Affaire Samir: Circonspection après l'offre à 31 milliards de DH

Le tribunal de commerce, ainsi que le syndic et le juge commissaire se trouvent devant un dilemme: l’arrivée d’une “offre“ à 31 milliards de DH, sensiblement supérieure aux évaluations, pose le problème de la mise à prix.

Affaire Samir: Circonspection après l'offre à 31 milliards de DH

Le 29 décembre 2016 à 11h40

Modifié 29 décembre 2016 à 11h40

Le tribunal de commerce, ainsi que le syndic et le juge commissaire se trouvent devant un dilemme: l’arrivée d’une “offre“ à 31 milliards de DH, sensiblement supérieure aux évaluations, pose le problème de la mise à prix.

Le tribunal de commerce de Casablanca s’acheminait vers une ordonnance fixant le prix plancher de cession de la Samir, ouvrant ainsi la voie à l’appel à manifestation d’intérêt et à la dernière ligne droite de la liquidation.

La décision était attendue pour le lundi puis mardi et enfin mercredi 28 décembre.

Ce mercredi, coup de théâtre: le syndic Mohamed El Krimi arrive et entre dans le bureau du juge, comme le constate Médias24. Le juge commissaire est littéralement “saisi“ par le montant proposé par une partie étrangère: 3,1 milliards de dollars, environ 31 milliards de DH. Sa joie est compréhensible: un tel montant règlerait une majorité de problèmes.

Or, l’évaluation des experts marocains se situe selon nos sources, dans une fourchette entre 18 et 22 milliards de DH pour l’ensemble des actifs de la Samir.

Ce coup de théâtre bouleverse tous les plans et c’est normal.

>Qui est l’offreur?

A ce stade, il est inconnu. Il est représenté par un avocat italien, Studio Mazzanti and Partners. Médias24 a pu localiser ce cabinet spécialisé dans les faillites et difficultés d’entreprises et échanger avec son principal dirigeant au téléphone. La localisation a été difficile: les avocats Mazzanti semblent particulièrement nombreux en Italie.

Le syndic a reçu depuis des mois plusieurs repreneurs intéressés, tous étrangers. Il leur a fourni des éléments et obtenu des lettres manifestant leur intérêt. Ces manifestations d'intérêt comprennent parfois des propositions chiffrées. 

Dans le cas Mazzanti, cabinet qui représente un acheteur pour le moment anonyme, il s’agit aussi d’une lettre d'intention pour le rachat de la raffinerie. L’intérêt est double: d'une part, le montant proposé est élevé et d’autre part, l’acheteur propose de reprendre la totalité. Un bonheur!

>Le dilemme de la mise à prix

Le tribunal suspend alors sa décision relative à l’évaluation et à la mise à prix. C’est normal. Il veut prendre le temps d’examiner cette nouvelle donne.

En effet:

-commet traiter l’évaluation réalisée par les experts marocains alors qu’elle est plus basse?

-Faut-il lancer l’appel à manifestation d’intérêt avec un prix plancher de 18 ou 22 milliards de DH alors que l’on dispose d’une piste à 31 milliards de DH?

-si on le fait, cet acheteur providentiel ne risque-t-il pas de baisser sa propre offre en dessous de 31 MMDH?

-idem si on prend une valeur médiane telle que 25 milliards de DH.

-si on s’aligne sur les 31 milliards de DH, ne risque-t-on pas de faire fuir de vrais acheteurs potentiels? Médias24 est en mesure de révéler que l’un des candidats au rachat a été effrayé par le montant de 31 milliards de DH et compte plier bagages.

>L’offre de 31 MMDH est-elle crédible?

A ce stade, impossible de le savoir.

Mais il existe des indices qui incitent à la circonspection, sentiment largement partagé sur le marché, aussi bien dans les milieux judiciaires que professionnels:

-le cabinet d’avocats n’est pas connu comme cabinet international.

-il est basé dans une petite ville, Bologne.

-son offre est une simple manifestation d’intérêt.

-rien dans son contenu ne permet de donner un fort crédit à cette offre.

Par contre, il n'existe aucun indice allant dans le sens de la crédibilité.

En d'autres termes, crédible ou pas crédible, on n'en sait rien.

Le risque de trop y croire, c'est de peser d'une manière négative sur l'avenir du processus de liquidation.

>Le tribunal a eu raison de prendre quelques jours de réflexion.

L’offre à 31 milliards de DH est inespérée à ce stade et réglerait une grande partie des problèmes des créanciers. Le tribunal a donc le devoir de l’examiner de près.

Mais ce serait une grave erreur de se baser sur cette offre pour relever le prix plancher, autrement dit la mise à prix de la Samir. Le tribunal ne doit le faire qu’après s’être assuré de la crédibilité et du sérieux de l’offre reçue par le biais de l’avocat italien.

Donc il faut soit attendre et effectuer des investigations et des allers et retours avec ce cabinet et ce n’est que par la suite que la décision pourra être prise, soit décider de lancer le processus public avec appel à manifestation d’intérêt et fixer un prix plancher conforme ou cohérent avec les évaluations marocaines.

Autrement, si l’offre italienne s’avère peu sérieuse, on se retrouverait avec des prix plancher trop élevés et un processus de liquidation qui n’aboutirait pas.

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