Centrale-Danone. Relève, revenu, femmes… Les défis du programme Hlib Bladi

C’est en novembre prochain que la multinationale communiquera les conclusions de la première phase de l’opération Hlib Bladi ayant choisi la région de Chaouiya pour le projet pilote. Le choix de la prochaine zone se fera conjointement avec le ministère de l’Agriculture. Ce sera Doukkala ou le Gharb début 2018. 

Centrale-Danone. Relève, revenu, femmes… Les défis du programme Hlib Bladi

Le 27 avril 2017 à 19h50

Modifié 27 avril 2017 à 19h50

C’est en novembre prochain que la multinationale communiquera les conclusions de la première phase de l’opération Hlib Bladi ayant choisi la région de Chaouiya pour le projet pilote. Le choix de la prochaine zone se fera conjointement avec le ministère de l’Agriculture. Ce sera Doukkala ou le Gharb début 2018. 

A six mois du premier bilan officiel de l’initiative "Hlib Bladi", un premier chiffre ressort: les fermes partenaires contribuent à hauteur de 1% à 2% au volume global du lait collecté, l’objectif étant d’arriver à 11% d’ici 2020.

Mais au-delà de ce chiffre relevant du quantitatif, c’est toute une transformation qui est visée par ce programme ciblant 10.000 éleveurs, un cran supérieur à l’agrégation en tant que maillage garantissant au petit éleveur un revenu stable et un meilleur accès au financement et permettant à l’industriel de sécuriser son approvisionnement en matière première tout au long de l’année.

La question qui se pose est la suivante: quel modèle d’élevage laitier marocain qui soit à la fois durable, qui assure un revenu décent à l’agriculteur tout en réduisant les coûts, y compris ceux de l’énergie et de la consommation d’eau?

"Parmi les premières actions que nous avons menées, la formation aux techniques d’élevage: traite, reproduction, alimentation, hygiène et santé…. Selon nos sondages, seulement 3% de nos éleveurs ont eu ce type de formation permettant de gérer au mieux leur outil de production: les vaches", lance d’emblée Adil Benkirane, directeur des achats et de l’amont laitier à Centrale Danone.

Il faut savoir que dans le cadre de Hlib Bladi, c’est l’industriel qui importe les génisses pour le compte des éleveurs partenaires. "Nous assurons l’équipement en matériel de traite et nous accompagnons également dans le volet financement", précise M. Benkirane.

Femmes. Une formation sur mesure

"Au fur et à mesure de notre expérience à Chaouiya, nous nous sommes rendu compte d’un constat fort: la maternité, le rationnement de l’alimentation.. sont assurés par des femmes, mais ces dernières n’assistaient pas aux réunions de formation auxquelles ne venaient que leurs maris, pour des considérations culturelles. Nous avons eu beau essayer de convaincre, promettant de séparer les places: les hommes d’un côté et les femmes d’un autre, mais elles ne venaient toujours pas", témoigne Adil Benkirane.

Comment alors leur transmettre des connaissances dans une société hautement patriarcale? Par quel moyen les approcher?

"Nous avons créé des forums spécifiques aux femmes tenus chez des femmes et nous avons recruté des techniciennes et des ingénieures dédiées. Les résultats ont été très concluants", explique le directeur de l’amont laitier.

Toute la famille a été encadrée, y compris en réaménageant des crèches déjà existantes, mais ne répondant pas par le passé aux normes minimales.

Energie, eau, fourrage. Des économies tous azimuts

C’est connu. La performance dans la production du lait tient beaucoup à la capacité à produire du fourrage d’une manière économique et viable. "Nous avons fait des essais de production qui ont permis d'économiser 50% d’eau. Nous avons également transformé les coopératives. De simples centres de refroidissement de lait, elles sont devenues de réels centres de vie en assurant un encadrement vétérinaire et des achats mutualisés, en en mettant en place des services d’insémination artificielle…", ajoute notre source.    

Pour ce qui est de l’énergie, le choix a été fait d’introduire l’énergie solaire d’abord au niveau du refroidissement du lait dans les centres de collecte. "Aujourd’hui, la moitié des coopératives pilotes fonctionnement avec les panneaux solaires en alternance avec l’électricité. La moyenne est de 40% solaire-60% électricité avec des différences selon les régions", souligne notre interlocuteur.  

Un projet est en cours pour transposer ce modèle au pompage de l’eau.

1.600 éleveurs déjà accompagnés

Depuis le lancement de l’opération à Chaouiya, ce sont 1.600 éleveurs qui y ont adhéré. "Nous avons fait le pilote sur une zone restreinte pour qualifier les procédures et les méthodes de travail afin de le déployer au niveau de trois régions sur cinq ans – en incluant le Gharb et Doukkala".  

Selon Centrale Danone, les éleveurs arrivent à dépasser 15 litres en moyenne par jour pour une vache dont la capacité est de 30 litres, contre une moyenne nationale de 6 litres. L’objectif est d’atteindre 20 litres avec une forte teneur en protéines et en matière grasse et une amélioration de 50% du revenu de l’éleveur.

Et la relève? Est-elle assurée?

L’une des questions se rapportant au monde rural est bien celle-là. Comment maintenir les populations sur place et améliorer leurs conditions de vie? C’est l’esprit même ayant guidé le plan Maroc Vert.  

"La moyenne d’âge de l’éleveur est supérieure à 50 ans. Quand on lui pose la question s’il voit son fils reprendre le flambeau, il hésite, compte tenu de la pénibilité du métier et du manque d’attrait qu’il renvoie", témoigne Adil Benkirane.

L’idée est de passer d’une activité vivrière à une activité semi-industrielle pour que les nouvelles générations puissent se projeter dans cette activité. L’objectif ultime est de réduire la pénibilité, améliorer le revenu et gratifier le métier pour qu’il donne envie de s’y lancer.

"Le revenu total de nos éleveurs dans cette phase a augmenté en moyenne de 30% grâce à l’amélioration de la productivité et la réduction des coûts de production. L’activité centrale Danone assure un revenu annuel de 2,5 MMDH. C’est ce qu’a reversé l’entreprise en 2016 aux éleveurs", selon  M. Benkirane.

Cela fait une moyenne de 50 DH par jour et par éleveur, disposant de trois vaches en moyenne.

Encore du chemin à faire.  

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