La politique monétaire de Bank Al-Maghrib est devenue accommodante (AGR)
Attijari Global Research a publié une note de recherche où elle analyse la nouvelle ère de politique monétaire entamée par Bank Al-Maghrib depuis mi-mars 2020. La société de recherche estime que la politique monétaire actuelle est « accommodante », « dérogeant ainsi à la ligne de conduite conventionnelle de cette institution ».
Dans sa note de recherche intitulée « Bank Al-Maghirb : une politique accommodante au chevet d’une économie en berne », Attijari Global Research (AGR) analyse la politique monétaire actuelle et donne 5 messages clés à retenir de la dernière réunion de Bank Al-Maghrib ; réunion qui a été marquée par le maintien du taux directeur à 1,5%.
> Le statu quo du taux directeur est cohérent avec les pratiques internationales
Bank Al-Maghrib a maintenu son taux directeur inchangé à 1,5%, à l’issue de sa 3ème réunion de politique monétaire de l'année, tenue mardi 22 septembre.
Le statu quo était anticipé par les institutionnels locaux, comme l’avait conclu AGR lors de son sondage du mois d’août 2020.
« Une décision qui paraît en cohérence avec la tendance des politiques monétaires des Banques Centrales à l’international », souligne Attijari qui indique qu’à l’international, il n’y a pas eu de nouvelles baisses du taux directeur.
Et d’ajouter : « nous relevons que le niveau actuel du taux directeur varie selon le profil des pays. Ce taux se situe généralement en dessous de 1% chez les pays avancés alors que celui-ci peut dépasser les 9,0% au sein des pays émergents et en voie de développement. Avec un taux directeur à 1,5%, le Maroc se situe au niveau de la fourchette basse de sa catégorie ».
> Le niveau de l’inflation reste confortable
Selon Attijari, la stabilité des prix est toujours bien maîtrisée. Cet avis est soutenu par le fait que le prix du Brent à l’international est en chute en comparaison avec l’année 2019 et, aussi ; par la dégradation de la demande intérieure sous l’effet de l’affaiblissement de transferts MRE et d el’investissement.
Ainsi, avec l’absence de pressions inflationnistes, « la position de Bank Al-Maghrib semble toujours confortable pour assouplir davantage sa politique monétaire si l’évolution du climat économique l’exigerait durant les mois à venir ».
> Les décisions monétaires commencent à être transmises à la sphère réelle
Attijari observe une transmission effective de la politique monétaire à la sphère réelle. La preuve : les coûts de financement de l’économie qui sont en baisse et la bonne dynamique des crédits à l’économie.
S’agissant du coût de financement des entreprises privées et des ménages, Attijari indique que les taux débiteurs poursuivent leur tendance baissière initiée en 2017. Ils ont cédé plus de 30 PBS en l’espace d’un trimestre passant de 4,9% au T1-20 à moins de 4,6% au T2-20 ;
Du côté du financement du Trésor, les taux obligataires primaires connaissent une tendance baissière des exigences de rémunération des investisseurs. « La partie courte de la courbe est plus sensible aux anticipations baissières du taux directeur. Par contre, la transmission vers la partie longue s’opère sur une durée plus longue, précisent les analystes.
En face, une dégradation significative du coût du risque du secteur bancaire est observée. « La hausse soutenue des crédits bancaires dans un contexte économique difficile pèse sur le coût du risque du secteur qui devrait selon nous, plus que doubler en 2020 », anticipent-ils.
> Le recours aux instruments monétaires non conventionnels est en hausse
Dans ce contexte économique difficile, Bank Al-Maghrib continue d'accompagner le recours des banques aux instruments monétaires à long terme. Deux principales évolutions sont relevées :
- Près de la moitié des avances à 7 jours a été réallouée vers les opérations de pension livrée à plus long terme. Les injections hebdomadaires baissent de plus de 75% passant de 61,9 MMDH pré-crise à un peu moins de 36 MMDH post-crise ;
- Les prêts garantis, considérés comme des opérations non conventionnelles, ont été multipliés par 10 fois durant la même période. Ces emprunts entrent dans le cadre du programme de soutien au financement des TPME mis en place en avril dernier, en plus de la ligne d’appui « Intilaka »
> Un consensus des principales institutions locales par rapport aux prévisions de croissance
Attijari relève pour la première fois depuis le début de cette crise sanitaire, un consensus des principales institutions locales quant aux prévisions de croissance de l’économie marocaine. Il s’agit d’un consensus autour d’une contraction du PIB de -6,1% en 2020, anticipée par Bank Al-Maghrib et qui demeure en ligne avec celles des principales institutions nationales.