Cette recherche a fait l'objet d'une publication scientifique qui est la première à notre connaissance à apporter une mesure quantitative de la baisse de pollution atmosphérique dans une ville marocaine après le confinement. Elle montre aussi à quel point la pollution par les particules fines PM₁₀ était élevée en temps normal dans cette ville et que le confinement ramène le taux de PM₁₀ à peine aux valeurs limites internationales. L'étude confirme incidemment l'arrivée au Maroc de courants polluants à partir du sud de l'Europe au cours de certains épisodes météorologiques.
Les auteurs (*) ont effectué une mesure continue des PM₁₀ , SO₂ et NO₂ avant et pendant le confinement.
Le PM₁₀  désigne les particules grossières en suspension dans l'air, qui peuvent provenir des gaz d'échappement des voitures comme de rejets industriels. Ces particules sont extrêmement dangereuses pour les poumons. En Europe, l'objectif de qualité consiste à maintenir le taux de PM₁₀ à 30 µg/m3 en moyenne annuelle. La valeurs limite pour la santé humaine est de 50 µg/m3 en moyenne journalière, à ne pas dépasser plus de 35 jours par an.
A Salé, ce taux de PM₁₀ est passé de 114,6 µg/m3 en moyenne (mesure effectuée par les auteurs du 11 au 20 mars) à 28,3 µg/m3 en moyenne du 21 mars au 2 avril 2020. Autrement dit, la pollution aux particules grossières était anormalement élevée en temps normal. Cette réduction de 75% nous alerte donc sur la prévalence élevée de particules grossières dans cette ville et certainement dans d'autres villes au Maroc.

Le SO₂, dioxyde de soufre, n'a baissé que de 49%, passant de 6,5 µg/m3 à 3,3 µg/m3. Dans les deux cas, il reste très en-dessous des valeurs recommandées en Europe pour la santé humaine. Ce gaz est très irritant pour les muqueuses notamment pulmonaires et les yeux.

Le NO₂ a lui baissé de ... 96%. Il est passé de 5,6 µg/m3 à 0,2 µg/m3 d'une période à l'autre. La norme recommandée en Europe est de 40 µg/m3 maximum en moyenne annuelle. On en est loin, heureusement.
Les normes marocaines pour le SO₂ et le NO₂ peuvent être consultées dans le décret 2-09-286 publié en décembre 2009. Les mesures effectuées à Salé, avant ou après le confinement, sont inférieures à ces normes. Pour les particules grossières PM₁₀, la norme marocaine est de 50 µg/m3 par 24 heures. Nous n'avons trouvé ni norme ni recommandation marocaine pour les particules fines PM_2,5. Les auteurs notent que "la qualité de l'air dans la zone urbaine de Salé est principalement affectée par les PM provenant du bassin méditerranéen (caractérisé par les émissions des navires marins en provenance d'Europe occidentale et d'Afrique du Nord), du continent et du proche océan Atlantique (affecté par polluants émis par la côte ibérique)".

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(*) Il s'agit de Anas Otmani (Faculté des sciences, Université Ibn Tofail, Kénitra, et Laboratoire National des Études et de Surveillance de la Pollution LNESP), Abdelfettah Benchrif (Cnesten), Mounia Tahri (Cnesten, Centre National de l'Energie, des Sciences et des Techniques Nucléaires), Moussa Bounakhla (Cnesten), El Mahjoub Chakir (Faculté des sciences, Université Ibn Tofail, Kénitra), Mohammed El Bouch (Laboratoire National des Études et de Surveillance de la Pollution LNESP), M'hamed Krombi (Direction Régionale de la Culture, Ministère de la Culture).