Cigarettes de contrebande: forte pénétration des marques illicites au Maroc

Le taux de prévalence des cigarettes de contrebande au Maroc a augmenté à 5,23%. En cause, l'augmentation de la Taxe sur le tabac décidée en 2019 et qui a renchérit le prix des produits formels. Des opérateurs s'attendaient à un taux de pénétration plus important mais la situation politique en Algérie a conduit à un verrouillage des frontières. Toutefois, la montée en puissance des marques illicites de cigarettes interpelle.

Cigarettes de contrebande: forte pénétration des marques illicites au Maroc

Le 18 septembre 2019 à 13h59

Modifié 11 avril 2021 à 2h43

Le taux de prévalence des cigarettes de contrebande au Maroc a augmenté à 5,23%. En cause, l'augmentation de la Taxe sur le tabac décidée en 2019 et qui a renchérit le prix des produits formels. Des opérateurs s'attendaient à un taux de pénétration plus important mais la situation politique en Algérie a conduit à un verrouillage des frontières. Toutefois, la montée en puissance des marques illicites de cigarettes interpelle.

L’administration de la Douane vient de publier les résultats de la sixième étude sur la prévalence des cigarettes de contrebande.

Cette étude de terrain, qui se base sur l’analyse des paquets de cigarettes vides jetés sur les lieux publics, révèle que le taux de pénétration pondéré (ajusté de la densité démographiques des préfectures et provinces) des cigarettes de contrebande est « en hausse de 1,5 point entre 2018 et 2019 ».

Il est passé de 3,73% en 2018, taux le plus bas depuis des années, à 5,23% en 2019 (année glissante).

Pour des acteurs sondés par Médias24, cette hausse s’explique par les récentes augmentations des prix des paquets de cigarettes vendus formellement au Maroc. "Il y a eu une augmentation naturelle du taux de contrebande suite aux augmentations de prix et de taxes décidées cette année", nous explique un opérateur. 

2019 est en effet une année de hausse des prix des paquets de cigarettes suite à une augmentation de la taxe intérieure de consommation sur le tabac. Les opérateurs s'attendaient donc à la hausse de la contrebande, certains même à un taux de pénétration dépassant 14% comme ce fut le cas en 2015 à cause d'une hausse des prix des principales marques sur le marché.

C'est ce qui fait dire à certains opérateurs que la hausse enregistré en 2019 « reste insignifiante dans la mesure où nous sommes loin des taux à deux chiffres que connaissait le secteur en 2014 et 2015 ». 

Verrouillage de la frontière algérienne

La question qui se pose donc est de savoir pourquoi le taux n'a pas explosé comme en 2015 ? "La porte d'entrée des cigarettes de contrebande au niveau de l'Oriental a été verrouillé à cause de la situation politique que vit l'Algérie", nous explique un opérateur.

En effet, il est de notoriété publique qu'une bonne partie des cigarettes de contrebande écoulées sur le marché ont pour pays d'origine notre voisin de l'Est. Et c'est la marque Marlboro qui est concernée.

Or, cette année la marchandise de contrebande venant de cette origine a fortement baissée comme il est précisé dans l'étude. 8% seulement des paquets de cigarettes de contrebande collectés étaient destinés initialement à la vente sur le marché Algérien, alors que ce taux était de 40% en 2018. 

D'ailleurs, l'étude soulève la forte mutation qu'a connu la destination initiale de vente des cigarettes. Face à la baisse des cigarettes algériennes, une montée en puissance des cigarettes mauritaniennes. 45% des paquets de cigarettes de contrebande collectés dans le cadre de l'étude étaient destinées à la vente en Mauritanie, contre 35% en 2018. 

Le reste, 37% des paquets, n'ont pas d'indication du lieu initial de vente. Ce taux n'était que de 16% en 2018.  

Les "illicit whites" envahissent le marché marocain 

Ce dernier point interpelle. Un acteur du marché nous confie que la hausse des paquets qui n’ont pas d’indication du lieu initial de vente s'explique par "la progression fulgurante des illicit whites". 

Dans le jargon, les "illicite whites" sont des cigarettes de marques non homologuées et fabriquées pour alimenter les réseaux de trafics illégaux et dont les propriétaires ne sont pas connus. 

Ce sont des marques spéciales existant uniquement en contrebande et qui commencent à prendre de l’ampleur sur le marché marocain.

C'est le cas des marques Manshester (28%), American Legend (18%), ou encore Empire Royals (6%).

Pour les marques légales mais qui se retrouve sur le marché de la contrebande, Marlboro (Philip Morris) représente aujourd'hui 13% du marché de la contrebande contre 62% en 2014. Quant à Gauloise (SMT), elle a disparu totalement du marché parallèle en 2019 alors qu'elle représentait 14% en 2015. 

"La disparition de Gualoise (SMT) et la baisse de Marlboro (Philip Morris) sont le fait d'efforts fournis par les propriétaires des marques pour réduire la contrebande émanant de l'Algérie", nous explique un connaisseur du secteur. Ces efforts conjugués à la conjoncture et le verrouillage cité plus haut, font que ces deux marques ne sont plus dans le haut du podium des flux de contrebande. 

Les chiffres démontrent, par ailleurs, une montée en puissance de la marque Winston (JTI), absente du marché de la contrebande il y a quelques année. elle représente actuellement 24% du marché parallèle selon l'étude la douane. 

 Le nord et l'Oriental sont les plus touchés 

L'étude analyse également les régions les plus touchées par la pénétration de la contrebande. La région habituelle la plus touchée reste l’Oriental avec 38,5% des paquets illégaux de cigarettes collectés dans tout le royaume.

La région de Tanger-Tétouan vient en deuxième position (20,4%), le Sahara arrive en troisième position avec 10,9% talonné de près par Casablanca avec 9,6%.

>> Lire aussi : Agadir : Saisie d'une grande quantité de cigarettes de contrebande

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