Déconfinement : 90% des médecins libéraux déjà opérationnels

Les syndicats des médecins généralistes et spécialistes privés appellent les cabinets encore fermés à rouvrir et les patients de reprendre contact avec leurs médecins traitants.

Déconfinement : 90% des médecins libéraux déjà opérationnels

Le 26 mai 2020 à 20h19

Modifié 11 avril 2021 à 2h46

Les syndicats des médecins généralistes et spécialistes privés appellent les cabinets encore fermés à rouvrir et les patients de reprendre contact avec leurs médecins traitants.

A l'approche de la date prévue pour le déconfinement (10 juin), Médias24 a interrogé les présidents des syndicats des médecins généralistes et spécialistes pour connaitre leur niveau d'activité et la date de reprise totale.

Un sondage consacré à l’impact de la pandémie sur l’activité des généralistes

Hamdi Tayeb qui préside le Syndicat national de médecine générale (SNMG) nous révèle qu’un sondage national va bientôt être lancé pour connaître l’impact du Covid-19 sur l’activité des médecins généralistes du secteur privé.

« En attendant d’avoir des réponses à de nombreuses questions liées aux conséquences de cette pandémie, je peux dire qu’à Larache où j’exerce, pas moins de 90% des cabinets sont ouverts », affirme le généraliste en laissant entendre que c’est la même tendance au niveau national.

Questionné sur l’éventuel impact de l’appel du ministre des Finances à reprendre le travail, il déclare que la réouverture des cabinets fermés est une nécessité qu'a bien fait de rappeler Mohamed Benchaâboun.

Avec les moyens disponibles de protection, plus d’excuse pour fermer

« L’appel du ministre a concerné les entreprises non interdites d’exercer qui devaient continuer à fonctionner mais qui ont fermé, entre autres par peur de la contamination et par manque de moyens de protection.

« Aujourd’hui, les outils pour se prémunir d’une contamination sont largement disponibles sur le marché mais il y a aussi une maîtrise des procédures de protection.

« Concernant les médecins qui ont décidé de fermer leurs cabinets, je considère qu’ils ont eu tort, car cela fait déjà un long moment qu’ils auraient pu reprendre leur activité sans risque. Ceci dit, maintenant que les outils sont disponibles et les process rodés, il est temps qu’ils rouvrent leurs cabinets.

« En effet, hormis la disponibilité des masques chirurgicaux pour les patients et FFP2 pour les médecins, les gels hydroalcoolisés, les visières …, les cabinets ont appris à maîtriser leur fonctionnement en mettant en place des procédures d’accueil personnalisées sans risque de contamination.

« Sachant cela, les cabinets fermés sont obligés de rouvrir progressivement surtout qu’ils ont compris qu’ils ne pourront pas rester portes closes de 1 an à 18 mois le temps de trouver un vaccin », explique Tayeb.

Le renoncement aux soins peut s’avérer dangereux, voire fatal

Inquiet pour les patients qui ont arrêté de consulter ou préféré reporter, le généraliste explique qu’ils ont peur d’être contaminés ou alors sous-estiment les symptômes ressentis de leur mal.

« Ainsi, un patient qui a une douleur thoracique peut l’attribuer à un problème d’estomac alors que ça peut être un infarctus du myocarde qui se profile.

"A partir de là, il ne doit pas y avoir d’arrêt ou de discontinuité des soins.

« A ce propos, on a vu le résultat qu’occasionne le renoncement aux soins pour les malades chroniques sans parler de la baisse inquiétante des vaccinations d’enfants et de nourrissons.

« Le retour à une activité normale est lié à la fin du coronavirus »

Sur la date d’un retour à la normale de l’activité des cabinets de généralistes, le président estime qu’elle n’aura pas lieu avant un délai d’attente compris entre plusieurs mois et plus d’une année.

« Avant cela, il faudra d'abord trouver une solution radicale qui passera obligatoirement par la découverte d’un vaccin ou d'un traitement efficace, voire même les deux.

« D’ici là, il y aura toujours des précautions à prendre dans les cabinets et en fait tant qu'il y aura des mesures barrières à respecter, il n'y aura pas de retour à la normale », avance Tayeb.

S'il se veut optimiste pour l’avenir, il n'exclut cependant pas la probabilité d'une deuxième vague de contaminations au cours du dernier trimestre de l'année en cours.

Le moment de solder les pathologies non traitées ou remises à demain

« Cela ne nécessitera pas obligatoirement une nouvelle période de confinement mais, d'ici là, il faut profiter de l'accalmie actuelle pour traiter les malades chroniques qui ont renoncé aux soins ainsi que ceux qui ont reporté leurs opérations chirurgicales.

« Notre système de santé doit, au cours du trimestre prochain, liquider les arriérés sans quoi il sera complètement dépassé en cas de deuxième vague.

« Malheureusement, le Maroc n’a pas produit d’études sur le traitement d’autres maladies pendant la pandémie mais certaines en Europe et aux États-Unis ont montré que les médecins recevaient 50 % de patients en moins par rapport à 2019 pour des accidents vasculaires cérébraux (AVC).

« S'il est normal qu'il y ait moins d'incidents à cause du confinement, il n'y a aucune raison pour qu'il y ait moins d'AVC.

"En fait, cela veut dire que les accidentés cérébraux sont soit restés chez eux sans traitement et prise en charge, ou alors plus simplement qu’ils sont morts.

« Sachant cela, les seules priorités sont la reprise du contact des patients avec leurs médecins et de liquider les pathologies qui n’ont pas été traitées durant les mois de mars, avril et mai », conclut Hamdi.

Les patients ont toujours peur de consulter dans un cabinet

Sollicité également, Saïd Afif, président du collège syndical national des médecins spécialistes privés (CSNMSP) est moins pessimiste sur le temps nécessaire à la reprise totale de l'activité des médecins libéraux.

« Même si certains médecins âgés ou malades ont fermé leur cabinet et malgré une baisse de 70% de l'activité, il y a quand même eu une réorganisation importante de l'activité avec une prise de rendez-vous obligatoire, des horaires de travail réaménagés, des consultations gratuites par téléphone …

« Malgré cela, on s'est rendu compte que les patients avaient toujours peur des consultations physiques.

Hausse des AVC non suivis et des accouchements compliqués 

« Cette panique a par exemple entraîné une baisse importante des vaccinations de l'ordre de 37% et qui va jusqu'à 70% dans certaines zones rurales.

"C'est grave quand on sait que le taux de contamination au Coronavirus est de 1 pour 3 alors qu'un enfant qui a la rougeole peut contaminer 12 personnes.

« La peur des patients d'être contaminés a également fait augmenter le nombre de victimes d'accident vasculaire cérébral qui arrivent trop tard à l'hôpital ou chez leur médecin traitant.

« Idem pour les accouchements où on est passé d'un taux de complications de 10% à 27 % à cause encore une fois des femmes angoissées qui arrivent tardivement pour accoucher.

« Ce qui est incroyable est que les gens n'ont pas peur de faire la queue au supermarché mais sont terrorisés à l'idée d'entrer dans un cabinet médical », se désole le spécialiste.

« L’activité des spécialistes est quasi normale avec 90% de cabinets ouverts »

A la question de savoir quand les cabinets de spécialistes pourront retrouver une activité normale, le pédiatre avance que c'est déjà le cas avec 90% des cabinets ouverts.

« Selon moi, le retour à une activité normale n’aura pas lieu qu'après la découverte d'un vaccin ou d'un traitement.

"J'en veux pour preuve le fait qu’il n'y a pas eu de flambée de contaminations en France après la décision des autorités de déconfiner le 11 mai dernier.

« Sachant qu’on ne va pas pouvoir confiner les gens ad vitam æternam, le retour à la normale est donc en cours mais la vraie question est de savoir quel effet a eu le confinement sur les autres malades qui n’ont pas consulté ou ont préféré prendre leur mal en patience.

« Ce n'est donc que plusieurs mois après le déconfinement que l'on connaîtra le vrai impact du Covid-19 qui risque de compter un nombre important de victimes et notamment de décès », conclut Afif en ajoutant que d'ici là, il faudra apprendre à vivre avec le coronavirus jusqu'à ce qu'il disparaisse.

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