Algérie: se réformer ou s’effondrer

Un article publié par le chercheur John Spacapan de l’American Enterprise Institute (AEI) souligne l’impasse politique et sociale de l’Algérie actuelle. Une situation aux conséquences régionales négatives.

Algérie: se réformer ou s’effondrer

Le 20 février 2017 à 12h43

Modifié le 11 avril 2021 à 2h39

Un article publié par le chercheur John Spacapan de l’American Enterprise Institute (AEI) souligne l’impasse politique et sociale de l’Algérie actuelle. Une situation aux conséquences régionales négatives.

C’est écrit en trois pages et cela résume la situation d’une Algérie politiquement et socialement en crise profonde. John Spacapan commence par indiquer que la situation de l’Algérie d’aujourd’hui ressemble à celle de la Libye, de la Tunisie ou de l’Egypte en 2010: un fort taux de chômage des jeunes, des dépenses sociales importantes et incompressibles et une classe dirigeante "ossifiée" et coiffée par un Chef de l’Etat, dictateur, malade. Le constat est sans appel.

Spacapan rappelle que le seul cas de dictature militaire qui a choisi la voie de la réforme économique a été celui du Chili dans les années 1970 avec Pinochet et le soutien de la CIA. Résultat: "Si, ou bien quand, l’Algérie s’effondre, l’Ouest [–mais pas seulement-] doit être prêt à faire face à de sérieuses conséquences économiques et en termes de sécurité."

Spacapan rappelle que lors des débats budgétaires en Algérie à l’automne 2016, les dirigeants du pays ont une nouvelle fois reconnu que le pays ne pouvait indéfiniment compter sur les uniques revenus des hydrocarbures et qu’il fallait diversifier l’économie. Un constat et un aveu d’impuissance récurrents depuis de très nombreuses années.

L’Algérie qui encaisse plus de 240 milliards de dollars lorsque le pétrole est à 100 dollars le baril n’en a encaissé que moins de la moitié en 2014, 2015 et 2016. Mais c’est sans compter avec les réserves financières du pays et l’absence de dette publique qui donne au pays une large capacité d’endettement, de plus garantie par ses réserves en hydrocarbures.

Cependant, comme le note Spacapan, le budget social de l’Algérie se monte à 46 MM de dollars. Alger ne peut y toucher tout comme le budget militaire, près de 12 MM de dollars par an depuis 2010, l’un des top 20 de la planète, du même niveau que celui d’un pays en guerre tel Israël, quatre fois supérieur à celui du Maroc.

A Alger et en dehors, cercles militaires, services, milieux d’affaires et groupes islamistes se préparent au changement. Paralysé et incapable de réformer et de se réformer, le système politique algérien est dans une crise chronique. Al Qaida au Maghreb islamique (Aqmi) a appelé de nouveau le mois dernier à la reprise du jihad contre le régime.

"La chute de l’Algérie, le plus grand pays d’Afrique, représenterait une grande victoire pour Al Qaida", souligne le chercheur de l’AEI. Si les inquiétudes des pays européens, du Maroc et de la Tunisie sont déjà portés vers la Libye en ce moment, qu’en sera-t-il si l’Algérie tombe demain?

Le pays vaste de 2,3 millions de km², est peuplé de 40 millions d’habitants dont un quart vit sous le seuil de pauvreté. Les produits de consommation courante et les médicaments sont subventionnés. Le pays dispose de 6.300 km de frontières terrestres, abrite les camps des séparatistes armés du polisario près de Tindouf, partage des frontières avec la Mauritanie, le Mali et ses bandes armées, le Niger, l’incontrôlable Libye et la Tunisie.

La chute du régime algérien aura pour conséquence directe un accroissement des activités terroristes dans la région, l’organisation de nouvelles filières de trafic d’êtres humains entre l’Afrique subsaharienne et l’Europe, impactant ainsi la sécurité et la stabilité politique des voisins maghrébins et européens d’Alger.

En outre l’Algérie est le second fournisseur de gaz de l’Europe après la Russie qui elle-même ne manquerait pas de tenter de tirer profit d’une crise de l’approvisionnement en gaz algérien de l’Europe. C’est dire si la situation politique incertaine à Alger a atteint un niveau d’alerte inquiétant.

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