le secteur en début d’année, consent-il toutefois, mais la loi de finances n’a apporté qu’une toute petite réponse qui ne suffira pas à redynamiser le secteur. Il va falloir prendre des mesures beaucoup plus courageuses pour redonner un souffle à ce secteur, car celles qui ont été prises ne suffisent pas à inciter de potentiels clients à acheter."

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