Maroc. Comment la sécurité devient un capital et un atout diplomatique?

BILAN 2016. Dans un environnement complexe et hostile, le Maroc assure une sécurité maximale sur son territoire. Le monde et le concept de sécurité ne sont plus les mêmes pour nous depuis les attentats du 11 septembre à New York, ceux de Casablanca de mai 2003 et ceux de Madrid de mars 2004.

Maroc. Comment la sécurité devient un capital et un atout diplomatique?

Le 8 janvier 2017 à 13h33

Modifié 11 avril 2021 à 2h39

BILAN 2016. Dans un environnement complexe et hostile, le Maroc assure une sécurité maximale sur son territoire. Le monde et le concept de sécurité ne sont plus les mêmes pour nous depuis les attentats du 11 septembre à New York, ceux de Casablanca de mai 2003 et ceux de Madrid de mars 2004.

Les attentats de Paris et de Bruxelles en 2015, ceux ayant touché la Turquie tout au long de ces deux dernières années, ont accentué un sentiment de vulnérabilité dans notre zone géographique.

Malgré cela, la politique menée par le Maroc et les résultats obtenus depuis 15 ans lui permettent d’en faire l’un des éléments-clés de sa politique extérieure, de redéfinition de sa politique touristique et de sa politique d’attraction des investissements.

Lorsque Moulay Hafid Elalamy dit et répète que le Maroc dispose d’une fenêtre d’opportunité pour attirer les investissements, il fait allusion à sa sécurité et à sa stabilité.

Il y a eu l’attentat de l’Atlas Asni en août 1994 puis les cinq terribles explosions de la soirée du vendredi 16 mai 2003 à Casablanca. Ces actes terroristes marquent l’histoire du pays. Ils vont immédiatement entraîner une révision de la politique de Rabat sur le champ religieux et provoquer un rappel de la doctrine.

Sur le plan sécuritaire, les ceintures d’explosifs, les 41 morts et les plus de 100 blessés de ce macabre 16 mai 2003 au restaurant Positano,  près d’un centre communautaire juif ou à la Casa de España du centre casablancais vont provoquer réformes des services de sécurité et une accélération des investissements.

Tout ne sera pas parfait après mai 2003, mais l’essentiel est assuré. Un individu se fait certes exploser sur le boulevard Moulay Youssef dans le quartier Gauthier à Casablanca en 2007 mais sans faire de victime, ni atteindre l’enceinte du consulat général des Etats-Unis voisin.

En mai 2011, un sac à dos explosera au café Argana dont les terrasses surplombent la place Jamaâ El Fna de Marrakech, faisant 17 morts et 30 blessés. Cette fois-ci, alors que les manifestants du Printemps arabe sont dans la rue, les craintes reviennent mais la situation sera gérée avec calme.

Alors que le nombre d’attentats et de morts flambe dans la région MENA, au Sahel et dans le sud-est asiatique depuis 15 ans, le Maroc gère les soubresauts du Printemps 2011, menaces terroristes et défis sécuritaires.

Depuis 2002 selon le patron de l’antiterrorisme marocain Abdelhak Khiame (Bureau central d’investigations judiciaires, BCIJ), 341 tentatives d’attentats ont été déjouées au Maroc.  Une moyenne de 23 tentatives d’attentats par an, deux chaque mois.

Les nouvelles brigades d'intervention créées au sein de la DGSN en 2016.

La création du BCIJ fait partie des réformes dotant l'antiterrorisme et la lutte contre la grande criminalité, de davantage de moyens et d'efficacité.

Simulation d'assaut des brigades d'intervention lors d'une prise d'otages.

Opération complexe de saisie de drogues dures au large de Dakhla.

 

On ne prend aucun risque avec la vie des citoyens, ni avec la quiétude et la stabilité du pays

Si les services de sécurité ne peuvent rien à court terme contre des jeunes attirés par l’idéologie violente d’Al Qaida ou plus tard celle de Daech, les autorités mettent progressivement en place plusieurs niveaux de prévention et de répression tant sur le plan des discours que des décisions.

Dès le mois de mai 2003, puis en juillet, le Roi Mohammed VI rappellera les lignes de la doctrine religieuse officielle et présentera les lignes de la réforme de l’enseignement religieux et des formations. Les discours de mai et de juillet 2003 rejoignent en cela le récent discours royal du 20 août 2016.

Dès juillet 2003, le Roi annonce que nous entamons aujourd'hui la finalisation et la mise en œuvre d'une stratégie intégrée, globale et multidimensionnelle. Cette stratégie à l'élaboration de laquelle nous avons veillé et qui repose sur trois fondements, a pour but d'impulser et de renouveler le champ religieux en vue de prémunir le Maroc contre les velléités d'extrémisme et de terrorisme, et de préserver son identité qui porte le sceau de la pondération, la modération et la tolérance“.

Rabat met ainsi en place des protocoles de lutte contre la radicalisation dans les prisons notamment et précise le contenu des formations d’imams et manuels d’enseignement religieux. Au FBI marocain, le BCIJ, on parle ouvertement d’actions anticipatives participatives dont le sens est clair.

Au moindre soupçon de préparation, on arrête, on interroge et on transfère au parquet pour complément d’enquête. On ne prend aucun risque ni avec la vie de citoyens innocents, ni avec la sécurité et la stabilité d’un pays.

En août 2016 alors que la guerre en Syrie et contre Daech fait rage et que les menaces terroristes pèsent depuis plusieurs mois sur les pays européens et du pourtour méditerranéen, le Roi rappelle l’essence de l’islam marocain de rite malékite. Plusieurs centaines de jeunes Marocains combattent en Syrie et en Irak. Le Maroc, comme la Tunisie, la France ou la Belgique, craint leur retour et leurs plans terroristes.

Mohammed VI dénonce les recruteurs de la haine et appelle les acteurs politiques et religieux au Maroc à mesurer leurs actes et leurs propos pour sauvegarder la paix civile et ce capital de sécurité et de quiétude développé patiemment depuis la funeste soirée du 16 mai 2003. Le discours fait le tour de la planète.

Depuis 2013-2014, les efforts accomplis et les efforts obtenus vont constituer des bases de coopération avec les services de sécurité étrangers.

Celles-ci avaient été entamées de manière importantee au lendemain des attentats de Madrid du 11 mars 2004. Dix mois auparavant Casablanca avait été meurtrie. A Madrid en 2004, les tristement fameux attentats de la gare d’Atocha feront 191 morts et 1.900 blessés avec d’importantes complicités de … jeunes Marocains.

Coopérer devient une obligation bilatérale. Rabat et Madrid prennent conscience du danger et commencent à travailler ensemble. Depuis 2004, l’Espagne n’a subi aucun attentat tandis qu’arrestations et cellules démantelées s’additionnent.

Washington salue les efforts marocains, Boeing signe

La coopération avec la France, l’Allemagne, la Belgique ou les Etats-Unis reste balbutiante jusqu’à la proclamation de l’Etat islamique par Al Baghdadi en juin 2014. Les pays européens comme le Maroc, la totalité des pays arabes, les Etats-Unis ou l’Australie sont confrontés au recrutement de nombreux de leurs jeunes citoyens dans les rangs de l’organisation de Daech.

Fait aggravant: ces jeunes terroristes ont aussi pour mission de préparer des attentats dans leurs pays d’origine. En 2015, sur l’ensemble de la région Maghreb et Moyen-Orient (MENA), le Maroc et le Qatar sont les seuls pays à ne pas subir d’attentats revendiqués par Daech.  L'Egypte, Israël, la Turquie, l'Arabie saoudite n’y échappent pas.

Dans son rapport annuel 2015 sur le terrorisme dans le monde, le département d’Etat américain fait une analyse sombre mais éloquente du travail accompli et des résultats obtenus: “Le Maroc dispose d’une stratégie antiterroriste globale qui intègre des mesures sécuritaires de vigilance, une politique de coopération régionale et internationale et des politiques de contre-radicalisation“.

Le Maroc qui vient d’organiser et d’abriter la COP22 et ses délégations en provenance de 200 pays en tandem avec les Nations Unies, commence à récolter le fruit de ses efforts et de sa résilience. Le tourisme retrouve ses niveaux d’avant 2011.

Certes, certains flux européens stressés par l’ambiance anxiogène consécutive aux attentats en France, en Belgique ou en Turquie ont ralenti, mais désormais chaque semaine apporte son lot d’annonces de nouvelles liaisons aériennes entre les villes européennes et des destinations marocaines sont annoncées.

La passagère crise du tourisme européen a également amené les professionnels marocains à prospecter de nouveaux marchés: Russes, Chinois et Arabes sont plus en plus nombreux à visiter le Maroc en 2015 et en 2016 tandis que les flux européens se stabilisent pour le marché français et s’améliorent pour le marché allemand.

Tourisme, investissements

Cette atmosphère permet au pays de rester très attractif sur le plan des investissements extérieurs. Après Renault et Peugeot, Boeing signe à l’automne 2016 pour installer un véritable écosystème aéronautique entre Tanger et Nouasseur. Le holding chinois Haite s’apprête à faire de même dans les métiers du transport et des véhicules électriques.

Pour l’éducateur, homme des médias et membre du Conseil économique, social et environnemental (CESE) Thami Ghorfi, “c’est le contexte qui a changé. La nature des menaces a changé et donc la nature de l’information aussi. L’administration marocaine s’inscrit dans une nouvelle ère et communique donc.  Dans le contexte actuel, cette démarche porte ses fruits puisqu’elle contribue à faire du Maroc un partenaire efficace, transparent et fiable. Cela renforce l’image du Maroc sur la scène internationale“.

Ce renforcement de l’image du Maroc implique-t-il l’existence d’un véritable soft power à même de séduire et de conquérir? T. Ghorfi juge que “le Maroc ne cherche pas l’influence mais plutôt à maintenir la sécurité pour favoriser son développement“. Pour Ghorfi, rodé à la communication au Maroc et à l’international, “le soft power s’exerce lorsque la prise de parole se fait dans les médias internationaux et lorsque le pays propose ses services à ses alliés en Europe ou en Afrique, à la France, à l’Allemagne ou à la Côte d’Ivoire par exemple“.

Ci-dessous, l'arrestation du chef d'une cellule terroriste à El Jadida, début 2016.

 

فيديو تفكيك الخلية الإرهابية بالجديدة يوم 18 فبراير

فيديو تفكيك الخلية الإرهابية بالجديدة يوم 18 فبراير

Posté par 2M.ma sur vendredi 19 février 2016

 

 

 

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