Démission d'Ilyas Elomari: une séquence s'achève

Ni le communiqué du PAM ni la conférence de presse du lendemain n’ont apporté de véritables éclaircissements. A l’heure actuelle, seul Ilyas Elomari connaît la raison réelle de sa démission du secrétariat général du PAM, 18 mois environ après son élection.  

Démission d'Ilyas Elomari: une séquence s'achève

Le 9 août 2017 à 15h37

Modifié 9 août 2017 à 15h37

Ni le communiqué du PAM ni la conférence de presse du lendemain n’ont apporté de véritables éclaircissements. A l’heure actuelle, seul Ilyas Elomari connaît la raison réelle de sa démission du secrétariat général du PAM, 18 mois environ après son élection.  

En réalité, peu importe la raison. Le départ d’Ilyas marque la fin d’une séquence.

Le 24 janvier 2016, Ilyas Elomari était rayonnant. Le fils du Rif et de l’extrême-gauche, le self made man, avait été ce jour-là porté à la direction du PAM. Sur le papier, il ne lui restait qu’une seule marche pour atteindre la primature: gagner les législatives du 7 octobre 2016.

Ce dimanche 24 janvier 2016 donc, le nouveau secrétaire général du PAM n’a pas été élu. Il n’y a pas eu de scrutin. Ilyas a été élu par acclamations, une sorte de plébiscite.

Il y avait eu une petite incertitude jusqu’à la dernière minute, jusqu’au moment où le digne et respecté Mustapha Bakkoury a pris la parole pour annoncer qu’il ne serait pas candidat.

Là, tout le monde a su que ce serait Ilyas. 

Jusque-là, Ilyas tirait la plupart des fils au sein du PAM, sans en être le patron en titre. A moins de dix mois des législatives, il avait décidé de prendre le parti, ce qui signifie une seule chose: la victoire aux législatives, et son corollaire la primature, il y a cru.

Nombreux sont d’ailleurs ceux qui comme lui y ont cru. Dès son accession à la tête du PAM, des hommes d’affaires, des notables, des dirigeants d’associations, des opportunistes, des ambitieux, toute une faune faisait la queue pour rencontrer si Ilyas... qui recevait dans un endroit agréable et au nom évocateur d’agrumes, sis à Rabat.

Le PAM a mobilisé pendant ces neuf mois, d’importants moyens. Mais le résultat ne fut pas au rendez-vous.

Le 7 octobre 2016, le parti d’Ilyas a obtenu 102 sièges à la Chambre des Représentants derrière son principal rival, le PJD, qui en a obtenu 125. Les choses étaient dites.

Dans les microcosmes politiques et économiques, on a alors commencé à donner moins de crédit à l’avenir politique du patron du PAM. On sentait bien moins de déférence, moins de révérence, et chez lui moins d’assurance.

Les deux objectifs principaux qui avaient présidé à la création du PAM il y a neuf ans, étaient de contrer l’islamisme politique et d’augmenter la participation aux élections et à la vie politique. Ni l’un ni l’autre n’ont été atteints.

 

Pourquoi Ilyas a-t-il échoué aux élections?

Un vrai parti est une organisation qui a un leader, une démocratie interne et une plateforme idéologique. Les trois sont indispensables.

La plateforme idéologique du PAM tenait à l’origine en un seul mot: “tamaghrabit“. Séduisant, pertinent mais pas suffisant.

Sur le plan purement économique et social, le PAM n’a pas forcément choisi le meilleur espace. Il a opté pour le centre gauche, alors que l’espace disponible était celui de centre droit ou de centre libéral, voire de parti libéral.

De plus, l’identité, le programme, la plateforme idéologique, n’ont pas ni suffisamment ni clairement déclinés. L’identité du parti a gardé un certain flou, ce qui peut également s’expliquer par son jeune âge.

Au niveau du leadership, le parti n’a pas eu de tribun à sa tête. Un chef politique doit mobiliser et pour cela, doit être capable de faire vibrer les foules. Il est censé être un expert du verbe. Ce ne fut le cas d'aucun des leaders respectifs du PAM. De plus, Ilyas Elomari, malgré une culture politique réelle, n’est jamais arrivé à devenir populaire ailleurs que dans une partie de son fief d’origine.

Enfin, le véritable échec se situe au niveau de la démocratie interne du parti. Un parti moderne est un parti vivant, qui n’a pas peur de la contradiction ni du débat interne. C’est cela qui permet de mobiliser, de recruter, d’attirer les militants. C’est cela qui instaure une méritocratie et accorde une chance à n’importe quel quidam qui rejoint un parti pour défendre ses convictions. La démocratie interne est le véritable échec du PAM.

 

La séquence PAM conduit ou inspiré par Ilyas Elomari, telle qu’on l’a connue, est terminée. Celle de Chabat le populiste aussi. Y a-t-il un lien entre la fin de ces deux époques? L’avenir nous le dira.

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