Conjoncture. Une partie de l’Afrique souffre et les entreprises marocaines avec

Très dépendantes des rentrées d’argent du pétrole, plusieurs économies africaines ont connu des périodes assez difficiles et le bout du tunnel semble encore loin. Des économies où les entreprises marocaines sont très présentes.   

Conjoncture. Une partie de l’Afrique souffre et les entreprises marocaines avec

Le 18 septembre 2017 à 19h03

Modifié 11 avril 2021 à 1h17

Très dépendantes des rentrées d’argent du pétrole, plusieurs économies africaines ont connu des périodes assez difficiles et le bout du tunnel semble encore loin. Des économies où les entreprises marocaines sont très présentes.   

Depuis que les prix du pétrole ont entamé leur baisse spectaculaire, plusieurs pays africains, notamment les exportateurs d’or noir, se sont retrouvés dans une situation économique assez délicate.

"Les plus touchés sont deux pays producteurs de pétrole de la zone CEMAC, à savoir le Gabon et le Congo qui souffrent énormément depuis 3 ans. Le Tchad, la Guinée Équatoriale et le Cameroun accusent la baisse du cours, mais à un degré moindre vu la diversification de leur tissu économique", nous explique un responsable Afrique dans une grande banque marocaine. Les choses ne s’arrangent pas non plus du côté du Nigéria ou encore en Angola.

Cette situation a un impact sur les entreprises marocaines implantées dans ces pays subsahariens. "La remontée des dividendes s’est affaiblie année après année depuis 2014 et le ralentissement s’est accentué pour le dernier exercice. On prévoit un retournement de situation d’ici fin 2018 avec un probable redressement des prix du pétrole", prévoit ce spécialiste.

Ce dernier nous explique aussi qu’une grande partie des investissements marocains sur place n’ont pas encore atteint un grand niveau de maturité. Les maisons mères, basées au Maroc, se trouvent dans l’obligation d’injecter des liquidités pour assurer la survie des filiales. "La grande majorité des projets sont réalisés pour les Etats et non par le privé, sauf qu’avec la récession, il est de plus en plus difficile de se faire payer", lance ce banquier.

Cela dit, les secteurs attaqués par les entreprises marocaines sont loin des hydrocarbures et de facto n’ont pas été directement impactées. Les secteurs appréciés par les entrepreneurs nationaux sont le bancaire, le BTP, les télécoms, les assurances ainsi que le secteur des mines. "Même si les entreprises marocaines n’ont aucun lien direct avec le pétrole, il ne faut pas oublier que c’est l’argent récolté grâce à l’or noir qui fait bouger l’économie de ces pays", précise notre interlocuteur.

En effet, dans les pays du CEMAC par exemple, les revenus pétroliers pèsent jusqu’à 85% des recettes globales générées. D’ailleurs, l’ensemble de ces pays s'est retourné vers le marché des capitaux pour lever des financements nécessaires à leur fonctionnement et les investissements publics.

"Aujourd’hui, les banques marocaines ou autres installées dans cette zone (CEMAC) souffrent d’un réel déficit de trésorerie que nous pouvons même qualifier de critique sur la base des ratios internationaux", ajoute ce spécialiste de l’Afrique. 

Les pays en rouge sont les pays qui ont le plus souffert ces dernières années. En orange, les pays qui dont l'économie n'a pas été beaucoup touchée.

(Les données sur les tableaux ci-dessous sont tirées depuis le site de la COFACE)


Le Congo au bord de la faillite 

Pour le Congo, les spécialistes sont très pessimistes. Le pays se rapproche jour après jour du défaut de paiement. Les agences de notations continuent de baisser périodiquement la note du pays, tout en maintenant sa perspective négative. Les deux grandes agences, Moody's et Standard & Poor's, sont d'accord: la République du Congo fera défaut prochainement sur son Eurobond, emprunt obligataire placé auprès d'investisseurs internationaux, et pourrait rester en défaut pour une période prolongée.

Et pour ne rien arranger, l’État congolais avait caché une partie de sa dette annoncée aux institutions internationales. Alors qu’elle dépasse 120% du PIB, les dirigeants congolais n’avaient annoncé que 80%, au FMI notamment.

En tout cas, ce qui est certain c’est que pour la deuxième année consécutive, l'économie congolaise sera en récession (les prévisions de la Coface pour 2017 sur le tableau ne sont pas mis-à-jour). Lors de la réunion du Comité monétaire et financier national, du 4 Juillet dernier, le taux de croissance du pays en 2017 serait de -1,9% au lieu de 1% projeté initialement. En 2016, le pays avait réalisé un recul de 2,7% de son PIB.

Dans ce pays, où la situation s’aggrave jour après jour, plusieurs entreprises marocaines y sont actives: Attijariwafa Bank, BMCE Bank, Alliances, Addoha, Managem et Saham.

 

Le Gabon suffoque lui aussi

Le Gabon, quant à lui, souffre politiquement et même économiquement. Les spécialistes avouent que la situation devient préoccupante. Le 7 aout dernier, le pays gouverné par Ali Bongo a levé sur le marché international 200 millions de dollars.

Avant cela, au mois de juin dernier, le Conseil d'administration du FMI avait approuvé une importante aide au profit du Gabon. Le programme est composé d’une enveloppe de 642 millions de dollars. L’institution de Bretton Woods a expliqué que cet appui servirait principalement à redresser l'économie.

D’ailleurs, le FMI a revu à la baisse les perspectives de croissance du Gabon en aout dernier. "Les perspectives économiques à court terme du Gabon demeurent délicates, la croissance économique globale devant être modeste, aux alentours de 1%, en 2017", explique un cadre du FMI dans une déclaration reliée par la presse. (Les prévisions de la Coface pour 2017 sur le tableau ne sont pas mis-à-jour). Ceci est expliqué notamment par le repli des exportations de pétrole et des recettes budgétaires et une détérioration de la balance des paiements.

En tout cas, elles sont 4 grandes entreprises marocaines implantées sur le territoire gabonais: Attijariwafa Bank, BMCE Bank, Saham et Managem.

 

L’Angola dépend beaucoup de ses ressources naturelles

L’Angola est dans une période très délicate de son histoire après les élections du 22 aout dernier. José Eduardo dos Santos se retire après 38 ans à la tête du pays, et cède sa place à João Lourenço. Le pays dispose d’un potentiel économique non négligeable, grâce au pétrole et au gaz. Après avoir connu des années avec des taux de croissance à deux chiffres, la chute du cours du baril de pétrole a plombé les finances du pays. L’Or blanc représentait 45% du PIB, 70% des recettes et 98% des exportations jusqu’en 2014. 

Selon le FMI, le taux de croissance du PIB s’est établi à 0,4% en 2016 mais pourrait remonter d'ici à la fin de 2017. Les prévisions en interne annoncent 2,2% pour cette année. Ces prévisions ne semblent pas convaincre les spécialistes qui craignent le pire pour ce pays du sud-ouest de l'Afrique. Les tensions politiques et sociales peuvent s’accentuer, à en croire la presse africaine.  

Saham est la seule grande entreprise marocaine présente sur le sol angolais.

 

Le riche Nigéria voit, plus ou moins, le bout du tunnel

Le Nigeria, connu pour être l’un des pays les plus riches de l’Afrique a connu depuis deux années des moments très difficiles. Le chef de l'État, Muhammadu Buhari, n’a annoncé que très récemment, 5 septembre, une probable sortie de la récession. Le Bureau nigérian des statistiques a expliqué que le PIB du Nigeria a progressé de 0,55% en glissement annuel.

Selon les spécialistes, le pays est en train de voir le bout du tunnel mais rien n’est encore confirmé. Car les séquelles des deux dernières années ne peuvent disparaître rapidement. En 2016, le PIB du Nigeria avait reculé de 1,5%. Cela dit, l’industrie pétrolifère pourrait souffrir très prochainement d’un mouvement de grève très important.

Entre le Maroc et le Nigeria, il y a un important contrat sur le futur gazoduc qui reliera les deux pays. Pour le moment, rien ne fuite sur la faisabilité du projet ni sur les probables investissements d’OCP sur place. La seule grande entreprise marocaine sur place est Saham.

 

La CEDEAO bataille dur

D’ailleurs, la situation économique du Nigeria a beaucoup impacté celle de la CEDEAO, vu que c’est la première puissance économique de la région. Le taux de croissance réel du PIB de la "communauté" s’est établi à 0,2% en 2016 contre une progression de 3,3% en 2015 et 6,1% une année auparavant. Les perspectives économiques sont, toutefois, moins sombres depuis que le Nigeria a annoncé sa sortie de récession. Le taux de croissance attendu se situerait à 2,2% selon la Commission de la CEDEAO.

Parmi les pays qui sont restés, plus ou moins, debout malgré la succession des problèmes, l’on peut citer le Cameroun, la Côte d’Ivoire et le Sénégal. La présence des entreprises marocaines dans ce pays est très importante. Sont présentes: Attijariwafa Bank, BMCE Bank, beaucoup, Saham, Managem, ONEE, Maroc Télécom, Addoha …

Cameroun 

Sénégal 

Côte d'Ivoire 

 

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