Textile & habillement. L’export se porte bien, le marché intérieur broie du noir

A fin mars 2017, les exportations marocaines vers l’UE ont augmenté de 3% pour l’habillement et de 17% pour le textile. Les professionnels s’attendent à une belle année. Pour le marché national, il faudra attendre. 

Textile & habillement. L’export se porte bien, le marché intérieur broie du noir

Le 31 mai 2017 à 14h35

Modifié 11 avril 2021 à 1h11

A fin mars 2017, les exportations marocaines vers l’UE ont augmenté de 3% pour l’habillement et de 17% pour le textile. Les professionnels s’attendent à une belle année. Pour le marché national, il faudra attendre. 

Dans le marché UE, au terme de ce premier trimestre, le Maroc a perdu une place dans le classement des fournisseurs d’habillement de l’UE au profit du Pakistan, en passant de la 7ème au 8ème rang. Mais d'un autre côté, il est arrivé à marquer une croissance de 3% de ses exportations d’habillement (686 millions d’euros) et de 17% dans le textile (75 millions euros).  

Un premier trimestre assez timide pour l'habillement mais qui ne donne pas le ton de ce que sera l’année 2017.  

"Tous les ans, les exportations du premier trimestre avancent à un rythme ralenti. L’accélération ne commence que vers la mi-juin. D’ici la fin d’année, la place perdue sera certainement regagnée", nuance Mohamed Tazi, DG de l’Association marocaine des industries du textile et de l’habillement (Amith).

Autre indicateur des bonnes performances du Maroc: ces exportations sont réalisées dans un marché atone, marqué par la baisse de la consommation européenne en textile.

"Les marchés que nous desservons, notamment européens, ne sont pas au plus haut de leur forme. En dix ans, il y a eu des arbitrages discriminants dans les postes de consommation des ménages (loisirs, téléphonie, éducation…) en défaveur de l’habillement. Ce poste est passé de 11% en 2006 à 3% en 2016", explique Mohamed Tazi.  

Reconfiguration du marché

Durant ces dix années également, le secteur de l’habillement a subi de profonds changements, avec l’entrée en scène de la fast fashion incarnée notamment par des enseignes comme H&M et Inditex, et plus récemment du modèle des très bas prix incarné par Primark, une enseigne qui propose par exemple des t-shirt à 3 euros.

"Les distributeurs européens sont aujourd’hui pris en étau entre ces deux modèles. Ceux qui ne sont ni dans le price-low ni dans le fast-fashion sont en mal de positionnement, pas uniquement en Europe, mais également aux Etats-unis", commente Mohamed Tazi. .

"Dans ce contexte, de nombreux opérateurs, y compris de très grands distributeurs, se rapprochent de plus en plus du Maroc parce qu’il incarne une zone de sourcing qui a réussi son positionnement dans le fast-fashion", ajoute notre source.

Toutes les semaines, l’Amith reçoit des  délégations étrangères avec des projets d’amont importants: des Chinois, des européens, des turcs… , nous dit-on.   

Le foncier, talon d’Achille

La question est de savoir si ces prospections se traduisent concrètement par des investissements.

"Lorsqu’on commence à rentrer dans les détails, on se rend compte de certaines complications. Le grand problème est le foncier. Il y a certes aujourd’hui des velléités par exemple à Tanger. Mais ce n’est pas suffisant. Au moment où les étoiles sont alignées, le Maroc n'est pas prêt. Nous avons des fenêtres d’opportunités intéressantes. Si nous étions bien préparés, nous aurions pu les capter. C’est notre grande frustration au niveau du secteur. Les retards dans la formation du gouvernement n’ont pas aidé non plus à faire avancer les choses", regrette M. Tazi.  

Le marché intérieur manque de visibilité

"Je ne dis pas qu’il n’y a pas de dynamique. Bien au contraire et les chiffres en témoignent avec la signature depuis fin 2015 de 167 conventions d’investissement pour 2,5 MMDH et 37.000 nouveaux emplois. Mais on peut beaucoup mieux faire sachant que tous les projets sont orientés export. Rien pour le marché local", ajoute-t-il.

Les professionnels du secteur s’accordent à dire qu'il n' ya pas eu d'actions concrètes pour dynamiser le marché intérieur, pénalisé par des frontières poreuses.

"L’Amith a contacté les Turcs pour les interpeller sur leurs pratiques illicites détruisant le marché local. Cela les a fait sourire, rejetant la responsabilité de protéger le marché local aux pouvoirs publics marocains", témoigne Mohamed Tazi.  

"Autant les perspectives pour l’export sont prometteuses, autant pour le marché local, je ne peux pas être affirmatif", conclut notre source.  

Ci-dessus, un tableau récapitulatif des exportations vers l'UE au terme du premier trimestre ( en milliers d'euros). 

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