Pluie : La joie du monde rural rapportée par un sociologue et un ingénieur agronome

Dans les régions rurales, la pluie tombée ces derniers jours fait la joie des habitants. C'est ce que rapportent Mohamed Mahdi, sociologue, et Zakaria Kadiri, ingénieur agronome, qui précisent toutefois que la pluie doit revenir pour sécuriser toute la campagne agricole.

Pluie : La joie du monde rural rapportée par un sociologue et un ingénieur agronome

Le 14 janvier 2021 à 18h19

Modifié 11 avril 2021 à 2h49

Dans les régions rurales, la pluie tombée ces derniers jours fait la joie des habitants. C'est ce que rapportent Mohamed Mahdi, sociologue, et Zakaria Kadiri, ingénieur agronome, qui précisent toutefois que la pluie doit revenir pour sécuriser toute la campagne agricole.

Les fortes pluies qui se sont abattues la semaine dernière sur quasiment tout le territoire national "font le bonheur" des populations rurales. C’est ce que nous dit le sociologue Mohamed Mahdi, spécialiste des problématiques rurales et auteur d’un long récit estival au douar de Tigouliane, dont il est originaire. "Les habitants sont très contents ; ils voient l’espoir renaître, surtout après la sécheresse qui a sévi ces deux dernières années", se réjouit-il.

"C’est bon pour le moral, abonde Zakaria Kadiri, ingénieur agronome et professeur de sociologie à la faculté des lettres et des sciences humaines Ain Chock de Casablanca. Psychologiquement, ça a un effet très positif : les agriculteurs vont être beaucoup plus enclins à s’investir dans leurs terres, particulièrement ceux qui travaillent sur des terres bour et qui comptent énormément sur la pluie."

Des pluies diluviennes avaient déjà été enregistrées en 2014, dans le versant sud du Haut-Atlas, mais elles avaient causé d’importants dégâts matériels. Des habitations avaient été détruites. "Dans les régions rurales, la pluie est toujours la bienvenue, mais les habitants redoutent les dégâts matériels et humains, notamment parce que les maisons sont souvent construites en terre. Cette année, hamdoullah, les pluies n’ont pas causé de dégâts particuliers", précise Mohamed Mahdi. "Rien à voir avec les catastrophes recensées dans les grandes villes. Dans les campagnes, les habitations n’ont pas été endommagées. C’est un élément important car souvent, lorsqu’il y a des pluies torrentielles, les crues ont un impact très lourd sur les habitations et les populations", souligne Zakaria Kadiri.

Des pluies qui ne suffiront pas à couvrir toute la saison agricole

Pour Mohamed Mahdi, ces pluies sont la promesse d’une renaissance de la végétation et d’une régénération des nappes phréatiques : "Elles ont aussi arrosé de façon substantielle les arbres, qui étaient complètement asséchés, et irrigué les cultures, notamment l’orge. Elles vont aussi permettre aux agriculteurs de cultiver les zones bour, c’est-à-dire les zones de culture sèche. Les nappes phréatiques et les barrages sont également alimentés : ce sont autant de réserves pour les saisons sèches. Durant l’été, les populations comptent beaucoup sur ces sources d’eau."

La plaine du Souss, région que connaît bien Zakaria Kadiri, a été largement bénéficiaire de ces pluies. En effet, après un déficit affiché jusqu’à la fin de l’année 2020, le bilan pluviométrique est devenu excédentaire dans le Souss, entre autres régions. Cette pluie a également permis un remplissage des barrages, notamment celui d’Aoulouz, dans la province de Taroudant, qui desserre la plaine du Souss. "Il va permettre d’assurer une bonne desserte et d’approvisionner la population en eau potable.

Ces pluies sont certes "une bénédiction" pour ces populations, mais elles ne suffiront pas à elles seules à assurer toute la campagne agricole, prévient Zakaria Kadiri. "La répartition des pluies sur toute la campagne agricole est importante. Jusqu’à présent, la campagne est bonne ; cela tranche avec les deux années précédentes de sécheresse. Désormais, tout l’enjeu va être d’avoir des pluies au moment opportun pour continuer à générer de la production, puisque ces pluies ne permettront pas de satisfaire toute la campagne agricole en termes d’irrigation", explique Zakaria Kadiri. "En revanche, elles ont permis de recharger les nappes phréatiques. Généralement, lors des années des sécheresse, la baisse du niveau des nappes amène les agriculteurs à creuser plus en profondeur les forages pour avoir accès à l’eau. Les pluies qui sont tombées récemment leur permettront au moins de ne pas avoir à creuser davantage", ajoute Zakaria Kadiri.

Au Maroc, le recours au forage est une pratique assez généralisée, mais le système de captage individuel des eaux de pluie reste assez limité. Les populations rurales s’en remettent donc à la construction de citernes enterrées, remplies par les eaux de pluie. "C’est cette eau qui est utilisée toute l’année. Malheureusement, à l’exception des barrages, l’eau de pluie n’est pas encore pleinement utilisée par les habitants des douars. L’eau tombe mais elle n’est pas suffisamment stockée. Les barrages sont bien là, mais ils ne sont pas suffisamment nombreux ; toutes les zones ne se prêtent pas à la construction de barrages. Construire ces citernes, notamment dans la région de Chiadma, entre Safi et Essaouira, est la seule solution pour ces populations de tirer profit de l’eau pour leurs besoins personnels", conclut pour sa part Mohamed Mahdi.

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