Exclusif. Révélations sur la cellule terroriste féminine démantelée au Maroc

Voici l’histoire de l'arrestation de 10 jeunes femmes marocaines, âgées de 15 à 30 ans, dont sept mineures, le 3 octobre 2016. Elles s'étaient constituées en cellule terroriste et préparaient leur premier attentat pour le 7 octobre. Récit et enseignements.  

Exclusif. Révélations sur la cellule terroriste féminine démantelée au Maroc

Le 18 janvier 2017 à 4h45

Modifié 11 avril 2021 à 1h06

Voici l’histoire de l'arrestation de 10 jeunes femmes marocaines, âgées de 15 à 30 ans, dont sept mineures, le 3 octobre 2016. Elles s'étaient constituées en cellule terroriste et préparaient leur premier attentat pour le 7 octobre. Récit et enseignements.  

Lundi 3 octobre 2016. Le service action de l’antiterrorisme du BCIJ est sur le pont. Des opérations simultanées ont lieu dans 8 villes: Kénitra, Tan Tan, Sidi Slimane, Salé, Tanger, Oulad Taima, Zagora et Sidi Taibi (les environs de Kénitra). Elles se soldent par l’arrestation de 10 femmes, dont sept mineures âgées entre 15 et 17 ans.

La satisfaction des policiers marocains est ternie par le jeune âge des interpellées et leur vulnérabilité. Ils sont attristés. Joint au téléphone par Médias24 dans la journée du 3 octobre, leur chef, Abdelhak Khiame, est très affecté: “J'ai mal au cœur. Nos enfants sont maintenant ciblés par les organisations terroristes. Où sont leurs parents? Où est l'école? C'est notre propre progéniture qui est devenue une cible des organisations terroristes et en l'arrêtant, nous protégeons notre pays, mais nous la protégeons également contre elle-même".

Les sept mineures qui projetaient des attentats (le premier prévu pour le jour des élections, le 7 octobre), étaient des terroristes en puissance. Certes. Elles sont aussi des victimes.

De haut en bas, Abdellatif Hammouchi, concepteur de la stratégie antiterroriste marocaine; brigade d'intervention du BCIJ.

Ci-après, le récit exclusif de leur radicalisation, qui a commencé 18 mois avant leur arrestation. Ce récit a été recueilli auprès d’une source autorisée de haut rang du BCIJ qui a aidé Médias24 à reconstituer les événements. Ce démantèlement d’une cellule entièrement féminine constitue une première mondiale.

L’officier supérieur qui éclaire notre rédaction sur les dessous de cette enquête fait partie du service antiterroriste du BCIJ. Il incarne la nouvelle politique sécuritaire du Maroc, conçue par Abdellatif Hammouchi, et qui privilégie la communication et la transparence. Notre source a préféré garder l’anonymat pour des raisons évidentes liées à son activité secrète.

Les enseignements: Internet est le premier maillon de la radicalisation

Comme on va le voir, cette affaire est pleine d’enseignements:

1-Internet joue un rôle central, décisif dans le processus de radicalisation. Le contact physique n’est plus indispensable au déclenchement du processus. Ceci nous rappelle, en passant, à quel point il est important de combattre ce premier maillon de l’engrenage: l’apologie du terrorisme.

2-Les radicalisés vivent en vase clos. Sous l’influence des recruteurs, ils sont coupés de la société. Ils déshumanisent les autres. Ils sont sous l’emprise de leurs nouveaux mentors qui ont une stratégie d’enfermement bien rodée.

3-Le processus est maintenant connu: réseaux sociaux et vidéos, contact virtuel, séduction, exaltation des qualités des futures recrues (telles que le don de soi, la volonté de servir les causes justes), apologie de la violence et de la haine des autres, passage à l’acte. Au passage, on peut promettre le mariage voire épouser virtuellement, l’une des victimes. C’est le cas ici comme nous allons le voir.

4-Les recrues sont le plus souvent jeunes, personnalités fragiles et vulnérables.

5-Lorsqu’il s’agit de mineur-e-s, les parents, la famille, sont délégitimés, de sorte à affaiblir ou anéantir l’autorité parentale.

6-La radicalisation est discrète, elle n’est visible que par certaines phrases ou un changement d’apparence vestimentaire. Dans le cas de la cellule du 3 octobre, le processus de radicalisation suivi de la préparation du passage à l’acte a duré 18 mois.

7-L’argument suprême est de parler au nom du “vrai Islam“. “Si vous êtes musulman, voici ce que vous devez faire“, répètent les recruteurs à leurs recrues peu armées sur le plan intellectuel pour déconstruire ce discours et ces sophismes.

8-la lutte antiterroriste est plus efficace lorsqu’il y a adhésion et confiance de la population. C’est le cas au Maroc.

Voici l’histoire de dix femmes marocaines devenues extrémistes et qui auraient pu provoquer des carnages.

Comment a travaillé l’antiterrorisme

L’enquête s’est basée sur le renseignement humain et un suivi opérationnel ininterrompu.

Les arrestations des jeunes femmes dont l’âge variait entre 15 et 30 ans, se sont faites après le recueil d’éléments de concordance, de longues surveillances et des preuves de flagrance incriminant les suspectes. 

Pour tout service de renseignement, une cellule terroriste implique d'abord qu’elle soit constituée de gens qui se connaissent et se rencontrent. Outre leur background idéologique commun, il faut qu’il y ait des contacts physiques et un projet terroriste avéré car le BCIJ n’intervient pas sur la base de vagues soupçons.

L’une des difficultés majeures de l’enquête a consisté à surveiller les discussions sur Internet car les filles étaient présentes sur plusieurs réseaux sociaux ou messageries comme Facebook, WhatsApp et même Telegram. Cela leur a permis de contacter des sympathisants marocains de l’EI mais surtout d’établir des contacts directs avec des opérationnels présents sur le terrain irako-syrien.

Autre prouesse: ces femmes étaient toutes inconnues des services (deux écolières, une étudiante, une femme de ménage, et les six autres sans profession), originaires de tout le Maroc (Kénitra, Salé, Tan Tan, Sidi Slimane, Ouled Taima, Zagora…) et utilisaient des réseaux cryptés (Telegram, WhatsApp).

Ce n’est donc qu’à l’issue de réunions physiques domiciliaires, surveillées, que l’intervention du BCIJ a pu avoir lieu. D’autres sympathisantes, pas toutes identifiées, qui étaient au courant des projets terroristes de la cellule démantelée ont pu échapper au coup de filet, en rejoignant leur famille dans la zone irako-syrienne.

Les contextes personnels: personnalités vulnérables, livrées à elles-mêmes, familles absentes ou radicalisées

L’explication de ce processus de radicalisation est à mettre sur le compte de la déscolarisation, de l’entourage familial et de l’outil Internet, qui encouragent des fréquentations dangereuses.

L’enquête a permis de découvrir qu’une partie des jeunes femmes comptait des liens familiaux avec des combattants marocains évoluant sur les terres de Da'ech. C’est notamment le cas de deux jeunes mineures dont le père a participé à la guerre d’Afghanistan (contre les Soviétiques) et dont les deux frères évoluent aux côtés des troupes de Baghdadi. Leur père qui était rentré au Maroc en se faisant passer pour un repenti, avait entrepris des démarches pour que ses fils partent en Irak ou en Syrie.

Fières de leurs parents qui combattaient pour Da’ech, ces jeunes filles postaient des photos de leurs frères avec des Kalachnikovs et des commentaires élogieux. Cette notion de glorification a d’ailleurs grandement pesé sur la motivation des autres jeunes femmes qui voulaient s'identifier au groupe.

Une des filles a même reçu de l’agent pour essayer de rejoindre, en vain, la zone contrôlée par le pseudo-Etat islamique. Il a cependant été prouvé que si le père n’était pas complice des projets terroristes de ses filles, il restera coupable de ralliement à une cause terroriste, ce qui est puni par la loi.

Prouver des soupçons de ralliement sans flagrant délit, reçus d’aide financière ou antécédents en la matière, est compliqué pour le BCIJ, mais l’enquête a montré que plusieurs ex-détenus condamnés pour terrorisme, soi-disant repentis, sont impliqués dans cette affaire car ils ont transmis leurs convictions à leurs proches.

Ainsi, une des rares filles majeures (interpellée à Kénitra), mariée à un récidiviste purgeant une peine de prison dans une affaire de terrorisme, s’est mise en tête de suivre les pas de son époux affilié à Da’ech.

Ce dernier qui était au courant des projets terroristes de sa femme, l’a mise en contact avec des correspondants qui lui ont envoyé cinq mandats d’Europe. L'enquête a montré qu'une Marocaine établie en Allemagne, lui a été d’une grande aide financière, avant qu’elle ne décide de disparaître en rejoignant son mari installé en Libye.

Du fait de leur jeune âge influençable, les mineures étaient la cible de prédilection des recruteurs car lors d’un interrogatoire, une fille s’est vantée d’être fière d’appartenir à une famille de jihadistes.

Internet: le doigt dans l’engrenage

L’enquête a déterminé que la plupart des suspectes utilisaient d’une manière assidue l’outil Internet qui court-circuite le contact physique.

Avant de se rencontrer de visu, celles qui étaient éloignées géographiquement se sont connues via les réseaux sociaux et plus particulièrement par Facebook. C’est là qu’elles ont sympathisé et se sont retrouvées plongées dans un monde virtuel où les forums de discussions pullulent et où elles étaient une proie facile pour les recruteurs extrémistes.

Malgré leur origine sociale défavorisée, il est apparu que le basculement des jeunes femmes dans l’extrémisme avait d’autres explications que la misère économique.

Le recruteur épouse sa victime pour mieux la manipuler

Ça été notamment le cas d’une mineure qui a contracté un mariage virtuel sur Facebook avec un combattant de Da'ech, à partir de sa chambre et à l’insu de ses parents. Son “mari“ l’a invitée à préparer son passeport pour le rejoindre mais les enquêteurs ne savent toujours pas s’il est marocain ou pas, car ils ne communiquaient qu’à l’aide de pseudos difficilement identifiables.

Les interrogatoires ont montré que son ralliement au groupe était dû à un relâchement familial car son père était sévère avec elle et ne lui adressait pas la parole. Sans affection ni repères, la jeune fille s’est réfugiée dans les bras d’un correspondant virtuel qui s’intéressait à elle, puis l’a demandée en mariage. Sa radicalisation s’explique donc par le fait qu’elle a trouvé de la considération et de l’attention ailleurs, ce qu’elle n’arrivait pas à obtenir avec sa famille proche.

L’engrenage

L’autre facteur de séduction puis de basculement a été le visionnage de scènes d’affrontements, horribles, en Syrie et en Irak auquel les ont soumises leurs correspondants.  

D’ailleurs, dès que vous commencez à visionner des vidéos, les plate-formes telles que youtube vous en proposent d’autres, sous l’appellation “contenus similaires“.

Les Marocaines ont été très réceptives aux commentaires des forums de discussions. On les a convaincues que les musulmans étaient opprimés par des mécréants, méritant d’être égorgés ou atrocement torturés.

Au fil du conditionnement, elles interprétaient les scènes de décapitation comme des victoires sur les impies. La radicalisation est devenue tellement forte qu’elles ont perdu toute sensibilité à l’égard de ceux qu’on leur désignait comme des kouffars (mécréants).  “Mécréants“ qu’elles ont déshumanisés.

On leur a fait croire que le droit positif pratiqué au Maroc était l’ennemi absolu de la Charia. Le pseudo-calife Abou Bakr El Baghdadi les a encouragées, à travers ses relais virtuels, à accomplir un jihad violent pour renverser le régime de leur pays qualifié d’Etat mécréant.

En dehors des contacts virtuels pour les endoctriner ou les préparer à passer à l’action violente, les commanditaires ont également envoyé de l’argent par mandat à leurs recrues.

Le BCIJ a retrouvé des reçus de mandats internationaux qui prouvent un support de financiers occultes dont celui d’un syrien prêt à financer l’endoctrinement des sympathisants marocains.

Groupe de discussion sur WhatsApp

Après les contacts préliminaires sur Facebook, deux mineures ont créé deux groupes de discussion sur WhatsApp pour recruter d’autres filles.

Ces groupes dénommés “Dawlawiyate hafidate Aïcha“ [Les petites filles étatiques d'Aïcha].

C’est à travers ces groupes de discussion, sous couvert de pseudos, qu’elles ont réussi à recruter d’autres candidates au jihad et étoffer leur groupe de départ.

Les échanges retrouvés sur les smartphones commençaient toujours par: “Que pensez-vous de l’EI ou de la place de l’Islam au Maroc?“, avant de passer à l’échange de vidéos faisant passer les musulmans pour des victimes de certains de leurs propres coreligionnaires.

L’entourage n’a rien vu venir

Ni l’école, ni la famille n’ont perçu la radicalisation des mineures car le seul élément qui aurait pu les alerter a été leur transformation vestimentaire.

Elles ont toutes été invitées à parler d’ablutions et de prières sur Facebook, avant de créer des forums de discussion sur WhatsApp où on leur a martelé qu’elles n’étaient pas correctement habillées et qu’elles vivaient dans un pays ne respectant pas les préceptes du vrai Islam.

Ce n’est qu’après avoir partagé leurs convictions idéologiques qu’elles ont décidé de se rencontrer physiquement au domicile de celles dont les frères combattent en Irak ou en Syrie. Une fois arrêtées par le BCIJ, elles se sont défendues, en soutenant qu’elles ne comprenaient pas que leur désir de rallier ces pays soit répréhensible par la loi.

Les préparatifs au passage à l’acte

Après avoir tâtonné, les membres de la cellule ont fini par entrer en contact avec certains responsables militaires aguerris de l’EI dont l’un s'est chargé d'envoyer une documentation complète sur les méthodes d’assemblage d’explosifs. La perquisition chez une des prévenues de Zagora a permis de découvrir un manuel et les matières nécessaires à la confection d’engin explosif rudimentaire.

La mineure interpelée était d’ailleurs prête à passer à l’action dans un bureau de vote de sa ville car elle comptait assembler sa ceinture explosive en une nuit grâce aux instructions simplifiées des donneurs d’ordre. Elle avait réussi à se procurer des matières premières pour confectionner des bombes artisanales.

Les survivantes voulaient revendiquer cet acte et les actes à venir dans des vidéos avec en arrière-plan l’étendard noir de Da'ech, puis disparaître clandestinement en Irak ou en Syrie.

Hormis le bureau de vote, d'autres cibles étaient prévues comme le festival Mawazine de Rabat, la cible touristique de Jamaa El Fna à Marrakech, et un hypermarché Marjane à Agadir, symbole de la société de consommation des impies. Elles visaient aussi un marché municipal à Ouled Taima dans le sud, le Parlement à Rabat  et les locaux du BCIJ à Salé.

Notre source poursuit que le choix des attaques était aléatoire voire même enfantin dans certains cas. Ainsi, une mineure a rapporté à son donneur d’ordre que deux élèves de son école étaient très hostiles à l’EI et n’arrêtaient pas de se répandre en critiques contre cette organisation. Après consultation, elle a donc reçu la bénédiction de son correspondant pour pouvoir décapiter ses camarades d’école.

Pour passer à l’action le jour J, les commanditaires leur ont recommandé de se fondre dans la masse et d’éviter d’afficher des signes ostentatoires de piété (niqab, gants, …).

Dans la documentation retrouvée chez elles, plusieurs chapitres étaient consacrés à la nécessaire discrétion en public qui peut s’assimiler à la stratégie salafiste de Taqiya (dissimulation).

Après la vague d’attentats prévue, les survivantes voulaient s’envoler vers la Turquie, en se faisant passer pour des touristes avant de louer à 50 euros un passeur pour rejoindre la Syrie frontalière.

Zone irako-syrienne: la terre promise

Leur "jihad" consistait à se retrouver dans une zone où elles seraient accueillies dans des camps pour couples mariés ou célibataires et où leurs (futurs) enfants seraient entraînés à combattre les impies.

Elles ont aussi été séduites par la perspective de bénéficier de logements gratuits et de dotations mensuelles pour subvenir à leurs besoins. De plus, leurs correspondants leur ont martelé que la vie y était paradisiaque et qu’elles pourraient vivre dans le seul Etat au monde à respecter la voie de Dieu.

 

Présentée comme paradisiaque et pure, la vie quotidienne à Raqqa, capitale de Baghdadi (de haut en bas): exécution publique d'un apostat, flagellation, lapidation d'une femme. 

Da’ech change de tactique au Maroc

L’EI a changé de tactique car s’il accueillait à bras ouvert les recrues étrangères, l’actualité a montré qu’il envoyait désormais ses émissaires pour s’installer au Maroc et recruter sur place des candidats au jihad.

C’est notamment le cas d'Ahmed Moussa, tchadien surnommé l’égorgeur, interpelé à Tanger alors qu’il s’apprêtait à former des Marocains pour commettre des actes terroristes dans le Royaume.

Face aux succès du BCIJ, les recruteurs ont pensé déjouer les soupçons des services, en recourant à l’utilisation d’une structure féminine qui passerait inaperçue et tromperait la vigilance de l’antiterrorisme.

Malgré l’état d’alerte maximale des services marocains, elles voulaient tenter leur chance car elles étaient inconnues des services de police.

Il est cependant peu probable qu’elles aient pu réussir à passer entre les mailles du filet sécuritaire qui contrôle de plus en plus les frontières, sachant que les services surveillent attentivement les départs et les retours des jihadistes marocains présents en Irak et en Syrie.

Vigilance interne et externe, arsenal législatif

Ceux qui rallient une cause terroriste sont, après enquête, déférés devant le parquet qui décide de leur sort. Le travail pour répertorier ces combattants à l’étranger échoit aux services du contre-espionnage extérieur (DGED) qui passe ensuite le relais à la DST et au BCIJ.

L’apport du Maroc pour faire avorter des projets terroristes à l’étranger est désormais reconnu partout car, selon notre source, cette guerre ne sera gagnée que si elle passe par un partage mondial de renseignements sensibles.

L’expérience du BCIJ montre cependant que le seul pays au monde à refuser de collaborer avec le Maroc reste l’Algérie. Malgré la menace régionale due à ses nombreux foyers terroristes, le voisin de l’Est refuse toujours obstinément de transmettre des informations au Royaume.

Même s'il n'a pas cessé de multiplier les démantèlements de cellules terroristes sur le territoire national, le BCIJ préfère ne pas faire preuve de triomphalisme car le risque zéro n’existe nulle part au monde.

Dans le passé, seules la DST et la BNPJ s’occupaient de terrorisme mais depuis sa création (2015), le BCIJ est devenu un service de renseignements qui cumule les volets renseignements et judiciaire.

Une fois bouclées, il transmet ses enquêtes à la Cour d’appel de Rabat, habilitée par le législateur à juger les affaires de terrorisme avec un parquet et un juge d’instruction, dédiés à ce type de dossier.

Pour rappel, le Parlement a adopté la loi antiterroriste n° 03-03 le 28 mai 2003, soit quelques semaines après les attentats du 16 mai 2003. Avant cela, il n’y avait pas de législation appropriée et les prévenus étaient jugés par le droit commun pour atteinte à la sûreté de l’Etat.

Pour faire face à ce vide juridique, le législateur a adopté cette loi qui a classifié les actes intentionnels commis en relation avec un projet terroriste visant à déstabiliser l’ordre public. Elle a été ensuite complétée en 2015 par la loi n° 86-14 qui incrimine le ralliement à des organisations ou Etats terroristes. L’objectif était de s’adapter aux menaces en provenance de Syrie et d’Irak et au flux croissant des Marocains qui s’y trouvent et veulent perpétrer des actes terroristes au Maroc.

Anticipation

Sur le plan sécuritaire, le Royaume a aussi adopté la carte biométrique, le passeport électronique, et le déploiement de la force de dissuasion Hadar pour surveiller les points sensibles du pays.

Même si les services de sécurité travaillent jour et nuit pour mettre hors d’état de nuire d’éventuels terroristes, notre interlocuteur tient à saluer la collaboration exemplaire des citoyens qui s’avèrent être de précieux auxiliaires pour déjouer les groupes terroristes.

“Tout le monde a compris d’où venait le danger et grâce à la mobilisation des Marocains, les terroristes se sentent cernés par nos services et par ses concitoyens. Chez nous, vous ne pouvez pas parler de terrorisme à une terrasse de café, sans vous faire repérer par vos voisins de table. Ce que certains appellent le tberguig (délation) n’est qu’un acte citoyen lorsqu’il s’agit de terrorisme car les gens veulent la stabilité et la paix. Il est arrivé que des parents signalent leurs propres enfants pour les protéger et protéger notre pays“, se félicite l’officier.

Au final, même si le BCIJ reste avant tout un service d’actions secrètes, il ne peut plus se passer de communiquer après chaque démantèlement de cellules terroristes.

La Constitution de 2011 a en effet consacré la communication comme un droit pour l’opinion qui doit avoir accès à l’information de tous les services de l’Etat. Le BCIJ ne dévoile à personne ses outils de travail mais quand il transmet des dossiers à la justice, il ne fait plus de rétention d’informations.

Concernant le profil des hommes de terrain ou des analystes qui ont bouclé l’enquête sur la cellule féminine, leur point commun est de poursuivre une formation continue pour rester efficients.

“Nos fonctionnaires ne sont pas obligatoirement islamologues au début de leur affectation au BCIJ, mais ils le deviennent forcément pour être performants dans la lutte antiterroriste“, conclut notre source.

Le BCIJ a démantelé, ce lundi 3 octobre, une cellule présumée terroriste composée de 10 jeunes filles et femmes, dont sept mineures. L'opération a eu lieu concomitamment à Kénitra, Tan Tan, Sidi Slimane, Salé, Tanger, Oulad Taima, Zagora et Sidi Taibi (les environs de Kénitra).

Voici quelques vidéos des arrestations (images: 2M):

A Tanger, arrestation d'une mineure

A Oulad Taima

Vous avez un projet immobilier en vue ? Yakeey & Médias24 vous aident à le concrétiser!

Si vous voulez que l'information se rapproche de vous

Suivez la chaîne Médias24 sur WhatsApp
© Médias24. Toute reproduction interdite, sous quelque forme que ce soit, sauf autorisation écrite de la Société des Nouveaux Médias. Ce contenu est protégé par la loi et notamment loi 88-13 relative à la presse et l’édition ainsi que les lois 66.19 et 2-00 relatives aux droits d’auteur et droits voisins.

A lire aussi


Communication financière

HPS: RÉSULTATS ANNUELS 2023

Médias24 est un journal économique marocain en ligne qui fournit des informations orientées business, marchés, data et analyses économiques. Retrouvez en direct et en temps réel, en photos et en vidéos, toute l’actualité économique, politique, sociale, et culturelle au Maroc avec Médias24

Notre journal s’engage à vous livrer une information précise, originale et sans parti-pris vis à vis des opérateurs.