Irrigation: dessalement, micro-irrigation, barrage, le bilan chiffré du Plan Maroc vert

BILAN 2018. Le processus d’évaluation du Plan Maroc vert se poursuit avec la présentation, mardi 18 décembre à Skhirate, du bilan de ses programmes transverses: irrigation, financement et coopération internationale, agriculture solidaire, exportations,… Dans une série d’articles, Médias24 exposera à ses lecteurs les différentes composantes et réalisations du PMV sur la période 2009-2018, telles qu'elles ont été présentées ce mardi. Aujourd’hui, focus sur l’irrigation et la gestion des ressources hydriques agricoles.

Irrigation: dessalement, micro-irrigation, barrage, le bilan chiffré du Plan Maroc vert

Le 19 décembre 2018 à 11h30

Modifié 11 avril 2021 à 2h50

BILAN 2018. Le processus d’évaluation du Plan Maroc vert se poursuit avec la présentation, mardi 18 décembre à Skhirate, du bilan de ses programmes transverses: irrigation, financement et coopération internationale, agriculture solidaire, exportations,… Dans une série d’articles, Médias24 exposera à ses lecteurs les différentes composantes et réalisations du PMV sur la période 2009-2018, telles qu'elles ont été présentées ce mardi. Aujourd’hui, focus sur l’irrigation et la gestion des ressources hydriques agricoles.

Cette 2e étape du processus d’évaluation du PMV, initiée le 18 octobre par le diagnostic des filières agricoles, a vu la présence marquée des professionnels du secteur – notamment les présidents des chambres agricoles ainsi que ceux des interprofessions. Du côté de la tutelle, un staff complet de directeurs centraux ainsi que le ministre de l’Agriculture Aziz Akhannouch, ont exposé les différentes réalisations du Plan Maroc Vert sur la période 2009-2018.

En matière d’irrigation, le Maroc a parcouru un long chemin depuis la politique des barrages initiée par le Roi Hassan II. Situé dans une zone géographique marquée par le stress hydrique, le Royaume n’avait d’autre choix que de sécuriser les apports en eau nécessaires au développement de son agriculture.

Un programme cité en exemple

Au-delà des montants investis, des hectares irrigués, les programmes marocains en matière d'irrigation sont des programmes de pointe, souvent novateurs et cités en exemple à l'échelle internationale.

A Chtouka Aït Baha, la nappe qui est surexploitée souffre d'un sur-prélèvement annuel de 60 à 70 millions de mètres cubes par an. Le risque, c'est non seulement l'assèchement de la nappe, la perte des investissements, des emplois et de la production agricole, mais également une intrusion marine.

Le Maroc a opté pour le dessalement. La station en cours de construction sera une station mutualisée, eau potable et irrigation. Elle entrera en service au cours du premier semestre 2021. Sa capacité sera de 150 Mm3 par an, répartie à 50/50 entre irrigation et eau potable.

L'apport de 75 Mm3 annuels en irrigation permettra à la nappe d'être préservée.

L'une des originalités de ce projet, est qu'une partie du financement est mobilisée par souscription des futurs bénéficiaires.

Autre projet inédit, celui de la station de dessalement de Dakhla, destinée à l'irrigation de 5.000 ha, en utilisant l'éolien comme source d'énergie. Ce sera le plus gros projet du genre dans le monde, et de loin. Sa capacité sera de 30 Mm3/an.

Le projet sera réalisé en PPP, partenariat public-privé. Les travaux commenceront probablement au premier semestre 2019 pour se terminer avant la fin de l'année 2021.

Le troisième projet cité en exemple est celui de la plaine du Saïss. Un nouveau barrage, en train d'être construit en amont sur le Sebou, permettra de sauvegarder la nappe en apportant 125 Mm3 par an. Actuellement, le déficit en irrigation est de 100 Mm3/an. Le barrage devrait être opérationnel en 2021 et la nappe serait reconstituée en une dizaine d'années.

Enfin, dans le domaine de la micro-irrigation, entre 40.000 et 50.000 ha ont été aménagés chaque année. Les tuyaux d'irrigation enterrés représentent 5 fois le tour de la Terre, selon M. Bouari, directeur de l'irrigation au sein du ministère de l'Agriculture.

36 MMDH investis par l'Etat en 10 ans

Sur la période 2009-2018, l’investissement de l’Etat à lui seul s’élève, pour l’ensemble de ces programmes d’irrigation, à 36 MMDH. Un budget auquel s’ajoutent les importants investissements portés par le secteur privé national, ainsi qu’une part issue de la coopération internationale.

«Les programmes d’irrigation du PMV sont destinés à renforcer le PIB agricole, notamment en réduisant sa dépendance aux aléas climatiques. Depuis le lancement du PMV, ces programmes ont permis de tripler la production, tout en utilisant la moitié des volumes en eau qui étaient auparavant consommés» précise Aziz Akhannouch, ministre de l’Agriculture.
Au Maroc, les surfaces irriguées totalisent 1,6 M ha, soit 21% des surfaces cultivées chaque année. Sur cette superficie, 750.000 ha bénéficient des programmes d’irrigation du PMV. Soit concrètement, 220.000 exploitations agricoles – dont plus de 80% appartiennent à de petits agriculteurs selon les chiffres du ministère.

La valeur ajoutée générée par l’apport des différents programmes d’irrigation du PMV est estimée à 20 MMDH par le ministère de tutelle. Selon ses chiffres, le revenu des agriculteurs s’est multiplié jusqu’à 4 fois, conséquence de l’accroissement des rendements agricoles: de +67% à +100% pour certaines cultures.

Ce sont essentiellement 4 programmes qui structurent la stratégie du PMV en matière d’irrigation agricole: le programme national d’économie en eau d’irrigation (PNEEI), le programme d’extension de l’irrigation (PEI), le renforcement des PPP, ainsi que la mobilisation des ressources hydriques non conventionnelles.

>Programme national d’économie en eau d’irrigation (PNEEI)

>> L'irrigation localisée, en avance sur les objectifs: Doté d’un budget global de 37 MMDH, le PNEEI s’était fixé un objectif de 550.000 hectares irrigués au compte-goutte, au terme du PMV en 2020. Un objectif obsolète puisqu’à ce jour, 560.000 ha ont déjà été équipés – moyennant un investissement de 12,3 MMDH. L’impact sur les ressources hydriques est significatif puisque ce programme a permis, depuis son lancement en 2009, d’économiser et valoriser 1,6 milliard de mètres cubes.

En 2018, l’irrigation localisée représente 35% de l’ensemble des surfaces irriguées. Le tout nouvel objectif du PMV est de porter ce ratio à 41% à l’horizon 2020 – avec 660.000 ha équipés en goutte-à-goutte.

>>Modernisation des réseaux d’irrigation: 123.000 ha ont été concernés par ce programme – soit 56% de l’objectif 2020 du PMV. Déployé dans les grands périmètres irrigués, il vise notamment la mise en place des conditions préalables à l’installation de l’irrigation au goutte-à-goutte. Le programme de modernisation des réseaux d’irrigation a mobilisé une enveloppe globale de 5,6 MMDH sur la période 2009-2018.

>>Perspectives 2019-2026: proposition d’un nouveau modèle dans le cadre de la stratégie du département de l’Eau – ministère de l’Agriculture. L’objectif est de moderniser les réseaux d’irrigation sur 100.000 hectares supplémentaires. L’équipement des exploitations agricoles en goutte-à-goutte se maintiendra, moyennant un coût de 8,5 MMDH.

>Programme d’extension de l’irrigation (PEI)

Déployé généralement dans le périmètre des grands barrages, ce programme a mobilisé 8,6 MMDH d’investissements depuis 2009, permettant la création de 12 projets hydroagricoles dans le cadre du PMV. Ainsi, 82.300 ha supplémentaires ont pu être irrigués, soit 51% de l’objectif 2020. Le PEI a également conduit à la valorisation de 535 millions de mètres cubes d’eaux de barrage, sur un objectif de 1,2 milliard de mètres cubes.

La petite et moyenne irrigation (moins de 5 ha) a également bénéficié de 2,65 MMDH d’investissements. Ce qui a permis de renforcer les infrastructures sur une superficie de 151.200 ha – l’équivalent de 150% de l’objectif 2020 du PMV.

>>Perspectives 2019-2026: irrigation d’un périmètre additionnel de 40.000 ha – dont 30.000 ha uniquement dans la région du Gharb. Nécessitant 8 MMDH d’investissement, ces objectifs sont programmés au titre des actions prioritaires du département de l’Eau sur la période 2019-2026.


>Renforcement des PPP

Les partenariats public-privé occupent une place prépondérante dans différents programmes du PMV. En matière d’irrigation, le secteur privé a été associé sur l’ensemble du processus: conception des projets, financement, réalisation et exploitation.

4 projets majeurs d’irrigation ont émergé de ce partenariat public-privé dans le cadre du PMV:

-Projet d’irrigation de 10.000 ha d’agrumes dans la région El Guerdane (contractualisé).

-Projet d’irrigation d’une surface de 3200 ha à Azemmour-Bir Jdid, province d’El Jadida (contractualisé).

-Projet de dessalement d’eau de mer pour l’irrigation de 15.000 ha dans la région de Chtouka Ait Baha (contractualisé). Ce sera à terme le plus important projet de dessalement dans le monde.

-Projet de dessalement d’eau de mer pour l’irrigation de 5.000 ha dans la région de Dakhla (en cours de contractualisation).

 

>Mobilisation des ressources hydriques non conventionnelles

Le Maroc a concentré ses efforts essentiellement sur le dessalement d’eau de mer. Deux projets à un stade avancé de développement – et innovants à plus d’un titre, produiront à terme 105 millions de mètres cubes d’eau dessalée chaque année:

>>Station de dessalement de Chtouka Ait Baha

Nécessitant un investissement de 3 MMDH, ce sera la plus grande station de dessalement au monde – avec une capacité de traitement de l’ordre de 75 millions de mètres cubes par an d’eau dessalée.

Les travaux sont bien avancés, pour une mise en service en 2021. Ce projet, destiné à irriguer un périmètre de 15.000 ha dans la région de Chtouka Ait Baha, se distingue par une particularité assez singulière: les agriculteurs de la région, futurs bénéficiaires de cette eau dessalée, ont participé au financement de la station en s’acquittant – en deux tranches, d’une participation de 10.000 DH par hectare. Une première au Maroc en matière de PPP.

En contrepartie, l’Etat s’est engagé à leur fournir de l’eau dessalée à des fins d’irrigation, et ce à l’un des plus bas coûts à l’échelle internationale (probablement le plus bas): 5 DH/mètre-cube.

>>Station de dessalement de Dakhla

Destiné à irriguer un périmètre de 5.000 hectares, la station de Dakhla – opérationnelle en 2020, dispose d’une capacité de traitement de 30 millions de mètres cubes par an. Mobilisant un investissement de 1,7 MMDH, cette station se caractérise par son recours à l’éolien pour satisfaire ses besoins en énergie.

Ci-après la vidéo complète de la rencontre organisée par le ministère de l’Agriculture, le 18 décembre à Skhirate:

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