Dirham: le prochain élargissement de la bande de fluctuation pas avant 2019?

Selon les opérateurs, même si les conditions sont favorables, une période d’observation du marché d’une année est nécessaire, avant de passer à une nouvelle étape dans le processus de flexibilisation du dirham.

Dirham: le prochain élargissement de la bande de fluctuation pas avant 2019?

Le 25 avril 2018 à 17h31

Modifié 11 avril 2021 à 2h46

Selon les opérateurs, même si les conditions sont favorables, une période d’observation du marché d’une année est nécessaire, avant de passer à une nouvelle étape dans le processus de flexibilisation du dirham.

La bande de fluctuation du dirham est, depuis le 15 janvier, de plus ou moins 2,5% par rapport à un cours central déterminé sur la base du panier de devises formé de l’euro (60%) et du dollar (40%). Avant le 15 janvier, elle était de plus ou moins 0,3%, soit un régime de change quasi-fixe.

Plus de trois mois après, tout le monde se pose cette question : Quand est-ce qu’interviendra la prochaine étape, à savoir un élargissement supplémentaire de cette bande ?

A l’occasion du point de presse relatif au conseil de Bank Al-Maghrib tenu le 20 mars, Abdellatif Jouahri avait déclaré qu’aucune date ne sera annoncée à l’avance (contrairement à ce qui s’est passé en 2017) et que le Maroc suivra son propre planning (ndlr, aucune pression des organismes internationaux). «Nous irons graduellement et ce qui nous intéresse, c'est la bonne préparation des opérateurs économiques à cette réforme», avait-il indiqué.

L’autorité monétaire, au même titre que le gouvernement, est donc muette sur le timing de la prochaine étape.

Cela dit, des sources sûres affirment que la Banque centrale se prépare techniquement à la modification des paramètres de fluctuation du dirham. L’élargissement interviendra-t-il très prochainement ?

Un marché "relativement" mature et des fondamentaux corrects

Contactés par Médias24, des opérateurs du marché des changes estiment que le Maroc est économiquement et techniquement prêt à sauter le pas, mais que les autorités attendront certainement d’analyser le comportement du marché sur une année pleine, avant de procéder à un élargissement supplémentaire de la bande de fluctuation.

Pour le directeur du marché des capitaux d’une banque de la place, souhaitant rester anonyme, le comportement du marché durant les trois mois ayant suivi le premier élargissement de la bande de fluctuation a démontré la capacité du Maroc à migrer sans incidents vers un régime de change plus flexible.

«Le marché est resté calme, équilibré et peu volatile. Bank Al-Maghrib est intervenu au début pour alimenter les opérateurs en devises, mais par la suite le marché s’est autorégulé. La position de change des banques demeure confortable (près de 8 milliards de DH) et le cours du dirham évolue toujours à l’intérieur de l’ancienne bande de fluctuation, à savoir plus ou moins 0,3%», décrit le responsable.

Un autre opérateur ajoute que le niveau des couvertures de change souscrites par les entreprises n’a pas changé après la flexibilisation.

Ce qui a permis cette stabilité du marché des changes, c’est d’abord l’amélioration des fondamentaux de l’économie, avec un déficit du compte courant de la balance des paiements, ramené à 3,6% du PIB en 2017 contre 4,2% en 2016, et un déficit budgétaire réduit à 3,5% contre 4,1% un an auparavant. Les réserves internationales nettes s’élèvent, elles, à 230 milliards de DH (13 avril) et couvrent 5 mois et 16 jours d’importation (février 2018).

Ensuite, il y a la maturité «relative» du marché des changes, avec des banques solides aux positions de change excédentaires, une Banque centrale couvrant les besoins potentiels et des opérateurs sensibilisés à la réforme, aux risques de change et aux produits de couverture disponibles sur le marché.

«La culture de la couverture contre les risques de change n’est certes pas encore développée, mais les entreprises se couvrent malgré tout quand elle sentent le danger», affirme le directeur de salle des marchés.

Les opérateurs demandent une réglementation des changes plus souple

Ces conditions favorables sont appelées à se maintenir, ce qui fait dire aux opérateurs que le Maroc est prêt à élargir davantage sa bande de fluctuation.

Sur le plan macroéconomique, le déficit budgétaire est prévu à 3,2% du PIB en 2018 et 2019, et celui du compte courant à moins de 4% du PIB durant les mêmes années.

«Certains observateurs s’inquiètent de la baisse actuelle des réserves internationales de BAM. Ce qu’il faut savoir, c’est qu’il y a beaucoup de saisonnalité dans l’évolution de ces réserves (ndlr, remboursement de la dette extérieure publique, nouveaux tirages…). L’analyse du comportement des réserves ne peut se faire que sur une base annuelle», précise un haut responsable d’une banque d’affaires.

Notons que selon BAM, les réserves de change avoisineraient 257,3 milliards de dirhams en 2018 (effet de la cession de Saham Finance) et 244,4 milliards en 2019.

Sur le plan technique, les opérateurs se disent préparés à un nouvel élargissement. «C’est même souhaitable pour nous», dit l’un d’entre eux. Pareil pour les entreprises qui ont beaucoup appris de cette première expérience de flexibilisation.

Cela dit, tout le monde s’accorde à dire que les autorités monétaires n’iront pas vite en besogne. «Même si techniquement et économiquement le Maroc est prêt, les autorités attendront forcément l’année prochaine pour pouvoir analyser le comportement du marché sur une année pleine, avec tous ses cycles», affirme un directeur de banque.

Un autre ajoute : «Même si tout le monde est prêt, il ne faut pas bousculer le marché. De plus, celui-ci n’est pas pressé, le dirham évolue toujours à l’intérieur de l’ancienne bande de fluctuation».

Par contre, ce que les opérateurs demandent actuellement, c’est un assouplissement de la réglementation des changes. «Devoir justifier chaque opération de couverture auprès de l’Office des changes est lourd. L’on doit s’acheminer comme dans d’autres pays, vers un contrôle des opérations a posteriori », réclame l’un d’entre eux.

 

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