Le Centre anti-poison alerte sur l'exposition au Mercure

Troubles neuropsychiatriques, hypertension artérielle, tachycardie sinusale..., l'exposition au mercure s'avère extrêmement dangereuse notamment pour les tous petits.

Le Centre anti-poison alerte sur l'exposition au Mercure

Le 17 octobre 2017 à 17h15

Modifié 17 octobre 2017 à 17h15

Troubles neuropsychiatriques, hypertension artérielle, tachycardie sinusale..., l'exposition au mercure s'avère extrêmement dangereuse notamment pour les tous petits.

Dans sa dernière étude sur les intoxications au mercure, le Centre anti-poison et de pharmacovigilance du Maroc (CAPM) alerte sur l'exposition à ce métal notamment pour les enfants.

Le mercure (Hg) est considéré par l’OMS comme l’un des dix premiers produits chimiques très préoccupants pour la santé publique. Les effets indésirables sur la santé sont néfastes. Les enfants et le fœtus sont plus susceptibles, en particulier pour la toxicité du méthyl mercure, surtout présent dans le poisson, relève l'étude.

Plusieurs produits et dispositifs présentent un risque d'exposition à ce métal, à savoir:

- les thermomètres et tensiomètres à mercure,
- les amalgames dentaires,
- certains produits éclaircissants,
- certains produits de la pharmacopée traditionnelle,
- les produits de la pêche contaminés par le mercure,
- les dérivés organiques du mercure, par leur toxicité, sont utilisés comme antiseptiques, fongicides, algicides et insecticides.

L'étude note aussi l’utilisation du mercure par les orpailleurs pour amalgamer l’or, à l’origine d’une pollution environnementale pouvant être dramatique.

Un métal à haut risque

L’ingestion accidentelle ou volontaire de mercure métallique peut se compliquer d’une "fausse route" et entraîner une inhalation avec une atteinte pulmonaire. En cas d’exposition plus sévère, il y aura évolution vers l’œdème aigu du poumon avec atteinte alvéolo-interstitielle, pouvant s’accompagner de coliques et de diarrhées.

Par voie cutanée, le mercure métallique et ses dérivés inorganiques sont des allergènes à l’origine de dermites de contact allergique. Plusieurs auteurs rapportent des sensibilisations cutanées au mercure chez des porteurs d’amalgames dentaires, chez des dentistes ou après des bris de thermomètres à mercure.

En cas d'inhalation de vapeurs de mercure, divers signes apparaissent, semblables à ceux d’une grippe (fièvre, courbatures, gorge sèche et céphalées). Au bout de deux semaines, des symptômes plus sévères se manifestent, portant sur le système nerveux central (SNC), l’appareil respiratoire, les systèmes gastro-intestinal et urologique. Les symptômes du SNC persistent tandis que les atteintes des autres organes se rétablissent avec le temps.

Traitement

En cas d’ingestion de mercure sous forme métallique, le Centre anti-poison recommande de contrôler l’élimination complète du métal par radiographie, suivie d’un bilan lésionnel par fibroscopie œsogastroduodénale. La présence d’opacités au niveau pulmonaire, suite à une éventuelle fausse route, sera traitée par drainage postural et kinésithérapie.

Lors d’injections sous cutanées ou intraveineuses, le traitement consiste en une exérèse chirurgicale la plus complète possible des tissus contamines contrôlée par radiographie.

Le traitement de l’inhalation de vapeurs de mercure est symptomatique mais une chélation par DMSA (acide méso- 2,3-dimercaptosuccinique ou succimer) est utile en cas de signes de toxicité systémique ou si la mercuriurie est supérieure à 200 µg/g de créatinine, indique le CAPM. Ce traitement (DMSA ou Succimer) est disponible au Maroc au sein de la centrale antidote du même Centre.

L’ingestion de dérivés inorganiques est traitée, elle, dans les premières heures par un lavage précoce d’estomac.

Prévention

La prévention devrait de préférence commencer à la source, souligne le centre anti-poison. Les rejets anthropiques de mercure dépassent clairement les sources naturelles et se produisent souvent à proximité de populations humaines et d’écosystèmes sensibles.

C’est ainsi que certaines actions devraient être mises en place:

- règlementation des mines informelles, des usines à charbon et d’extraction d’or et les incinérateurs,
- interdiction de l’utilisation de composés organomercuriels pour l’enrobage et la fabrication des peintures,
- récupération des déchets d’amalgames dentaires issus des cabinets dentaires,
- substitution des appareils à base de mercure,
- interdiction de la vente des produits cosmétiques éclaircissant et des produits de la pharmacopée traditionnels contenant du mercure,

En milieu professionnel:

- conception adaptée des locaux de travail (disponibilité des dispositifs d’aspiration à la source d’émission des vapeurs de mercure permettant de les piéger, ventilation permanente avec évacuation au sol, épuration des eaux usées et interdiction de rejet dans les égouts des déchets contenant du mercure),
- hygiène des salariés avec port d’équipements de protection (vêtement de travail, gants et bottes) qui permettent de limiter le risque d’exposition,
- décontamination des zones de travail et des anciens sites pollués pour la récupération du mercure répandu et sa transformation en composés non volatils.

Gare au poisson?

La principale source de contamination humaine est la consommation de poisson contaminé, relève l'étude.

Le milieu aquatique peut être contaminé par le mercure selon deux types de sources: naturelle ou anthropique suite aux diverses activités humaines, explique la même source.

Dans les conditions aquatiques d’anoxie, et sous l’action de certaines bactéries, le mercure peut être méthylé et se transformer en une forme organique très bio-disponible et très toxique qui est le méthyl mercure. Ce dernier diffuse rapidement, se fixe aux protéines des muscles, d’où son accumulation dans le poisson.

Après consommation par l’homme, le mercure est distribué dans tous les organes notamment dans le cerveau (principal organe cible) et le fœtus chez la femme enceinte.

La limite maximale autorisée pour le mercure dans les produits de la pêche est de 1 mg/kg pour les grands poissons prédateurs (le requin, l’espadon et le thon) et de 0,5 mg/ kg pour les poissons non prédateurs. 

Au Maroc, un plan de surveillance a été mis en place, en 2006, par l’Office national de de sécurité sanitaire des produits alimentaires (Onssa), en vue de suivre le niveau du Hg (mercure) dans les principales espèces de poisson des côtes marocaines.

D’après l'étude, les teneurs trouvées en mercure dans les produits de la pêche débarqués au niveau des deux littoraux marocains sont inférieures aux limites maximales réglementaires en vigueur.

Les espèces de poisson accumulant les teneurs en mercure les plus élevés sont la bonite (0,314 mg/kg), le mulet (0,195 mg/kg), la roussette (0,192 mg/ kg), le requin (0,182 mg/kg), l’espadon (0,173 mg/kg), le calamar (0,172 mg/ kg) et l’anguille (0,133 mg/kg). Toutes ces teneurs sont inférieures aux limites réglementaires en vigueur.

Les espèces de poissons où le mercure n’a pas été détecté sont l’ombrine, le dente et le coq rouge. Les teneurs les plus faibles en mercure sont présentes chez la sardinelle (0,012 mg/kg), le rouget (0,023 mg/kg), le pageot (0,026 mg/kg), le capelan (0,037 mg/kg) et la sardine (0,038 mg/kg).

Les concentrations moyennes obtenues pour le maquereau, le congre et le poulpe dans l'étude étaient de 0,077; 0,09 et 0,028 mg/kg respectivement.

Rappelons qu'en 2013, le projet de loi portant approbation de la convention Minamata sur l'usage et les émissions de mercure, a été adopté en conseil de gouvernement.

Cette convention vise à réduire au niveau mondial les émissions du mercure, très toxiques pour la santé et l'environnement, en vue de l'éliminer d'ici 2020 dans plusieurs produits.

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