Ramadan: Ces malades chroniques qui s’obligent à jeûner...

Selon un éminent urgentiste, les cas de personnes malades qui se retrouvent aux urgences après avoir jeûné indûment et arrêté leur traitement médical sont encore trop nombreux. En clair, il y a toujours autant de personnes qui veulent jeûner au péril de leurs vies pour satisfaire une collectivité mal informée ou intolérante.

Ramadan: Ces malades chroniques qui s’obligent à jeûner...

Le 8 mai 2019 à 15h26

Modifié 11 avril 2021 à 2h42

Selon un éminent urgentiste, les cas de personnes malades qui se retrouvent aux urgences après avoir jeûné indûment et arrêté leur traitement médical sont encore trop nombreux. En clair, il y a toujours autant de personnes qui veulent jeûner au péril de leurs vies pour satisfaire une collectivité mal informée ou intolérante.

"Celui qui est malade ou voyage jeûnera ensuite un nombre de jours équivalent. Dieu veut la facilité pour vous, Il ne veut pas vous mettre dans la difficulté", énonce clairement le verset 185 de sourat Al Baqarah.

A partir de là, que faut-il penser de ceux qui s’évertuent à priver leur corps de nourriture et de médicaments alors qu’ils souffrent de maladies chroniques et courent un risque vital? Cet acharnement s'explique-t-il peut-être par le poids d'une société qui n'admet pas les déjeûneurs même s'ils ont des raisons licites de se nourrir? Par la sous-information des intéressés? Par l'intolérance de leur entourage?

Selon plusieurs praticiens, une diète alimentaire pour un corps sain peut être une bonne chose mais soumettre un malade au manque de nourriture peut aggraver son état voire le tuer s’il souffre d’une pathologie chronique (diabète, hypertension...) qui nécessite une prise médicamenteuse régulière.

Sollicité par Médias24, un médecin-urgentiste, requérant l’anonymat, constate chaque année une multiplication des cas de patients qui s’entêtent à jeûner malgré leur état et les conséquences graves.

Des jeûneurs malades en danger de mort

"Certains s’acharnent à jeûner alors qu’il y a un véritable danger pour leur vie.

"La foi chevillée au corps et à l’esprit, ils prennent leur décision le plus souvent sans consulter leur médecin-traitant qui ne l’apprend que quand le malade a fait une crise voire un coma mortel parfois.

"En général, ce sont les 1,5 million de diabétiques marocains qui courent le plus de risques car le danger qui les guette s’étend sur 24 heures et ne s’arrête pas au moment du repas de l’Iftar.

"Ainsi, pendant la journée de jeûne où ils manquent de sucre, ils peuvent faire une crise d’hypoglycémie qui peut provoquer un malaise (perte de connaissance) avec possibilité de se blesser lors d’une chute, voire même évoluer en coma.

"Après la rupture du jeûne qui est souvent synonyme de surcharge d’apports alimentaires, le diabétique peut faire une crise d’hyperglycémie avec des complications qui peuvent engager le pronostic vital comme un coma acido-cétosique ou une thrombose qui peut être mortelle (formation d’un caillot qui bouche les vaisseaux sanguins).

"S’obliger à jeûner peut aussi nuire aux 600.000 personnes âgées de 75 ans ou plus, surtout quand le ramadan tombe en période estivale de fortes chaleurs qui peuvent provoquer des déshydratations.

"De plus, sachant que le jeûne peut durer 15 ou 16 heures et que la durée d’action des médicaments est plus courte, les malades chroniques nécessitant un traitement médicamenteux verront leur état s’aggraver.

 "Il y a aussi les cas de patients souffrant d’hypertension qui doivent prendre plusieurs médicaments à la fois et qui ne doivent en aucun cas interrompre leur traitement.

"Entre le manque de nourriture et le dérèglement de leur système artériel, ils peuvent avoir des complications coronariennes ou cérébro-vasculaires ou ç Dieu ne plaise, faire un AVC (arrêt cardio-vasculaire) souvent mortel ou à l’origine d’hémiplégies.

La plupart des victimes sont illettrées

"Ce qui est incroyable, c’est que d’un côté les gens connectés à Internet sont de plus en plus informés sur leur pathologie mais de l’autre, il subsiste encore beaucoup trop de personnes illettrées qui sont insensibles à tout argument de bon sens qu’il soit d’ordre religieux ou scientifique", se désole notre médecin qui est en charge d’un grand service de réanimation d’un hôpital public du Maroc.

"Ce qui est incroyable, c’est que même après avoir subi une crise grave, certains ne veulent rien savoir et continuent donc à jeûner. Comme on ne joue pas indéfiniment avec le feu sans se brûler, j’ai personnellement eu plusieurs patients que nous n’avons pas réussi à ranimer", affirme l’urgentiste.

Des médecins complices de prescription de jeûne ?

A la question de savoir si certains de ses confrères n’encourageaient pas leurs patients à jeûner, notre source invoque le devoir de guérir qui est la mission du médecin; et estime qu'il s'agit de cas rares.

"L’attitude générale, dictée par l’éthique et surtout par la peur du pénal, est de ne pas recommander le jeûne à des personnes qui pourraient en mourir", conclut notre interlocuteur qui ajoute que son ministère de tutelle devrait utiliser le bilan de ces victimes du ramadan pour élaborer une campagne télévisée qui ramènerait à la raison ceux qui s’acharnent à jeûner alors que dans leur cas, c'est le jeûne qui est illicite.

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