Le Covid-19 éclipse les autres pathologies

Mobilisés dans la lutte contre le Covid-19, les structures hospitalières et le personnel de santé constatent une baisse des consultations dédiées à des pathologies chroniques ou infectieuses. A cela s’ajoute la crainte de la population de contracter le virus dans les hôpitaux ou les cabinets médicaux.

Le Covid-19 éclipse les autres pathologies

Le 8 mai 2020 à 16h23

Modifié 10 avril 2021 à 22h34

Mobilisés dans la lutte contre le Covid-19, les structures hospitalières et le personnel de santé constatent une baisse des consultations dédiées à des pathologies chroniques ou infectieuses. A cela s’ajoute la crainte de la population de contracter le virus dans les hôpitaux ou les cabinets médicaux.

Depuis son apparition au Maroc le 2 mars, le Covid-19 monopolise l’attention des autorités sanitaires et du personnel de santé. Au détriment des autres pathologies qui, elles, ''n’attendront ni la fin de l’épidémie de Covid-19, ni le déconfinement pour se développer'', prévient Nadia Ismaili, vice-présidente du Conseil national de l’Ordre des médecins (CNOM) et membre de la cellule de crise du CNOM dédiée au Covid, contactée par Médias24.

Pour cette dermatologue, la réorganisation des structures hospitalières et la mobilisation des ressources humaines a considérablement réduit l’activité médicale dédiée aux autres pathologies, principalement chroniques et infectieuses. L’un des facteurs de cette réduction est donc avant tout organisationnel. ''Cette réorganisation a entraîné une forte hausse des espaces hospitaliers dédiés au Covid-19 et, par conséquent, une baisse des espaces consacrés à la prise en charge des autres pathologies. Le personnel est lui aussi très mobilisé pour traiter les cas de Covid-19. Cette réorganisation a été faite dans le cadre de la préparation stratégique du Maroc à recevoir un nombre de cas dont on ne pouvait évaluer le nombre. La stratégie est très bonne, elle n’est pas critiquable'', estime Nadia Ismaili.

Pour sa part, Amine Mamoun Boutaleb, médecin résident en cardiologie au CHU Ibn Rochd de Casablanca, constate que les consultations ont beaucoup diminué. ''Tout ce qui n’est pas urgent a dû être reporté ultérieurement afin de prioriser les infections au Covid-19'', nous dit-il.

Hausse du délai de présentation aux urgences

Les habitudes ont aussi été bousculées du côté des patients, dont certains ont troqué les bons réflexes qui prévalaient avant le Covid-19 contre de mauvais. ''Les gens ont peur de sortir, surtout lorsqu’il s’agit de se rendre dans des centres hospitaliers ou ne serait-ce qu’au cabinet de leur médecin traitant. Ils ont plus tendance à rester chez eux pour des douleurs qui peuvent leur sembler banales, mais qui peuvent déboucher sur des pathologies graves si elles ne sont pas traitées à temps'', prévient encore Nadia Ismaili.

''Les gens réfléchissent à deux fois avant d’aller consulter. Au CHU Ibn Rochd, dans le cas d’un infarctus du myocarde, nous avons constaté que le délai moyen de présentation a doublé par rapport à la période pré-Covid. Les patients se présentent plus tardivement qu’avant'', abonde Amine Mamoun Boutaleb.

Khadija Moussayer, spécialiste en médecine interne et gériatrie et présidente de l’Association marocaine des maladies auto-immunes et systémiques (AMMAIS), dresse le même constat : ''Pour l’heure, on ne peut quantifier l’impact du Covid-19 sur les autres pathologies, mais les gens ont effectivement tendance à moins se rendre dans les centres hospitaliers par peur de contracter le virus. Or le fait de suspendre ou de reporter un traitement peut provoquer d’autres pathologies chroniques, notamment l’hypertension artérielle chez les personnes âgées.''

Autres exemples que nous soumet Nadia Ismaili : ''Un diabétique qui fait un infarctus du myocarde, sachant que les douleurs peuvent ne pas être importantes chez ces personnes, peut passer à côté et ne réagir que trop tardivement. On peut citer également le cas d’une douleur abdominale qui pourrait cacher une appendicite, mais que les gens vont laisser traîner pendant plusieurs jours jusqu’à atteindre un stade avancé qui aurait pu être évité, ou encore des personnes cancéreuses dont les tumeurs, si elles ne sont pas détectées à temps, vont se muer en métastases.''

Un effort à faire en termes de sensibilisation

Un laisser-aller que Nadia Ismaili impute également au manque de sensibilisation sur la nécessité de maintenir la prise en charge des maladies chroniques en dépit du confinement. ''Toute la médiatisation, somme toute très bien faite par le ministère de la Santé et les professionnels de santé, est axée sur le Covid-19. Il y a très peu de sensibilisation de la part des institutions pour rappeler à la population qu’elle ne doit pas négliger les maladies chroniques qui font l’objet d’un suivi, notamment les maladies cardiaques, le diabète, l’hypertension, les maladies de dermatologie chroniques, la thyroïde... D’autant que ces maladies peuvent engendrer des complications en cas de contamination au Covid-19'', rappelle la vice-présidente du CNOM.

''Les gens doivent rester en contact avec leur médecin traitant. Il ne faut pas attendre la fin du confinement pour ajuster un traitement, faire les analyses et les bilans… Ce sont ces messages qu’il faut transmettre à la population, parallèlement à la sensibilisation au Covid-19. Sans ça, à la sortie de ce confinement, les dégâts pourraient être considérables. Il y a donc un effort à faire en termes de communication pour les semaines ou les mois de confinement qui restent encore'', insiste-t-elle.

Si les ''douleurs brutales, intenses et inattendues'' doivent donc faire l’objet d’une consultation sans plus attendre, Nadia Ismaili rappelle aussi la nécessité de maintenir les mesures barrière, en l’occurrence la distanciation sociale, le port du masque et le lavage régulier des mains au savon ou au gel hydroalcoolique. ''Il ne faut pas non plus utiliser de faux prétextes pour sortir : on ne sort qu’en cas de nécessité'', souligne-t-elle.

Pour l’instant en tout cas, impossible d’évoquer une hausse de certaines maladies chroniques, estime Bouchra Assarag, médecin et enseignante à l’École nationale de santé publique. ''On ne pourra le savoir qu’après le confinement et l’épidémie.''

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