CDT: l'élection de Abdelkader Zair ne fait pas l’unanimité

A l’issue du 6ème congrès de la Confédération démocratique du travail, le fondateur de ce syndicat, Noubir Amaoui, a passé le relais à Abdelkader Zair. Remise en cause par une partie de la base qui dénonce l’âge avancé du nouveau secrétaire général, cette élection pose, selon elle, le problème d’un leadership reposant sur un système de "cooptation gérontocratique". Balayant d’un revers de la main les critiques, le nouvel élu déclare que sa seule préoccupation est de faire aboutir le dialogue social gelé.   

CDT: l'élection de Abdelkader Zair ne fait pas l’unanimité

Le 28 novembre 2018 à 16h18

Modifié 11 avril 2021 à 2h50

A l’issue du 6ème congrès de la Confédération démocratique du travail, le fondateur de ce syndicat, Noubir Amaoui, a passé le relais à Abdelkader Zair. Remise en cause par une partie de la base qui dénonce l’âge avancé du nouveau secrétaire général, cette élection pose, selon elle, le problème d’un leadership reposant sur un système de "cooptation gérontocratique". Balayant d’un revers de la main les critiques, le nouvel élu déclare que sa seule préoccupation est de faire aboutir le dialogue social gelé.   

Trois jours après son élection en tant que successeur du fondateur de la CDT, Abdelkader Zaïm livre à Médias24 les priorités du syndicat qu’il va diriger pour cinq années tout en répondant à ses opposants.

«Les congressistes m’ont élu pour poursuivre le travail de mon mentor à savoir défendre les intérêts de nos syndiqués ainsi que ceux des salariés des secteurs public et privé.

«Malgré le changement de leadership, nous ne changerons pas de ligne qui est l’opposition au gouvernement dont la politique économique obéit à l’agenda d’organismes internationaux comme le FMI.

«Le PLF 2019 montre bien son obsession des équilibres budgétaires au détriment des intérêts des travailleurs confrontés au renchérissement de la vie sans aucune contrepartie digne de ce nom.

«Son offre d’augmenter certains salaires inférieurs dans la fonction publique (400 dirhams sur 3 ans) est ridicule et montre un décalage total avec les attentes des Marocains syndiqués ou pas.

«Notre objectif est de faire aboutir le dialogue social mais il n’est pas question d’accepter n’importe quelle proposition.

«La CDT n’a pas encore arrêté son agenda pour 2019 mais en fonction de l’attitude du gouvernement, nous n’excluons pas des actions de protestation comme des grèves (y compris générales), sit-in…

«Concernant mon âge, si mes détracteurs ont un souci avec cela, ils auraient dû présenter leur candidat contre moi», nous affirme le successeur de Noubir Amaoui qui n’a eu aucun concurrent au scrutin.

Un avis que ne partage pas un autre leader connu de la CDT qui préfère rester anonyme pour ne pas être marginalisé lors du renouvellement des futures instances dirigeantes (bureau, comité exécutif…)

L’alternance confisquée ?

«Dès le départ, nous savions tous que le résultat de cette élection porterait le dauphin de Amaoui à la tête du syndicat sachant que depuis des années, c’est lui le vrai patron de la centrale.

«Entre la maladie invalidante de Amaoui et l'élection de Zair comme secrétaire général-adjoint en 2013, ce dernier a eu tout le temps de verrouiller l’appareil décisionnaire et de bétonner à l’avance l’issue du scrutin.

«Au départ, Mohammed El Baroudi devait aussi se présenter. Il était prévu que les membres du futur Conseil national élisent le nouveau SG et pas ceux du Congrès. Puisque les élections ne se sont pas déroulées de cette manière, ce candidat a jeté l’éponge.

«Contrairement à ce que Zair insinue pour se donner un parfum de vernis démocratique, c’est la vraie raison de l’absence d’un autre candidat contre lui lors du scrutin du 25 novembre à Bouznika.

«Tout comme les partis politiques, les syndicats marocains sont aux mains de personnes qui deviennent inamovibles après leur élection.

«Sachant que l’âge du nouveau secrétaire général frise déjà les 70 ans, il est évident que son premier mandat n’est que le prélude d’une longue série à l’image de son prédécesseur.

«Malgré son âge très avancé (83 ans), ce dernier n’a passé la main que contraint et forcé à cause d’une maladie difficile à cacher et après 40 ans à la tête de la CDT soit depuis sa création en 1978.

«Sans remettre en cause sa volonté d’améliorer le quotidien des travailleurs, c’est un mauvais exemple pour mobiliser les générations montantes s’estimant mises à l’écart et qui désertent, in fine, le militantisme syndical», dénonce notre source en citant l’exemple du 1er et plus ancien syndicat du Maroc à savoir l’UMT qui n’a connu que deux secrétaires généraux depuis l’indépendance de 1956.

Un argument battu en brèche par Mostafa Chennaoui, député FGD mais aussi dirigeant de longue date à la CDT, qui affirme que l’âge n’a jamais été un problème dans la grande famille de la gauche.

L’expérience Macron prouve que la jeunesse ne garantit pas l’efficacité

«Au sein de notre syndicat, il peut y avoir des divergences de points de vue mais l’essentiel est que le processus démocratique a été respecté.

«La question de l’âge ne nous a jamais posé problème car seule compte la ligne qui sera proposée par Zaïr et qui devra être débattue avant adoption par la majorité des membres de nos instances dirigeantes.

«Il suffit de voir l’exemple du président français Macron qui a juste 40 ans. Son échec prouve s’il en était besoin que la jeunesse n’est pas gage de succès que ce soit en matière économique ou électorale.

«Au final, quoi qu’en disent les opposants à sa personne, l’élection de Zaïr n’a été entachée par aucun vice et ils doivent donc s’incliner devant la forte majorité qui s’est exprimée dans les urnes», juge Chennaoui pourtant fier de faire tandem à la chambre basse avec le jeune député Omar Balafrej.

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