Conférence FMI à Marrakech: la difficile équation de la croissance, de l’emploi et de l’inclusion économique

Marrakech a abrité, le 29 et 30 janvier, une conférence de haut niveau organisée par le FMI autour du thème: ‘’Opportunité pour tous: promouvoir la croissance, l’emploi et l’inclusion dans la région MENA’’. En présence de plus de cent participants issus d’une vingtaine de pays, les conférenciers ont débattu de problématiques liées à la croissance, à l’employabilité des jeunes et des femmes, ainsi qu'à l’appui des PME.

Conférence FMI à Marrakech: la difficile équation de la croissance, de l’emploi et de l’inclusion économique

Le 31 janvier 2018 à 15h57

Modifié 31 janvier 2018 à 15h57

Marrakech a abrité, le 29 et 30 janvier, une conférence de haut niveau organisée par le FMI autour du thème: ‘’Opportunité pour tous: promouvoir la croissance, l’emploi et l’inclusion dans la région MENA’’. En présence de plus de cent participants issus d’une vingtaine de pays, les conférenciers ont débattu de problématiques liées à la croissance, à l’employabilité des jeunes et des femmes, ainsi qu'à l’appui des PME.

Nombreux sont les maux qui accablent les 22 pays de la région MENA: absence d’intégration régionale, des législations différentes pour chaque pays, déficits économiques et corruption, faillite du système éducatif et chômage des jeunes …. Une situation qui appelle plus que jamais à une refonte des politiques économiques dans la région.

En ouverture des travaux de cette conférence internationale de haut niveau, le chef de gouvernement Saâdeddine Elotmani a assuré à Christine Lagarde – directrice générale du FMI, que «la flexibilisation du dirham est une décision souveraine du Maroc, qui a la ferme intention de continuer l’implémentation de réformes économiques». Ce dont s’est félicitée Lagarde, assurant que la décision marocaine a été très bien reçue par les marchés internationaux, et que cela aurait un impact positif sur les investissements étrangers au Maroc. le message principal d'Elotmani, en présence de Lagarde, c'est que ce FMI n'a rien imposé au Maroc et que la décision a été prise volontairement.

Le principal fil conducteur de la conférence avait trait aux mécanismes de création d’une croissance inclusive, à même de résorber le chômage endémique qui frappe les jeunes et les femmes. «La région MENA connaît un taux de chômage supérieur à 10% - l’un des plus hauts taux au monde. C’est encore plus flagrant parmi les jeunes, où ce taux dépasse les 25%» avertit Jihad Azour, directeur du département FMI pour la région MENA et l’Asie centrale.

Certaines statistiques sont en effet alarmantes. Dans les cinq ans qui viennent, la région MENA verra l’arrivée de 27 millions de jeunes demandeurs d’emploi. Quant aux femmes, elles auront 3 fois plus de difficultés à intégrer le marché de l’emploi. Alors que «la participation des femmes peut améliorer de 4% le PIB des économies de la région» avance Jihad Azour.

>Les gouvernements ne peuvent pas résorber le chômage

Croissance et employabilité sont étroitement liées. Or, une récente étude du FMI démontre que les gouvernements ne sont pas en mesure de créer assez d’emplois pour résorber le chômage.

Dans ce contexte, c’est au secteur privé de jouer son rôle de relais de croissance, sauf que les PME de la région ne bénéficient que de 2,5% des investissements. «Les gouvernements doivent baisser leurs dépenses courantes et consacrer davantage de financement aux PME» recommande Azour.

Le lien intrinsèque entre croissance, emploi et financement des PME nécessite une approche disruptive à même de se refléter positivement sur les économies de la région.
«Nous essayons de trouver des solutions avec de vieilles recettes. Il devient urgent de booster les investissements technologiques qui permettent de créer un effet d’échelle» souligne directrice adjointe de Leap Ventures.

Un constat partagé par l’Egyptien Ashraf Sabry, fondateur de Fawry Mobile Banking: «l’une des pistes consiste à créer un écosystème ‘’virtuel’’, qui offre aux jeunes la possibilité d’exploiter les opportunités commerciales sur le net. En agissant principalement sur trois leviers: la bancarisation, la fluidité des transactions électroniques et l’accès au financement».

>Le virage de la 4è révolution industrielle

Pour Christine Lagarde, la problématique du chômage dans la région MENA nécessite la prise en compte de la mutation du marché du travail, principalement à la lumière de la révolution numérique. «60% des emplois actuels disparaîtront en 2030, et 50% des emplois nécessaires dans 10 ans n’existent pas aujourd’hui». Tirer pleinement profit de la ‘’4è révolution industrielle’’ nécessite une transition vers une économie du savoir. Toutefois, cette transition demeure difficile quand on sait que les pays de la région ne consacrent que 1,5% de leur PIB à la recherche et développement…

De son côté, Mohamed Boussaid - ministre marocain de l’Economie et des Finances, est revenu sur les enjeux liés à la répartition équitable des richesses, dans le cadre d’une réflexion portant sur un nouveau modèle économique inclusif.

«L’économie marocaine connaît une mutation dont le socle est la diversification des sources de croissance, ce qui assure non seulement de la création d’emplois mais aussi une résilience aux chocs exogènes». L’argentier du Royaume ne jure que par l’industrie, qui représentera 21% du PIB marocain en 2021. Il reconnaît toutefois la défaillance du système éducatif marocain, un constat partagé par de nombreux panélistes de la région MENA. «La défaillance du système éducatif est la principale cause des maux dont souffrent les pays arabes» souligne Boussaid.

>Industrie Vs Ubérisation

Pour ardue qu’elle soit, la création d’emploi et de richesse demeure possible si les gouvernements de la région accordent plus d’attention à l’entreprenariat. «De par mon expérience, je peux assurer que les entrepreneurs se focalisent avant toute chose sur les conditions du marché: accès au financement, aux marchés, coût de démarrage d’un business… Les relais de croissance sont toutefois négligés. A titre d’exemple, le PDG d’Amazon a récemment investi des millions de dollars dans le rachat de start-upsprometteuses dans la région MENA. Où étions-nous ? Pourquoi ces start-up n’ont-elles pas bénéficié de l’appui des gouvernements arabes ?» déplore Fadi Ghandour, PDG de Wamda Group.

Pour ce business angel, il est plus que jamais nécessaire de mettre en place un cadre favorable au développement des PME technologiques. «Ce genre de structure permet de développer une croissance exponentielle, de l’ordre de 400% pour certaines start-up. C’est la clé pour faire entrer les entreprises arabes dans le 21è siècle».

Un constat que ne partage qu’à moitié Mohamed Boussaid: «l’ubérisation de l’économie n’est pas un modèle pérenne, malgré la création d’emplois et de valeur ajoutée. Il est plus judicieux de développer l’industrie».

Si les participants à cette conférence internationale préconisent différentes approches, ils se rejoignent toutefois autour de points essentiels. Principalement la nécessité de renforcer les institutions législatives et d’assainir le climat des affaires, réguler le marché et opérer une refonte du système éducatif en mesure de répondre aux besoins, en termes de compétences adéquates.

Des recommandations que la patronne du FMI, Christine Lagarde, résume dans l’initiative ‘’Act Now’’ (Agir maintenant). Plus qu’un simple slogan, c’est un anagramme qui se décompose de la façon suivante :

: Accountability (reddition des comptes)

C : Compétition, en assurant notamment une meilleure régulation et climat des affaires

T : Tech & Trade (technologie et échanges commerciaux)

N : No one left behind (pas de laissés pour compte), en référence à la place des jeunes et des femmes dans les économies de la région

: Opportunities (opportunités), en assurant notamment une répartition équilibrée des richesses et une fiscalité équitable

: Work (travail), garant de la prospérité

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