Cuba: Fidel Castro est mort, une page de l'Histoire se tourne

Fidel Castro, le père de la Révolution cubaine, qui a tenu son île d'une main de fer et défié la superpuissance américaine pendant plus d'un demi-siècle avant de céder le pouvoir à son frère Raul, est mort à l'âge de 90 ans.

Cuba: Fidel Castro est mort, une page de l'Histoire se tourne

Le 26 novembre 2016 à 8h04

Modifié le 11 avril 2021 à 2h39

Fidel Castro, le père de la Révolution cubaine, qui a tenu son île d'une main de fer et défié la superpuissance américaine pendant plus d'un demi-siècle avant de céder le pouvoir à son frère Raul, est mort à l'âge de 90 ans.

"Le commandant en chef de la Révolution cubaine est décédé à 22h29 ce soir (vendredi)" (03h29 GMT samedi), a annoncé Raul Castro en lisant une déclaration sur l’antenne de la télévision nationale.

Le président cubain n’a pas révélé les causes du décès, mais a précisé que Fidel Castro serait incinéré.

"Conformément à la volonté exprimée par le camarade Fidel, sa dépouille sera incinérée dans les premières heures" de la journée de samedi, a-t-il déclaré.

"L’organisation de l’hommage funèbre qui lui sera rendu sera précisée" ultérieurement, a-t-il ajouté dans cette brève allocution conclue par un tonitruant : "Jusqu’à la victoire, toujours!" ("Hasta la victoria, siempre"), l’antienne bien connue du Comandante.

Le "Lider Maximo" avait cédé le pouvoir à son frère Raul à partir de 2006 après une hémorragie intestinale.

Il avait abandonné en avril 2011 ses dernières responsabilités officielles, en cédant son poste de premier secrétaire du Parti communiste de Cuba (PCC) à Raul, numéro deux du parti depuis sa fondation en 1965.

L’ex-président cubain avait totalement disparu des écrans cubains entre février 2014 et avril 2015, ce qui avait alimenté de nombreuses rumeurs sur son état de santé.

Mais depuis un an et demi, même si ses déplacements restaient limités, il avait recommencé à publier des "réflexions" et s’était remis à recevoir chez lui personnalités et dignitaires étrangers.

Fidel Castro avait surpris en ne recevant pas à la mi-novembre le Premier ministre canadien Justin Trudeau, malgré la forte amitié qui liait l’ex-président cubain à son père Pierre-Elliott Trudeau. Pourtant, la veille, il s’était entretenu avec le président vietnamien Tran Dai Quang.

 Stupeur à La Havane 

La nouvelle de sa mort s’est progressivement répandue dans la nuit dans les rues clairsemées de La Havane, de nombreux habitants se disant mortifiés de voir disparaître le "Comandante".

"Ca nous a tous pris par surprise, on espérait vraiment qu’il vive un peu plus longtemps. Il avait l’air en forme lors de ses dernières apparitions", a réagi Michel Gonzalez, un vendeur de cigares de 30 ans.

"Cette nouvelle nous fait de la peine, comme des milliers de Cubains, je suis contrit, triste, c’est tellement soudain!", abondait, interdit, le barman Miguel Gonzalez, 24 ans, rencontré dans le Vedado, un quartier proche du centre qui ne connaissait son animation habituelle en cette nuit très particulière.

"On savait que cela pourrait arriver, mais on n’était vraiment pas préparé. Il restera pour toujours comme le leader historique de cette Révolution", confiait de son côté Yaimara Gomez, employée de 27 ans dans un hôtel du centre-ville.

Ce décès, qui survient à peine deux ans après l’annonce historique du rapprochement entre Cuba et les États-Unis, vient définitivement tourner la page de la Guerre froide, qui a mené le monde au bord du conflit nucléaire lors de la crise des missiles d’octobre 1962.

 Raul Castro seul aux commandes 

Avec la mort de Fidel, Raul Castro se retrouve pour la première fois seul aux commandes, lui qui avait assuré au moment de sa nomination qu’il consulterait le "Commandant en chef" pour toutes les décisions importantes.

Raul, âgé de 85 ans, a engagé depuis 10 ans un lent processus de "défidélisation" du régime, défini en avril 2011 par l’adoption lors d’un congrès historique du PCC d’un ensemble de mesures économiques destinées à sauver Cuba de la faillite. Il a également orchestré dans l’ombre un rapprochement historique annoncé mi-décembre avec les États-Unis, révélant un pragmatisme qui tranche avec l’anti-américanisme viscéral de son aîné.

Célèbre pour ses coups d’éclat et ses discours interminables, mais aussi pour son uniforme vert olive, ses cigares et sa barbe légendaire, Fidel Castro était un symbole de la lutte contre l’"impérialisme américain", tout en affichant lui-même un piètre bilan en matière de droits civiques et de libertés.

Les médias américains dressaient samedi un portrait sans concession de Fidel Castro, "leader répressif" pour certains, "tourment" d’une dizaine de présidents des États-Unis pour d’autres.

Fils d’un grand propriétaire terrien d’origine espagnole, Fidel Castro avait surpris jusqu’à ses propres partisans en se tournant vers Moscou peu après la conquête du pouvoir par les "barbudos" en janvier 1959.

Il a défié 11 présidents américains et survécu à maints complots pour l’assassiner (638 selon le Livre Guinness des records) ainsi qu’à une tentative ratée de débarquement d’exilés cubains soutenus par la CIA dans la baie des Cochons (sud de l’île) en avril 1961.

John F. Kennedy devait décréter peu après un embargo commercial et financier. Toujours en vigueur, celui-ci pèse lourdement sur l’économie du pays malgré une série d’assouplissements consentis par l’administration de Barack Obama dans le cadre du dégel.

En octobre 1962, c’est la crise des missiles, provoquée par l’installation de fusées nucléaires soviétiques à Cuba, qui engendre une surenchère et met le monde sous la menace atomique. Washington décide un blocus naval de l’île, et Moscou finit par retirer ses fusées contre la promesse américaine de ne pas envahir l’île.

Compagnon d’armes du guérillero argentin Ernesto "Che" Guevara, le leader cubain s’est voulu le champion de l’exportation de la révolution marxiste en Amérique latine, mais aussi en Afrique, notamment en Angola où les troupes cubaines ont été engagées pendant 15 ans.

Cette révolution suscite alors une certaine fascination et le régime se targue alors d’avoir éradiqué l’analphabétisme et mis en place un système de santé efficace et accessible aux 11,1 millions d’habitants de l’île. Une performance rare pour un pays pauvre d’Amérique latine.

Mais la chute de l’URSS en 1991, principal bailleur de fonds de l’île, devait porter un coup terrible à l’économie cubaine: la population est confrontée à des pénuries énormes et beaucoup prédisent la fin du régime.

Maître de la survie politique, le "Lider Maximo" trouve une nouvelle manne avec le tourisme et surtout de nouveaux alliés avec la Chine et le Venezuela du président Hugo Chavez, présenté par Fidel Castro comme son "fils spirituel".

Le "Lider maximo" a toujours maintenu secrète sa vie privée. Sa compagne Dalia Soto del Valle, qui partageait sa vie depuis les années 1960 et lui a donné cinq fils, devrait assister aux obsèques de celui qui a eu au moins trois autres enfants – dont une fille vivant à Miami – avec trois autres femmes.

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